JO 2024 (judo): "Il était tendu en arrivant", pourquoi Riner a eu du mal à entrer dans son tournoi avant d’aller chercher l’or

La légende retiendra son ippon d’anthologie en finale sur le Coréen Mingjong Kim. Un highlight pour l’éternité. Mais avant de décrocher l’or aux Jeux olympiques 2024, ce vendredi à Paris, Teddy Riner a connu un début de tournoi un peu difficile.
"Ce matin, il était tendu", confirme son entraîneur Christian Chaumont. "La France entière l’attendait, les médias et le public aussi. C’est dur de rentrer dans un chaudron comme celui-là. C’est une arène. Les gens ont tellement envie qu’il réussisse. Depuis presque quatre ans, on attendait ce moment-là. Donc quand il est arrivé, il était tendu. Il savait qu’il n’avait pas le droit à l’erreur. En judo, ça va très vite. Le moindre petit écart, on se retrouve sur le dos et on repart. On l’a vu avec Clarisse (Agbegnenou), avec Romane (Dicko) et encore d’autres. Ça se joue parfois à pas grand-chose, donc bien sûr qu’il était un peu sur la réserve. Il fallait que ça rentre."
Franck Chambily, le coach historique de Teddy, a lui aussi stressé un peu devant l’entame timorée de son protégé à l’Arena Champ de Mars: "Sur les deux premiers combats, il était un peu poussif, surtout lors du premier contre Magomedomarov. Teddy n’était pas dedans, pas bon à la saisie. Il laissait faire, il reculait. Il a pris des pénalités. On s’est dit: ‘Là, ça démarre mal’. Il était inhibé. Il n’accélérait pas sur les mains, il ne faisait pas de déplacements. Il tournait le dos, il acceptait beaucoup de choses. J’étais très surpris, on n’a pas l’habitude de le voir comme ça. Mais au final, avec son expérience, il a réussi à débloquer la situation."
"Il y a toujours un peu de doute"
Après avoir écarté le Géorgien Guram Tushishvili au terme d’un combat particulièrement électrique en quarts de finale, Teddy Riner a retrouvé ses sensations sur le tatami. "Ça l’a lui mis un déclic. Il s’est dit: ‘ça y est, il faut que je fasse du judo’, témoigne Christian Chaumont. Ce matin, c’était dur de lui parler de judo. Cet après-midi, c’était beaucoup plus simple (…) J’ai senti tout de suite qu’il avait switché. Je lui ai dit: ‘Bah dis donc, ce matin tu me répondais oui, oui. Et là, tu me reparles judo.’ Il a souri et j’ai senti qu’il était relâché."
Malgré ses premiers pas hésitants dans le tournoi, le colosse guadeloupéen a su trouver les solutions pour se dégager la route vers un nouveau sacre. "C’est une journée olympique donc on tombe sur des adversaires qui n’ont pas forcément envie d’ouvrir leur judo, pas envie de se livrer, glisse Teddy Riner. C’est compliqué de trouver la bonne opportunité. Il faut rester concentré, ne pas se précipiter et c’est ce que j’ai fait tout au long de la journée (…) Je pense qu’il y a toujours un peu de doute, c’est normal. Mais je suis resté tout le temps dans l’attaque, dans l’initiative. Et même quand il y a eu des doutes ou que je me faisais un peu malmener dans le combat, j’ai réussi à reprendre l’avantage." Jusqu’à triompher devant un public aux anges, qui n’a cessé de pousser pour lui permettre de s’offrir le sacre de sa vie.