Hand: la victoire des Bleues sous le signe de l’émotion face à l’Ukraine

« C’est notre métier de jouer. La peur te paralyse. Il y a quelques semaines c’était vraiment dur de rester concentrée mais maintenant on a pris l’habitude. Je ne peux pas dire que quand tu entres sur le terrain tu penses à ta famille, ce qui se passe en dehors du terrain oui ça te donne vraiment des hauts et des bas émotionnels à chaque heure ». Iryna Glibko la capitaine ukrainienne ne cille pas lorsque l’on évoque la guerre et les inquiétudes nourries pour des proches, des amis, restés au pays. La tireuse ukrainienne et ses coéquipières sont en vadrouille avec leur sélectionneur depuis leur fuite du pays.
Des matches de qualification comme une respiration. Une sélection ballottée entre la République tchèque, l’Autriche et maintenant la France, et qui joue, sérieusement. Pour les Françaises, cette rencontre n’était pas que le rattrapage après leur défaite face aux Tchèques plus tôt dans la semaine (31-30) : « On est très fières et contentes d’avoir pu jouer ce match-là appuie Grâce Zaadi. Ça permet aux Ukrainiennes de continuer leur qualification. Avec la situation actuelle c’est beau et ultra symbolique. Ce soir on a prôné la paix, l’amour, tout ce que le sport peut monter de beau, notre victoire c’est l’aspect sportif mais pour beaucoup d’autres personnes il y a beaucoup plus. »
Dans les tribunes, quelques cheveux plus blonds que les autres ne trompent pas. Quelques supporters ukrainiens sont venus au soutien de leur équipe nationale. Avec leur petit drapeau, Sasha et sa mère sont assis un peu plus haut que l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe. Ils ont débarqué de leur région bombardée il y a un mois et ont posé leurs valises chez Alain qui les accompagne. Depuis jeudi, les Ukrainiennes sont chaudement accueillies partout au Havre. Jeudi, le maire les a reçus et a fait donner l’hymne ukrainien dans l’hôtel de ville. Ce soir, chaque ukrainienne a trouvé une rose à son vestiaire et les 2500 personnes des Docks ont applaudi et crié très fort au moment de l’affiche du drapeau ukrainien. Tous debout. La capitaine Estelle Nze Minko : « C’était une semaine pas banale. Je suis très fière d’avoir été capitaine de l’équipe de France cette semaine. C’était un honneur, c’était un moment particulier et notamment cette matinée à la mairie qui était remplie d’émotion, de respect, de partage, toutes les personnes se souviendront de ce moment. »
"Un accueil très chaleureux"
La communication n‘est pas facile avec la formation ukrainienne mais les sourires ont raconté soulagement, joie et épreuves. La capitaine Iryna Glibko se souviendra de cette soirée normande : « C’était un accueil très chaleureux, ils nous ont tous accepté, et l’organisation était superbe, on a senti beaucoup de soutien. » Du soutien, un peu de légèreté et un succès 27-18 pour les filles d’Olivier Krumbholz qui n’ont passé qu’un mauvais quart d’heure d’entrée. Avant de montrer un beau visage de championnes olympiques pour faire honneur à ces Ukrainiennes comme l’avait réclamé le sélectionneur. La France a terminé son année, l’Ukraine ne sait pas. En Autriche mercredi pour défier les Croates, les Slaves vont retrouver leurs nouveaux clubs en République tchèque principalement. Et ensuite ?
Il leur reste encore deux matches pour boucler leur parcours de qualif à l’Euro : « Je ne sais pas quel sera notre futur avoue Glibko. Il y a quelques jours On ne savait même pas si on pouvait venir ici et maintenant on ne sait pas si on peut encore jouer nos derniers matches de qualifications. » Il est un peu plus de 21 heures, la nuit enveloppe le Havre, Iryna Glibko est la dernière à monter dans le car de son équipe. Où reverra-t-on la sélection jaune et bleue ? Quand ? Impossible à dire.