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Jeux paralympiques 2022: "Je prends tellement de plaisir…", savoure Arthur Bauchet

Avec trois médailles d’or et une en bronze, Arthur Bauchet s’est affirmé comme la star tricolore de ces Jeux Paralympiques 2022. A 21 ans, le para-skieur alpin français possède un palmarès XXL et se projette déjà sur les Jeux 2026.

Il s’est présenté une dernière fois face aux journalistes, en béquilles, toujours avec le même sourire. Radieux, Arthur Bauchet, qui souffre d’une paraparésie spastique, a fait résonner la Marseillaise pour la troisième fois sur ces Jeux Paralympiques d’Hiver grâce à sa victoire sur le slalom, catégorie debout. Avant, il avait déjà remporté la descente, et le Super combiné, sans oublier une médaille de bronze au bout de l’effort sur le Géant. Son palmarès est déjà immense : huit médailles paralympiques dont trois titres, sept victoires aux Mondiaux, sans oublier ses nombreux succès en Coupe du Monde. Le Français est revenu pour RMC Sport sur ses magnifiques Jeux Paralympiques.

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Avec trois médailles d’or et une de bronze sur ces Jeux, peut-on enfin dire que vous êtes le patron des Bleus ?

Non, toujours pas le patron ! Je crois que ça vous n’arriverez jamais à me le faire dire ! Je suis membre de cette équipe de France, j’ai essayé de la représenter au mieux et je crois qu’aujourd’hui c’est réussi.

Que représentent cette dernière médaille d’or ?

C‘est fou, vraiment fou… Vu l’état dans lequel j’étais après le Géant (jeudi, il s’est écroulé à cause de douleurs aux jambes), je me disais que le slalom allait être dur, donc j’ai pris vraiment deux jours off ou je n’ai rien fait, j’ai dormi un maximum. C’est vraiment fou cette médaille et c’est magique de la faire comme ça sur le dernier jour. J’ai commencé les Jeux en beauté (or en descente), je les clôture en beauté, que demander de plus ?

Pensez-vous avoir changé de dimension ?

C’est sûr, j’ai carrément changé de statut pendant ces Jeux. Mais je pense ça montre aussi à quel point les performances de Marie (Bochet, quatre titres en 2014 puis en 2018) étaient justes surhumaines. Moi déjà avec trois médailles d’or, j’ai l’impression d’avoir tellement donné, c’est fou. Marie avec ses quatre titres sur deux paralympiades différentes, c’est juste magique donc grosses pensées pour elle.

Avez-vous douté sur votre état physique après le Géant ?

Non je n’ai pas douté. Après ma seconde manche en géant, j’ai vu que les limites se repoussaient. Je me suis dit ‘peu importe dans l’état ou tu es maintenant il faut tu y ailles, que tu engages, c’est la dernière’. J’avais dit que je voulais venir sur ces Jeux et repartir sans avoir de regrets donc je savais que si je n’arrivais pas en bas de ce slalom ou que je ne faisais pas le job, j’allais avoir des regrets. Ce n’est peut-être pas le plus beau ski, mais voilà.

A 21 ans, vous rendez-vous compte de ce que représente votre palmarès ?

C‘est vrai que c’est assez fou. En fait je prends tellement de plaisir dans le sport, dans le ski je m’éclate, je vis ma meilleure vie. C’est vrai que le palmarès, c’est impressionnant et je pense que si, quand j’ai commencé le « handi », on m‘avait dit ‘dans six ou sept ans tu seras huit fois médaillé paralympique, 3 fois champion paralympique’, j’aurais dit non je ne pense pas. Mais aujourd’hui c’est vraiment fou et j’ai toujours autant de plaisir à skier et m’éclater sur ces pistes.

On vous a vu célébrer avec l’équipe, les autres skieurs, Oscar Burnham (para-skieur alpin) vous est tombé dans les bras…

Exact, Oscar c’est vraiment mon pote, on est tout le temps en chambre ensemble, on crée des liens. On est parti l’un derrière l’autre sur la deuxième manche, il m’a dit ‘tu m’attends en bas mais je veux que tu sois premier hein, je veux voir ton nom en haut du tableau’ ! Et à la fin on s’est sauté dans les bras, c’est tellement cool de pouvoir partager tout ça en équipe qu’on en profite un max…

Quelles différences faites-vous entre ces trois médailles ?

Chaque médaille a son histoire. La première reste un souvenir de fou, surtout que c’était la descente, je ne partais pas forcément favori et en bas, en attendant les résultats, je n’avais jamais eu autant de stress, même au bac ! Le Super combiné je me suis dépassé pour aller la chercher. Celle-ci aussi, sur le slalom, je me suis posé pas mal de questions quand même, j’en ai rêvé même avant. Je me suis fait tous les scénarios possibles dont un ou je sortais et c’est Oscar qui gagnait ! On dit jamais deux sans trois donc aujourd’hui j’avais à cœur d‘aller chercher cette troisième médaille d’or. Bien sûr, je n’oublie pas le bronze car elle est aussi très belle, elle a une saveur particulière.

Arrivez-vous déjà à vous projeter sur la suite ?

Je m’y projette car les coaches répètent très souvent qu’arriver au top c’est dur, mais y rester encore plus. Je pense qu’on est totalement là-dessus. A la fin de Pyeongchang (Jeux 2018) j’ai pensé directement à Pékin, en me disant que j’avais quatre ans pour bosser et pour montrer de quoi je suis capable. Et aujourd’hui le pari est réussi. Je vais me mettre dans le même mode pour 2026. Bien sûr je n’oublie pas toutes les courses qu’il y a avant. Mais ça reste les Jeux, donc pendant quatre ans, on va s’entraîner pour ça.

Propos recueillis par Valentin Jamin à Pékin