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Euro handball féminin - Zaadi-Deuna: "J’ai pensé à faire une pause mais…"

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La demi-centre de l’équipe de France (29 ans) est la pièce-maîtresse des Bleues en attaque avant d’affronter l’Allemagne ce mardi (20h30) pour se qualifier en demi-finale de la compétition. Une constance qui impressionne surtout que Grâce Zaadi-Deuna a vécu une dernière saison totalement chamboulée par la guerre en Ukraine.  

En huit mois, Grâce Zaadi-Deuna aura joué pour trois clubs, traversé l’Europe pour quitter Rostov son ancien club russe, retrouver Metz, "la maison", avant de poser enfin ses valises à Bucarest. Un parcours éprouvant pour quitter la Russie, entrée en guerre en Ukraine. "Des choses dépassent le hand, détaille la demi-centre des Bleues. Rostov m’a demandé de revenir mais je ne voulais pas. Le hand c’est bien mais mon épanouissement, c’est ce qui prime. Le financier je m’en foutais, même finir la saison sans être payée ne me posait de problème." En Russie, Zaadi-Deuna s’est vite imposée comme une joueuse cadre de l’équipe et a prolongé son contrat de 2 ans avant que le conflit n’éclate. Elle fait le choix de ne pas y retourner et rebondit à Metz pour la fin de saison.

 

"J’ai eu un énorme relâchement et un grosse fatigue"

"Quand tout a été scellé avec Metz, j’ai eu un énorme relâchement et une grosse fatigue est apparue, poursuit-elle. Mon cerveau était en surcharge. J’ai fait une overdose de téléphone. Dès que je me réveillais, je prenais le téléphone pour voir mes mails, les infos histoire de savoir si j’allais pouvoir retourner à Rostov, regarder mon compte en banque qui était en Russie que je devais transférer." Mentalement, la situation est pénible mais sur le terrain les performances de Zaadi-Deuna ne sont pas trop impactées par ce bouleversement. "Avant de m’engager avec Metz, je me suis demandée si je n’allais pas faire une pause pour voyager, profiter de ma famille, confie la patronne de l’attaque des Bleues. Mais quatre mois sans handball, ça pouvait être très dangereux pour moi. J’aime bien profiter de la vie donc je serais allée à droite, à gauche, manger, boire des coups, prendre l’apéro… La raison m’a rattrapée. Quatre mois sans handball en tant qu’athlète pro, c’est beaucoup." 

De la stabilité à Bucarest  

En France, Zaadi-Deuna a pu récupérer aux côtés de ses proches. Sur le terrain, elle est venue renforcer l’effectif messin sans devoir endosser le rôle de la sauveuse. Elle a pris du temps pour digérer son départ de Russie. Sportivement, elle joue le Final 4 (3e) et remporte le titre de championne de France. Cet été ? Elle a trouvé un nouveau point de chute en rejoignant la colonie française du CSM Bucarest en Roumanie (Glauser, Niakhaté, Dembélé-Pavlovic). Un contrat de deux ans et une stabilité dont elle avait besoin. "Cette période me montre que j’ai grandi, termine la demi-centre de l’équipe de France. Je me plaisais beaucoup à Rostov, j’avais prolongé parce que je me sentais bien mais je n’y pense plus du tout." Avec un temps de jeu régulé par le staff technique, Zaadi-Deuna reste l’incontestée leader d’attaque de la France lors de ce début d'Euro que les Bleues survolent. Comme si rien ne l’avait vraiment affecté… 

Propos recueillis par Nicolas Paolorsi