JO 2022 (freestyle): Stanford, mannequinat... qui est Eileen Gu, la "princesse des neiges" qui promet de tout rafler

C’est un visage que vous allez apprendre à connaître, et qui ne laisse pas indifférent sur la scène internationale. Annoncée comme la vedette de ces Jeux olympiques 2022 de Pékin, Eileen Gu (freestyle) a frappé très fort devant son public cette semaine avec une première médaille d’or décrochée en big air devant la Française Tess Ledeux, ce mardi. La jeune chinoise de 18 ans n’entend pas s’arrêter en si bon chemin, et espère tout rafler à domicile, alors que se profilent deux autres épreuves où elle vise le titre olympique, en halfpipe et slopestyle.
Chinoise made in USA
Surnommée "la princesse des neiges", Eileen Gu est née et a grandi aux Etats-Unis, où elle passe la plupart de son temps. Ce n’est qu’en 2019 qu’elle décide de représenter la Chine, le pays de sa mère, un choix dicté par la volonté d'"honorer son héritage".
"J'ai grandi en passant 25 % de mon temps en Chine, je parle couramment le mandarin et l'anglais et je suis culturellement à l'aise dans les deux pays, a-t-elle confié en conférence de presse. Ma mère a grandi à Pékin et j'ai vraiment l'impression de rentrer chez moi. Je suis tout aussi américaine que chinoise, les deux pays ont fait de moi la personne que je suis. Les deux pays m'ont beaucoup soutenu, je n'ai pas profité de l'un ou de l'autre."
En Chine, il est difficile d’échapper au phénomène. Son visage est partout sur les panneaux d'affichage et les couvertures de magazines. Elle était le premier, le deuxième et le troisième sujet de la télévision d'État chinoise ce mardi. Tiraillée par ses pays d’appartenance, Gu s'est retrouvée, alors qu'elle n'était qu'une adolescente, au centre de tensions géopolitiques.
L’éclat de l’or terni par les accusations
Sa décision de concourir pour la Chine a fait grincer des dents à l’époque. Gu a été qualifiée de traîtresse et de complice de violations des droits de l'homme, la question devenant chaque année plus épineuse, dans un contexte de condamnation mondiale des violations des droits de l'homme commises par la Chine à l'encontre des Ouïghours, en plus de la persécution des Tibétains et de la répression des libertés à Hong Kong.
"Le sport est un moyen d'unir les gens, il n'est pas nécessaire de parler de nationalité, nous sommes tous ensemble ici, à repousser les limites humaines", a-t-elle déclaré, esquivant habilement les thèmes les plus sensibles la rattachant à ce pays qu’est la Chine: "Si les gens ne me croient pas, s'ils ne partagent pas la même morale que moi, je ne vais pas perdre mon temps à les apaiser, a-t-elle poursuivi. Si les gens ne m'aiment pas, tant pis pour eux, ils ne gagneront jamais les Jeux olympiques. Je veux faire des choses que je n'ai jamais faites auparavant, je veux inspirer les filles du monde entier à dépasser leurs limites."
Athlète hors du commun, rompue à l’exercice médiatique dans lequel elle excelle, vous l'aurez compris, Eileen Gu n’a pas tardé à monter sur le podium des compétitions de référence dans sa discipline. Mais sa précocité s’exprime bien au-delà des pistes de ski. Touche-à-tout dans sa jeunesse - elle s’essaie au football, au basket ou encore à l’équitation très jeune - Gu n’est pas seulement brillante sur la neige. Admise à Stanford, l’une des universités américaines les plus sélectives et prestigieuses du pays, Gu est également une brillante musicienne. Une pianiste accomplie. "Une fois, elle a joué dans le hall de l'hôtel, raconte un skieur interrogé par le quotidien L’Équipe. Elle nous a bluffés."
Égérie des plus grandes marques
Impressionnante à tous les niveaux, notamment sur le plan mental, Gu a montré sa capacité à performer sous la pression cette semaine, parvenant une fois de plus à repousser ses limites. Pour devancer Tess Ledeux et récolter l’or, la jeune californienne a imité la Française en réussissant, et pour la toute première fois, un double cork 1620 pour son dernier run. Depuis combien de temps le travaillait-elle ? "Depuis une heure", a-t-elle affirmé en zone mixte. "Je ne l'avais jamais tenté avant", ne serait-ce qu'à l'entraînement, a-t-elle assuré. Prodigieux.
Eileen Gu récolte, selon certains témoignages, les fruits d’une organisation quasi militaire, pensée pour assurer les impératifs de sa double vie. Car la jeune femme est aussi mannequin. Depuis 2019, elle fait la couverture des plus grands magazines, devient l'égérie de Vogue, Victoria's Secret, ou encore Louis Vuitton. Habillée par les plus grandes marques, la jeune femme profite des possibilités qui s’offrent à elle, sur un marché énorme de plus d’un milliard d’habitants, pour empocher les plus gros contrats. Du pain bénit pour un sport qui se félicite de compter dans ses rangs une telle ambassadrice.
Une notoriété qui explose… Weibo
Un atout de poids pour la Chine également, une nation historiquement peu médaillée aux JO d’hiver. La Chine a investi plusieurs milliards de dollars pour changer la donne. Alors certes la génie du ski s’entraîne aux Etats-Unis, mais le résultat de ses performances revient à la Chine, qui pourrait bien compter trois médailles d’or prochainement grâce à son étoile. Une championne dont la notoriété devrait exploser. Son compte Instagram a déjà plus que doublé en un an, cumulant désormais plus de 200.000 followers.
Les abonnés à son profil Weibo, où elle possède2,6 millions d'abonnés, ont laissé plus de 90.000 commentaires en moins de 30 minutes après sa victoire ce mardi. Une avalanche de réactions comparables au torrent de réactions positives qu'avait suscité son parcours aux championnats du monde 2021. Selon le South China Morning Post, le hashtag avec son nom avait généré plus de 160 millions de posts sur Weibo.
Ce mardi, les hashtags associés, tels que "Gu Ailing a remporté la médaille d'or", ont reçu plus de 300 millions de vues en une heure, ce qui a finalement fait planter l'ensemble du site Weibo en raison du nombre massif d'utilisateurs, rapporte CNN. Et c'est sans doute loin d'être terminé.