
Après la Coupe du monde, le Qatar en position de force pour organiser les JO 2036?
L'ambition demeure intacte. "Le Qatar arrive à un tournant de son soft power sportif", confie un proche de l’organisation de la Coupe du monde 2022. Après des années de polémiques, de débats et d’analyses sur cette Coupe du monde, le Qatar va commencer à dresser le bilan de l’événement. Le petit pays, de 2,8 millions d’habitants, va vite devoir rebondir pour de nouveau attirer la lumière, dans le bon comme dans le mauvais sens. Après cette Coupe du monde, son projet de communication via le sport ne tombe pas à l’eau, le Qatar cherche juste un nouvel objectif.
Chacun, visiteur ou journaliste, dressera le bilan à tête reposée de ce Mondial 2022. Des points positifs sautent aux yeux comme la gestion des flux, la découverte d’un pays méconnu ou encore l’ensemble des sites d’une Coupe du monde réunis sur un tout petit espace. Des points négatifs apparaissent forcément comme l’ambiance (en dehors des équipes d’Amérique du Sud), le bien-être et les conditions de travail des employés migrants sur place ou l’impact environnemental de cette Coupe du monde… Mais pour le futur, Doha ne se fixe toujours pas de limite.
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"C’est la Coupe du monde de l’innovation"
Du côté du Comité Suprême, ce Mondial est forcément une réussite. L’organisation souhaite tirer de ce tournoi une image renforcée à l’international après des années de critique. "Chaque Coupe du monde pense qu’elle est la meilleure, estime Hassan Al-Thawadi, secrétaire général du Comité Suprême pour RMC. Et c’est le cas pour nous. Mais il y a d’autres choses. C’est la Coupe du monde de l’innovation, avec des choses nouvelles, qui a ouvert la possibilité de faire des choses différentes mais avec de magnifiques résultats."
"Et les gens faisaient la fête ensemble, poursuit le dirigeant. Il n’y avait pas de conflits, pas de violence, pas de bagarres. Tout le monde a célébré ensemble. Il y a beaucoup de leçons positives à tirer de cette Coupe du monde et j’en suis fier. Si vous parlez avec des supporters, c’est une fête. C’est la célébration du football. La fête de gens d’origines et de cultures différentes qui célèbrent tous ensemble. Nous ne sommes peut-être pas d’accord sur tout mais ce sont des opportunités de se rassembler. Et même si vous ne repartez en n’étant pas d’accord, il n’y a pas eu de conflits et on peut avoir l’espoir de se mettre d’accord dans le futur. C’est ce que cette Coupe du monde a démontré."
Objectif JO 2036
Le Qatar ne se réveille pas au lendemain du Mondial pour organiser des grands événements dans le futur. L’émirat s’est déjà assuré d’organiser des compétitions sportives comme les championnats du monde de natation en 2024, juste avant les Jeux de Paris, la prochaine Coupe d’Asie de football ou les Jeux asiatiques de 2030. La principauté arrive à tenir un calendrier avec un événement plus ou moins important tous les quatre ans.
Mais dans un coin de la tête des dirigeants de la monarchie, il n’y a qu’une envie : les Jeux olympiques de 2036. Ce petit bruit s’est beaucoup propagé dans les couloirs de la Coupe du monde, certaines boites de communication laissent aussi filtrer ce message. Comme si l’émirat était déjà en mode séduction.
En accueillant les 32 nations, des millions de supporters et des journalistes du monde entier, le Qatar a aussi montré qu’il savait faire en termes de logistique. Pour des JO, le Qatar peut s’appuyer sur les stades et les bâtiments de la Coupe du monde renforcées par d’autres structures. "Le dossier peut totalement tenir la route, et surtout aux yeux des décideurs du CIO, la réussite de la Coupe du monde va faire pencher la balance", explique un membre du Comité Suprême en charge de l’héritage de la Coupe du Monde 2022.
Des JO au mois de novembre ?
Cette idée pose plusieurs questions d’un point de vue organisationnel, la première (et la plus importante) sur le décalage des Jeux d’été au mois de novembre. "Si notre dossier est hyper solide, il n’y aura aucun problème", poursuit ce responsable. Il y a des précédents dans l’histoire, avec les Jeux de Tokyo en 1964, qui se sont déroulés du 10 au 24 octobre et ceux de Séoul, en 1988 du 17 septembre au 2 octobre. Le Qatar veut aussi faire passer le message que cela pourrait être les premiers Jeux dans un pays musulman.
Certains évoquent aussi une potentielle candidature conjointe avec l’Arabie saoudite, mais pour l'instant cette hypothèse ne tient pas la corde. Le Qatar avait déjà candidaté pour des Jeux, sans succès. Le Comité international olympique n’a pas encore donné de date concernant le vote lié à l’attribution des JO 2036, ça ne sera pas avant 2025. En tout cas, depuis ce lundi, les rues de Doha ont retrouvé une tranquillité déconcertante… en attendant la prochaine compétition.