JO 2024 (natation): minute par minute, le programme de Léon Marchand entre ses deux finales

1h54. 114 minutes. C'est l'écart ridicule qui sépare l'instant où Léon Marchand grimpera sur le plot numéro 5, d'où il prendra le départ de la finale du 200m papillon, de celui où il montera sur le plot numéro 4, duquel il s'élancera pour celle du 200m brasse. Deux nages très différentes et un temps de récupération bien trop court: voilà le défi insensé dans lequel s'est lancé le nageur toulousain, qui visera d'y glaner deux médailles de plus après son titre olympique sur le 400m 4 nages. Et devenir le roi de ces Jeux olympiques de Paris 2024.
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Alors comment faire pour optimiser chaque minute de cet entre-deux-courses afin de se présenter dans l'état de fraîcheur le plus satisfaisant au départ de la brasse? Le casse-tête a été très minutieusement chorégraphié par l'entourage de Léon Marchand, et le programme s'annonce millimétré, comme le confiait à RMC Sport Denis Auguin, entraîneur en chef de l'équipe de France, en juin dernier lors des championnats de France à Chartres.
"Tout est 'timé' et calé à la minute près, mais en laissant toujours la place aux impondérables parce qu'il peut toujours y avoir des choses qui perturbent le déroulé", expliquait le technicien.
Avec la bienveillance de la fédération, qui avait adapté son programme, Léon Marchand avait ainsi profité de ces championnats de France pour y tester le doublé 200m papillon-200m brasse en une soirée. Avec deux médailles d'or à la clé.
Un ballet chorégraphié
La routine est donc éprouvé, et son déroulé est très précis. A 20h37, le protégé de Bob Bowman plongera donc dans le bassin de la Paris La Défense Arena pour se lancer vers son premier défi, le plus difficile des deux sur le papier: décrocher une médaille sur le 200m papillon.
Un peu plus d'une minute et 52 secondes plus tard, le nageur occitan pourra sortir de l'eau (bras levés, espérons-le) et filer se préparer pour sa deuxième finale, celle du 200m brasse, dont il est le grand favori. Le Français devrait en effet obtenir l'autorisation de ne pas répondre aux questions des médias en zone mixte afin d'entamer au plus vite sa récupération.
Trois minutes puis vingt minutes après sa course, le staff médical de l'équipe de France prélèvera une goutte de son sang pour mesurer son taux de lactates, afin d'évaluer son niveau de fatigue et la qualité de sa récupération. Entre les deux, le programme est double: on recharge les batteries...mais sans couper totalement.*
"Je vais nager, manger et prendre des boissons de récupération, des petits gels sucrés pour me tenir en forme", explique-t-il dans les colonnes du Parisien.
Le défi pour Léon Marchand et son équipe sera donc de réussir à faire baisser ce taux le plus possible entre les deux prélèvements. Si c'est le cas, ce sera le gage d'une récupération réussie.
L'interlude de l'éventuel podium
Sur les coups de 21h30, le Français pourrait - on le lui souhaite - être attendu sur un autre plot: celui du podium du 200m papillon. Impossible pour lui de sécher la cérémonie protocolaire, qu'on espère accompagnée d'une belle Marseillaise. Avant, dès son retour au vestiaire, de rentrer pleinement dans sa finale du 200m brasse, en renfilant sa combinaison.
Puis vient l'heure de se rendre dans la chambre d'appel, où le Toulousain n'aime pas arriver trop tôt contrairement à certains de ses concurrents. Une pièce dans laquelle les regards se croisent, les états d'esprit se jaugent. Nul doute que ses adversaires guetteront sur le visage de Léon Marchand les signes d'une éventuelle fatigue.
A moins qu'ils n'en aient le temps, la faute à une fâcheuse habitude... "Il a toujours envie de pisser au moment d’aller en chambre d’appel, histoire de nous gratter encore deux minutes", confie Denis Auguin au Parisien. Si ça peut l'aider à décrocher l'or, personne ne lui en tiendra rigueur.