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Jeux européens (natation artistique): à Cracovie, les Ukrainiennes dansent contre la guerre

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Pour la 3e édition des Jeux Européens, le ballet de natation artistique ukrainien a présenté une chorégraphie pour dénoncer la guerre dans son pays. Depuis un an, le quotidien de ces nageuses multi médaillées a complètement changé.

Elles venaient pour marquer les esprits, c’est chose faite. Vendredi, lors des épreuves de natation artistique des Jeux Européens de Cracovie, le ballet ukrainien a présenté un spectacle en hommage à ses soldats, qui défendent le pays depuis le début de la guerre face à la Russie. "Notre chorégraphie est un symbole, tout comme la musique que nous avons choisie", confient les huit nageuses du ballet.

1 minute 30 de rythmique pesante, dérangeante, mais qui touche le public, en témoignent les "Ukrainia, Ukrania" qui descendent des tribunes polonaises. Car la vie de ces nageuses a changé. Vladyslava et Maryna Aleksiiva sont jumelles et capitaines du ballet. Elles ont quitté leur pays au début de la guerre pour aller en Italie. Souffrant trop de l’éloignement, elles ont décidé de rentrer à Kiev il y a trois mois. "Notre père ne peuvent pas quitter l’Ukraine donc notre mère reste avec lui. On regardait les actualités depuis l’Italie mais c’était très stressant. C’est quand même plus facile d’être à Kiev, même s’il y a des alertes à la bombe. On préfère rester là-bas et être ensemble", confient les jumelles.

Trois fois championnes du Monde, dix fois championnes d’Europe

Désormais rentrées à la capitale, Vladyslava et Maryna vivent, comme tous les Ukrainiens, au rythme des alertes aériennes. "Tous les jours, toutes les nuits, notre téléphone sonne à cause des alertes aériennes. Parfois, on doit dormir dans des abris anti bombardements. On a même dormi une semaine dans une salle de bain parce que c’était la pièce la plus protégée de la maison", confient tristement les nageuses. Quant aux entraînements de natation artistique, ils se déroulent parfois dans des conditions particulières.

"Ce n’est pas évident, parce qu’on ne peut pas s’entraîner comme des athlètes normaux. Par moment, on n’a plus de musique, pas d’eau chaude, des coupures d’électricité." Mais arrêter les entraînements, il n’en est pas question, car les jumelles Aleksiiva ont un statut à tenir : triples championnes du monde, dix fois championnes d’Europe, seule la médaille d’or olympique manque à leur palmarès. Alors elles avancent avec un objectif clair: faire résonner l’hymne ukrainien aux Jeux de Paris 2024. "C’est notre plus gros objectif, de montrer notre pays aux Jeux olympiques."

Inquiétude autour de la réintégration des Russes aux compétitions

Si leur participation aux Jeux nécessite un quota, qu’elles devraient décrocher aux prochains championnats du monde, au Qatar en février 2024, elle dépend aussi de la potentielle réintégration des athlètes russes. "Nous espérons que le monde comprendra qu’on ne peut pas être ensemble, insiste Maryna Aleksiiva. La Russie est un Etat terroriste, ils tuent beaucoup de gens, des enfants, beaucoup de sportifs aussi…"

Vladyslava et Maryna Aleksiiva à l'entraînement en 2022.
Vladyslava et Maryna Aleksiiva à l'entraînement en 2022. © Iconsport

En mars, le Comité olympique s’était montré favorable à un retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions sportives. À la suite de ces déclarations, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques avait précisé que ces propos "ne préjugent en rien" de la réintégration des athlètes Russes pour Paris 2024. En attendant la sentence, le ballet ukrainien poursuit son chemin. Les sœurs Aleksiiva repartent de cette 3e édition des Jeux Européens, une médaille d’argent autour du cou, en attendant de ramener la plus belle des couleurs, dans un peu plus d’un an, à Paris.

Maria Azé, à Cracovie