Les surprenants enseignements économiques du mercato depuis 2010

Le Centre International d’Economie du Sport s’est intéressé à l’évolution des "investissements en indemnités de transfert" depuis 2010 au sein des clubs du Big Five (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, France) et publie ce jeudi une étude très intéressante.
Avec 1,5 milliard d’euros il y a dix ans, dont 1,3 milliard pour le seul mercato estival, le montant total de l’investissement sportif a crû de 340%, à 5,7 milliards, soit plus que la croissance totale des budgets de l’ensemble des équipes, estimée à 117% sur la période.
La Bundesliga a fait chauffer la CB, +391% en L1
De façon assez étonnante, c’est la Bundesliga qui a le plus participé à cette inflation. Entre 2010 et 2019, les investissements provenant de ses clubs ont augmenté de 394%, passant de 178 millions d’euros, mercato estival et hivernal compris, à 880 millions d’euros en 2019.
Ensuite, ce sont les dépenses espagnoles qui ont le plus augmenté, de 392%, 305 millions d’euros en 2010 à 1,5 milliard en 2019. La Ligue 1 française arrive juste derrière, avec une hausse de ses dépenses de 391%, passant de 169 millions en 2010 à 830 millions en 2019. Précisons néanmoins qu’il ne s’agit pas de son record, puisque les clubs français avaient atteint 1,11 milliard d’euros en 2017 (l’année de l’arrivée de Neymar au Paris Saint-Germain). Enfin, l’Angleterre voit ses investissements en transfert croître de 301%, de 475 millions d’euros à 1,9 milliard, puis l’Italie, de 260%, 416 millions à 1,5 milliard d’euros.
Le PSG absent du top 3
Sur toute la période 2010-2019, c’est Manchester City qui a le plus utilisé son chéquier. L’équipe de Pep Guardiola a dépensé 1,638 milliard d’euros en dix ans, soit 182 millions par an en moyenne. Vient ensuite le FC Barcelone, avec 1,525 milliard. Puis Chelsea, 1,4 milliard. Le PSG arrive juste derrière, au pied du podium, avec 1,39 milliard d’investissements en indemnités de transfert.
Au total, avec en plus la Juventus, Manchester United, le Real Madrid, l’Atlético et Liverpool, huit clubs ont investi plus d’un milliard d’euros en dix ans. De plus, tous les finalistes de la Ligue des Champions depuis 2005 font partie des vingt équipes ayant le plus dépensé lors de la dernière décennie. A noter qu’un deuxième club français apparaît dans le classement, Monaco, douzième avec 862 millions d’euros de dépenses.
Un milliard de ventes pour Monaco
Quant aux clubs ayant le plus bénéficié des transferts, vendus le plus et le mieux, on retrouve en tête de liste l’AS Monaco, qui a réussi, sur dix saisons, à vendre pour un total d’un milliard d’euros. Soit 161 millions d’euros de plus que Chelsea, deuxième au classement, avec un encaissement de 868 millions d’euros. La Juventus clôture le podium avec 787 millions d’euros de ventes.
A noter néanmoins que même si les ventes ont elles aussi considérablement augmentées sur la période, les bilans comptables nets des clubs du Big Five restent, pour la plupart, déficitaires. Sur dix ans, les clubs des cinq grands championnats présentent un déficit cumulé de 8,9 milliards d’euros. À eux seuls, les clubs de Premier League ont un bilan négatif de 6,5 milliards d’euros.
Les comptes de la Ligue 1 dans le vert
En France, malgré les investissements colossaux du PSG avec un déficit cumulé de 901 millions d’euros entre 2010 et 2019, la Ligue 1 est le seul championnat avec un solde positif de 359 millions d’euros. Cette saison, le mercato a permis aux clubs de L1 de dégager un excédent de 152 millions d’euros, alors que l’Angleterre s’endettait à 762 millions d’euros, l’Italie à 430 millions, l’Espagne à 367 et l’Allemagne à 157 millions d’euros. Et si la France constituait le dernier territoire stable du football?