Hand: de la Russie au Final 4 de la Ligue des champions avec Metz, la drôle de saison de Grâce Zaadi

S’attendait-elle à disputer le Final 4 de la Ligue des Champions ? Peut-être. Pensait-elle le faire avec le maillot jaune et bleu de Metz ? Sûrement pas ! Il y a un peu plus de trois mois, Grâce Zaadi était très loin d’imaginer qu’elle finirait la saison en Lorraine. L’internationale française était épanouie en Russie, à Rostov, qu’elle avait rejoint en 2020. "Cette année, ma première partie de saison s’est extrêmement bien passée. J’ai même fait le choix de prolonger mon contrat car je me plaisais là-bas, je m’y sentais bien", appuie la demi-centre.
Mais tout bascule le 24 février: la Russie lance son "opération militaire" en Ukraine. "Quand la première attaque a eu lieu, j’étais en France pour un rassemblement avec l’équipe de France, raconte Zaadi. Donc j’étais rentrée avec des chaussures de sport, chaussettes, brassières, maillots, etc. Au départ je me dis que ça ne va pas durer, que je vais rester deux semaines en France et que ça s’arrangera." Mais les choses empirent. "Ça a été quelque chose de particulier. Te retrouver du jour au lendemain sans pouvoir jouer au mois de mars, sans savoir ce que tu feras de ta fin de saison..."
Prêtée à son club formateur
Les sanctions tombent, les clubs russes sont exclus de la Ligue des Champions. Grâce Zaadi décide alors de ne pas y retourner, pour des raisons sportives mais aussi personnelles : "ma première motivation a été: ‘je ne peux pas faire ça à mes proches’. Rentrer en Russie, que ma mère se réveille le matin et se demande comment sa fille va. J’ai demandé à résilier le contrat mais le club ne voulait pas. Ils avaient encore espoir qu’on puisse jouer la Ligue des Champions."
Une solution est finalement trouvée : Grâce Zaadi est prêtée à Metz, son club formateur, qu’elle avait quitté en 2020. Pour le plus grand bonheur de son coach, Emmanuel Mayonnade : "c’est un retour à la maison, d’autant qu’elle est partie en plein Covid sourit-il. Ça a été agréable pour les protagonistes ici de la voir impliquée dans le projet très vite." L’intégration est rapide. "Elle a quand même acquis une expérience encore plus conséquente à l’étranger, en étant obligée de se remettre en question, continue Mayonnade. Elle apporte de la rigueur au quotidien, une perpétuelle remise en question, cette maitrise des moments importants du match."
Un titre de championne de France en poche
"Expérience", "exigence", sont également les mots utilisés par sa coéquipière Tamara Horacek, qui l’avait déjà connue à Metz. Pourtant, si la star des Bleues a fini par reprendre ses habitudes, elle a dû se réadapter. "Ça a été très perturbant car au final rien n’a changé dans le fonctionnement du club, la ville, les routes, les habitudes sont vites revenues, détaille Zaadi. Mais j’avais des repères différents car je n’avais pas les mêmes joueuses, explique-t-elle en prenant l’exemple de Laura Glauser, partie depuis à Györ. Avoir des filles beaucoup plus jeunes, ne pas avoir la même place dans le vestiaire, c’est perturbant. Au départ j’ai un peu eu l’impression d’être en week-end à Metz. J’ai mis du temps à assimiler tout ça et j’ai commencé à prendre conscience de tout ce qui m’arrivait. Je me suis rendu compte que j’étais fatiguée mentalement."
Une fois tous les soucis logistiques réglés, les affaires, "les sacs et les chaussures" rapatriés avec l’aide d’anciennes coéquipières en Russie et d’un ami, Zaadi est vite devenue essentielle. La saison prochaine, elle ne sera plus là. La joueuse de 28 ans a rompu il y a deux semaines son contrat avec Rostov et ne poursuivra pas à Metz. Elle partira avec au moins un titre en plus: celui de championne de France, acquis le week-end dernier. Mais elle rêve de faire surtout partie de la première équipe française à remporter la Ligue des champions féminines.