JO 2022: "Pas de guerre en Ukraine", l'athlète qui avait brandi la pancarte raconte la situation sur place

En l'espace de quelques semaines, Vladyslav Heraskevych est passé des Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022 à la guerre dans son pays, en Ukraine, envahi par les troupes russes. Premier athlète ukrainien à disputer l'épreuve de skeleton lors des JO, l'homme de 23 ans s'était distingué en brandissant une pancarte.
"Pas de guerre en Ukraine", lançait le 11 février dernier Vladyslav Heraskevych, quelques jours avant que Vladimir Poutine ne décide d'envoyer des forces armées en Ukraine et notamment à Kiev. "Comme toute personne normale, je ne souhaite pas la guerre, je veux la paix dans mon pays", justifiait alors le représentant ukrainien, qui déplorait à l'époque une "situation tendue" dans son pays.
"J'ai rencontré, si je peux m'exprimer ainsi, la guerre à Kiev. On s'est réveillés sous les bombardements, a confié Vladyslav Heraskevych ce dimanche à l'antenne de RMC. Le premier jour, j'ai dû aider une personne de ma famille qui fait ses études dans la capitale. Elle voulait rejoindre ses parents, il fallait l'aider à quitter Kiev."
"C'est toute l'Ukraine qui brûle"
Quelques jours après le début du conflit armé, Vladyslav Heraskevych a fui Kiev pour rejoindre son père à Jytomyr. "J'y suis toujours, on y est depuis le troisième jour de la guerre. Mon ressenti du moment est sans doute facilement compréhensible par les Français. On pourrait le comparer à l'incendie de la cathédrale Notre-Dame. Aujourd'hui, c'est toute l'Ukraine qui ressemble à Notre-Dame et qui brûle, a indiqué Heraskevych. Ce sont les Russes et les Biélorusses qui attaquent notre terre. On se dit qu'on ne peut plus sauver ce qui a brûlé. On doit minimiser les dégâts et sauver tout ce qui peut l'être."
S'il avait pour idée initialement de prendre les armes, Vladyslav Heraskevych a finalement changé d'avis. "Je voudrais toujours prendre les armes mais il n'y a plus de place aujourd'hui dans les forces de défense territoriale. C'est la première raison. Ensuite, je ne suis pas un militaire professionnel mais un sportif. J'essaie de contribuer là où je peux le faire le mieux", a justifié l'athlète de skeleton.
"On croit en notre victoire"
Finalement 18e de son épreuve de skeleton en février dernier, Vladyslav Heraskevych appelle une nouvelle fois à la paix dans son pays et demande de vraies sanctions à l'encontre de la Russie et de la Biélorussie. "Dès le début, on a commencé à agir dans la direction d'interdictions sportives pour les Russes. On a écrit des courriers aux instances pour demander l'exclusion de ces pays dans toutes les compétitions internationales. Pour l'instant, on n'a pas de bonnes nouvelles mais on est convaincu que ça va contribuer à résoudre cette situation même si les sportifs de ces deux pays perçoivent ça comme de la propagande, a détaillé Vladyslav Heraskevych. Mais ils doivent comprendre qu'ils représentent un pays qui mène de telles actions en Ukraine. J'aimerais qu'il y ait un impact sur les sportifs et les personnes russes, qui condamneraient cette attaque en Ukraine."
"On croit en notre victoire, avec le soutien du monde entier. Mais l'Ukraine est notre pays, notre terre, on va combattre jusqu'au bout d'ici-là", a conclu Vladyslav Heraskevych, qui espère retrouver rapidement sa carrière de sportif professionnel.