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JO 2022: L’adieu aux larmes de Shaun White

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Pour sa dernière compétition le surdoué américain termine à la quatrième place de l’épreuve de halfpipe en snowboard. Il laisse une trace géante dans son sport.

C’est à ça qu’on reconnait les légendes: l’effet qu’elles produisent juste avant de rejoindre la coulisse. Avec Shaun White on a été servi. La magie du rouquin de San Diego, un dernier tour de passe-passe en haute altitude, il fallait ça pour boucler une carrière monumentale agrémentée de trois titres olympiques et de treize sacres aux Winter X-Games.

A 35 ans, White a déplacé les foules ce vendredi matin. Le Genting Snow Park de Zhangjiakou a fait le plein pour les dernières mises en orbite de la "Flying Tomato". Martin Fourcade, une foule d’officiels, de membres de staffs, d’athlètes au repos. Chacun essayant de trouver la meilleure place pour admirer les évolutions des fils de l’air: "Ca a été un long voyage. Merci à tous du fond du cœur", a lâché l’Américain après son troisième run.

Shaun White: "Si j’avais terminé troisième j’aurais voulu être deuxième"

Tout au long de la matinée, il s’est échiné à montrer son meilleur visage face à une concurrence qu’il a souvent matée et qui s’est servi de lui pour progresser. Quatre 1440, deux double McTwist, White a scoré 85 points sur son deuxième passage. La médaille est 2,75 points plus haut sur le Suisse Jan Scherrer. Sur son dernier passage, il tente plus et se crashe après sa dernière figure. Sa carrière se termine au pied du podium et les fesses dans la neige. En bas du pipe, il enlève son casque et fond en larmes. Fin du voyage: "Je voulais vraiment revenir et gagner encore. J’ai fait 3 médailles d’or en cinq JO c’est pas mal (rires). Je voulais davantage aujourd’hui. J’ai tout donné sur le run et je me suis dit que ça allait le faire. Je suis vraiment fier de ce que j’ai montré. Et si j’avais terminé troisième j’aurais voulu être deuxième. C’est le combattant en moi qui dit ça."

Liam Tourki: "C’est une légende qui arrête"

Dans ces Jeux quasi à huis-clos, White a déclenché l’une des seules ovations: "Ce qu’il a fait aujourd’hui c’est fou abonde Liam Tourki, le snowboardeur français sorti en qualification. Je n’aurais pas mis une pièce sur lui aujourd’hui. Il a fait un run super propre, du grand Shaun White. Sur son dernier run, quand il tombe, plus d’un ont lâché leur petite larme. C’est une légende qui arrête."

Pour s’offrir ce dernier tour de piste, White a cravaché. Blessé en début de saison à la cheville puis au genou, il a obtenu son billet pour Pékin sur la dernière épreuve qualificative. Sa jambe arrière l’a semble-t-il handicapé aujourd’hui, un rappel que pendant ces 15 dernières années, White a autant collectionné les médailles que les gamelles bien méchantes. Aujourd’hui, pour l’emporter il fallait placer la figure maudite, le triple cork, et terminer le run. C’est ce qu’a fait Ayumu Hirano, 23 ans et déjà en argent à Sotchi et à Pyeongchang, pour s’offrir le titre avec une note maousse de 96/100. Le lutin volant, 1m65, a rendu hommage à White en descendant du podium: "Ca a été un challenge de battre Shaun White. aujourd’hui il a montré ce qu’il valait. Il a fait un super run. c’est une inspiration. J’ai beaucoup de respect pour lui. J’ai été poussé par lui. Il y a une sorte de transmission."

White va maintenant se consacrer à sa marque d’équipement, Whitespace, fondé avec son frère. Il ne devrait pas rester loin du monde du snow et du skateboard. Celui qui a eu ses premières planches entre les mains grâce à sa mère, à qui il a rendu hommage, est revenu sur le pipe après son passage de plus d’une heure en zone d’interview. Escorté par 9 policiers chinois, White a posé pour les dernières photos avant d’embrasser sa planche: "C’était l’amour de ma vie."

M.M. à Zhangjiakou