"L'envie de devenir conquérant": les grandes ambitions des Bleus avant leur entrée dans le Mondial de hand

Il n'y a qu'à voir le visage de Thibaud Briet à l'entrée de l'hôtel de Poreč pour comprendre que les Bleus démarrent ce Mondial 2025 loin de la pression des derniers Jeux olympiques (élimination en quart de finale). Doté d'un large sourire, l'arrière gauche se pose sur l'un des canapés gris du hall pour débriefer les premières heures passées dans cet hôtel que certains avaient déjà côtoyé lors du tour préliminaire de l'Euro 2018. "L'ambiance est cool, le groupe vit bien, on fait des petits jeux de temps en temps", annonce décontracté l'un des quatre nantais du groupe (cinq si l'on compte Romain Lagarde qui rejoindra le H l'an prochain).
Au programme: des parties de pocha, jeu de cartes espagnol auquel étaient habitués les néo-retraités de la sélection, puis la programmation de futures parties de perudo, jeu de dés et de bluff d'origine péruvienne. Le climat, malgré le froid sec qui s'installe la nuit tombée, est lui aussi au rendez-vous. "Savoir qu'on est à la mer et qu'il fait beau, ça fait plaisir", savoure Briet. "Ça fait bien trois mois que je n'ai pas vu le soleil."
Des ambitions en or
Mais au milieu de ces moments de détente primordiaux, le travail de fond se poursuit pour "rester au contact des meilleurs, dans le gotha des plus grandes nations" dixit le sélectionneur Guillaume Gille, qui tient à rappeler que son groupe n'est "pas là pour visiter." Lundi après-midi, les Bleus n'ont pas pu s'entraîner au Športska dvorana Žatika, théâtre de leurs prochaines rencontres du tour préliminaire. La faute à un "souci de créneaux" car en plus de partager le même hôtel, la Team France doit aussi faire avec le Qatar, le Koweït et l'Autriche, ses trois premiers adversaires, pour l'organisation de ses entraînements dans la salle de match. C'est donc dans le gymnase souterrain de l'hôtel que les sextuples champions du monde ont révisé leurs gammes afin d'atteindre leur objectif.
Si le sélectionneur pèse ses mots lorsqu'il s'agit d'évoquer les ambitions de l'équipe de France, Ludovic Fabregas, impatient à l'idée de disputer sa première grande compétition comme capitaine, se montre tranchant. "L'objectif est clair: c'est d'être champion du monde. Je ne vois pas d'autre objectif possible pour ce groupe-là." Et ne lui parlez plus des Jeux de Paris. "On a fait le deuil", affirme le Catalan. "On s'est promis d'avancer, de regarder devant. Le groupe est concerné, ambitieux, avec l'envie de devenir conquérant comme l'a été l'équipe de France par le passé."
Une première adversité physique
Cela passera par un premier match face au Qatar, ce mardi (18h). Un adversaire que la France a rencontré deux fois pour autant de victoires: aux Jeux olympiques de Rio en 2016 (35-20) mais surtout en finale du mondial qatari, à Lusail, l'année précédente (25-22). De cette époque, certains joueurs qataris seront encore là en fin d'après-midi, ce mardi. Mais le vainqueur des six derniers championnats d'Asie a, depuis le départ de son illustre sélectionneur Valero Rivera, adopté quelques changements.
"C'est une équipe qui présente des caractéristiques physiques importantes", analyse Gille.
"Il y a de la mobilité, de l'agressivité, de la taille, de la vitesse. La problématique, c'est qu'on les connaît peu ou pas hormis les noms présents il y a dix ans. Sous la houlette de leur nouvel entraîneur, c'est un jeu qui s'est mondialisé, européanisé. Il faudra répondre au rapport de force." Et à quatre jours de ses 64 ans, Veselin Vujovic, le sélectionneur du Qatar, compte bien donner du fil à retordre à cette équipe de France. Champion du monde et champion olympique dans les années 1980 comme joueur avec la Yougoslavie, l'ex-arrière gauche a également guidé la Slovénie vers son premier podium international lors du Mondial 2017 en France.
Face aux Bleus, le Qatar arrivera prêt, fort de ses six semaines de préparation. "On sait que les premiers matchs de grande compétition sont toujours compliqués", se méfie Ludovic Fabregas. "Ils possèdent des joueurs de très grande qualité surtout sur leur base arrière emmenée par un Frankis Marzo (meilleur buteur du mondial 2021) très puissant et percutant. À nous de le canaliser." Tout en prenant le dessus sur le pivot vétéran (37 ans) Youssef Ben-Ali, que le capitaine des Bleus a croisé à Barcelone et qui connaît bien son adversaire du jour pour avoir évolué sous les couleurs d'Ivry, Chartres et Pays d'Aix avant de rejoindre le pays où il a été élu meilleur pivot du championnat avec Al-Rayyan la saison dernière. Ces profils, Guillaume Gille les a étudiés. "Ça fait plusieurs heures, jours, semaines, qu'on dissèque les matchs de cette équipe. J'ai envie de passer à l'action."