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JO 2021 : pourquoi les Jeux ne sont pas les bienvenus à Tokyo

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À moins d’une semaine de la cérémonie d’ouverture, les Jeux olympiques de Tokyo sont toujours aussi impopulaires au Japon, où le coronavirus fait rage.

Le compte-à-rebours nous séparant des Jeux olympiques de Tokyo, dont la cérémonie d’ouverture est programmée au 23 juillet, approche de sa fin. Sur place, l’excitation devrait être à son paroxysme. Mais au Japon, alors que le pays ne parvient pas à se débarrasser du coronavirus, ils sont peu nombreux à se réjouir du début imminent de l’évènement sportif le plus important de la planète. Au contraire, les Tokyoïtes se passeraient volontiers de leur devoir de ville hôte, qui leur impose un cinquième état d’urgence.

"Il y avait une forme d’excitation autour des Jeux, beaucoup apprenaient l'anglais pour pouvoir échanger avec les étrangers, constate Ahmin, un Français expatrié au Japon. Mais depuis le Covid, les Japonais n'avaient qu'une seule envie, c'est qu'ils soient annulés. Aujourd'hui ils n'en veulent plus et attendent juste qu'ils se terminent." Dans un sondage d’opinion réalisé en mai par le quotidien Asahi, 80% des Nippons se disaient opposés à la tenue des Jeux, alors que le Japon connait aujourd’hui une cinquième vague. Ce samedi, Tokyo a enregistré 1410 cas de Covid-19 supplémentaires, son total quotidien le plus élevé depuis janvier.

"Un coup de poignard dans le dos"

"On a vécu presque toute l'année sous état d'urgence et on pensait que ça allait s'arrêter la semaine dernière, poursuit Ahmin. Mais finalement, il a été encore repoussé à cause des JO. On l'a vécu comme un coup de poignard dans le dos." Avec ces mesures sanitaires temporaires, qui dureront sur l’intégralité de l’évènement, les bars et restaurants doivent fermer plus tôt et la vente d’alcool est limitée.

"Quand je discute avec mes amis japonais, c'est "on en a marre, on ne veut plus en entendre parler", confirme Pierre, autre expatrié. On en parle plus dans la vie de tous les jours, il n’y a plus rien d'extraordinaire, on a juste envie de passer à autre chose." L’aspect sportif a d’autant plus disparu des discussions que les Tokyoïtes ne pourront pas se rendre aux évènements olympiques, comme l’a annoncé le gouvernement japonais début juillet.

Un premier cas au village olympique

De son côté, Seiko Hashimoto, la présidente du comité d'organisation de Tokyo 2020, défend son bébé. "Il y a encore des personnes qui ne croient pas pleinement au bon déroulement de ces Jeux, explique-t-elle. Mais le public japonais est en faveur de l’olympisme et du sport. Le comité d'organisation a essayé d'expliquer pourquoi ces JO étaient surs, et l'on doit continuer à délivrer ce message." Parmi les motifs d’impopularité de l’évènement, la crainte de voir un cluster naitre au village olympique revenait beaucoup. La détection d’un premier cas positif dans une délégation, ce samedi, ne devrait que conforter ce sentiment.

"Nous avons promis au monde ces Jeux de Tokyo 2020, avance tout de même Hashimoto. Nous sommes face à un challenge global, commun à tout le monde, sur toute la planète. Il faut les résoudre ensemble. Le Japon doit y faire face à travers ces Jeux. Nous avons la responsabilité de contribuer à résoudre les problèmes mondiaux. Nous devons mener notre mission à bien de délivrer les Jeux Olympiques." Une mission dont les Japonais se seraient vraisemblablement bien passés.

CP avec Maureen Lehoux à Tokyo