Euro handball féminin: Coatanéa a surmonté son spleen post-olympique pour retrouver son meilleur niveau avec les Bleues

"On se prend ça de plein fouet, sans savoir réagir, quoi faire." La redescente a été brutale, la fatigue extrême. L’après-titre olympique à Tokyo et ses cadences infernales ont eu raison de Pauline Coatanéa. Une saison olympique interminable, une médaille d’or à digérer, la première de l’histoire de l’équipe de France féminine, et une seule petite semaine de vacances avant de reprendre la préparation en club. Ajoutez à cela une crise d’appendicite, c’en était trop pour l’ailière droite des Bleues qui, comme beaucoup de joueuses, a subi le contrecoup des Jeux.
Sauf que Pauline Coatanea a fini par perdre sa place en sélection, vécu des périodes très difficiles en club et surtout manqué les championnats du monde en décembre dernier en Espagne. "Tant que tu n’as pas une blessure physique qui te dit 'stop', t’es obligée de continuer, confie la Brestoise. C’est compliqué parce que je sentais que je n’étais pas bien. Je n’avais pas la possibilité de me prendre des semaines 'off' pour couper. Il fallait accepter la situation."
Une "dépression" post JO qu’il a fallu affronter. "C’est dur d’en parler parce que c’est tabou, poursuit-elle. J’ai senti qu’il y avait un déséquilibre complet, que le handball avait pris toute mon énergie. Mes émotions étaient décuplées. Quand je jouais bien, j’étais super contente, le lendemain ça se passait mal et c’était la catastrophe."
"Je n’arrivais plus à me dire qu’il y avait autre chose à côté du hand"
"Cet ascenseur émotionnel a été compliqué à gérer. Je n’arrivais plus à prendre de recul, à me dire que le hand était mon métier et qu’il y avait d’autres choses à côté. J’ai perdu mon équilibre entre vie pro et perso. J’en ai beaucoup discuté autour de moi, j’ai dû libérer mes émotions." Coatanéa s’est réfugiée autour de ses proches, épaulée par son club de Brest et son sélectionneur Olivier Krumbholz.
"On l’a géré ensemble, analyse-t-il. La période a été très difficile pour les internationales françaises, ça s’est vu chez certaines, moins chez d’autres mais la souffrance était là. Peu de vacances, une compétition aboutie mais très contraignante dans le travail. Il a fallu du temps et elle s’est donnée du temps pour revenir. Pauline fait un top match contre la Roumanie. C’est une fille importante dans le groupe, très stable." Comme beaucoup de sportifs touchés par ces coups de mou, Pauline Coatanéa a pu compter sur de nombreux soutiens.
"Quand on vit ce genre d’échec, on savoure encore plus"
"Il y a eu beaucoup de bienveillance, ce qui m’a permis d’avancer, souffle-t-elle. Quand je n’ai pas été sélectionnée pour le mondial, mon club m’a dit de prendre du temps, de récupérer. C’est top de pouvoir partager des expériences, que certains très grands sportifs disent qu’il y a des moments de doute, de faiblesse, que ça fait partie d’une carrière, qu’il faut se faire aider. On se sent moins seule." Coatanéa a débuté l’Euro en tribunes contre la Macédoine.
Olivier Krumbholz a fait le choix de la réintégrer pour affronter la Roumanie. Un coaching payant (4/5 au tir) et une entente parfaite avec Alicia Toublanc, son binôme à l’aile droite en sélection et à Brest. "Ça a été difficile pour elle, souffle Toublanc. On en a parlé, j’ai essayé d’être là pour elle. On ne peut pas être au top tout le temps, il faut réussir à l’accepter, à ne pas tomber trop bas."
Coatanéa a profité de son été pour se régénérer et retrouver le niveau qui était le sien avant les JO et compte bien croquer à pleines dents dans cet Euro avec les Bleues. "Je mesure ma chance d’être ici, termine la joueuse qui possède une licence en chimie. Quand on vit ce genre d’échec personnel, on savoure encore plus mais ce n’est pas une revanche. Dans une carrière, il y a des hauts, des bas, l’important c’est de réussir à se relever. C’est ce que je ressens en ce moment."