Natation (championnats de France): pourquoi ce mercredi est un vrai test pour Léon Marchand avant les JO 2024

Le décor n'est pas encore aussi prestigieux que Paris La Défense Arena transformée en piscine olympique, mais Léon Marchand passe à Chartres ce mercredi un premier test grandeur nature. Le Toulousain a des problèmes de riche pour composer son programme olympique. Et s'il veut s'aligner sur quatre courses individuelles à Paris, il devra doubler 200m papillon et 200m brasse le même jour avec les séries et les demi-finales le mardi 30 juillet, puis les deux finales le lendemain.
Quatre courses, donc, dans la même journée, avec une heure entre les deux épreuves le matin et le soir. Avant de replonger pour deux éventuelles finales, espacées d'une heure trente cette fois, le mercredi 31 juillet. Une modification spéciale du programme de cette journée pour Léon Marchand alors que ces deux finales devaient s'enchainer initialement.
"Il a besoin d'un challenge autre que réaliser un temps de qualification", relevait son entraîneur en France Nicolas Castel après son 400m 4n nages inaugural en demi-teinte à Chartres lundi. "Pour lui ce n'était pas un vrai challenge". Le véritable est là, devant lui ce mercredi: doubler dans la même journée les séries et les finales des 200m papillon et 200m brasse. "Il sait que pour lui cette journée sera importante et ça c'est un vrai défi, je n'ai aucun doute sur l'engagement qu'il aura sur les courses", prévient Castel.
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"Un premier test"
Un mercredi que le Toulousain voit comme "un premier test". La fédération française de natation a donc décidé de calquer à Chartres le programme des Jeux avec ces deux courses le même jour, histoire de permettre à sa pépite de répéter ses gammes avec un timing identique à ce qu'il retrouvera à Paris La Defense Arena. "Je vais essayer de m'écouter et de voir comment mon corps réagit après le 200m papillon le matin et le soir", explique Marchand. "De voir aussi mentalement si c'est possible d'en refaire deux le lendemain. M'écouter et voir aussi comment ça passe au niveau du chrono. Si je suis à deux secondes de mon temps au 200 brasse, je sais que physiquement c'était plus dur que ce que j'avais pensé. Ce sera un premier test."
Un premier test et une mécanique déjà bien huilée. "Il y a beaucoup de choses à anticiper", explique Denis Auguin, l'entraîneur en chef de l'équipe de France. "Dans la récupération, il y a la récupération en nageant, les massages, se nourrir au bon moment. Il est extrêmement bien rodé. Il a très bien réussi à le faire aux championnats du monde. Tout est 'timé' et calé à la minute près, mais en laissant toujours la place aux impondérables parce qu'il peut toujours y avoir des choses qui perturbent le déroulé."
Pour que le plan se déroule sans accroc aux JO, un mini staff spécial Marchand sera déployé ce jour-là autour des entraîneurs Bob Bowman et Nicolas Castel. "Un kiné sera spécialement détaché, le médecin ne sera pas loin, Olivier Nicolas gèrera les horaires des chambres d'appel", raconte Denis Auguin, qui suivra les traces de Marchand toute la journée. Le temps passé en zone d'interview après sa dernière course de la journée sera minuté.
Katinka Hosszu: "Si j'étais lui, je prendrais ce risque"
Mais doubler 200m papillon et 200m brasse, c'est aussi prendre le risque de compromettre les deux courses. "S'il a le niveau de performance qui doit être le sien, ce n'est pas une prise de risque", assure Auguin." Il y a une tension particulière sur ces journées-là, bien sûr, avec une grande attention sur le moindre détail. Ce sont des journées très particulières."
"Si j'étais lui, je ferais ce que moi j'ai toujours fait: je prendrais ce risque." Le conseil est signé d'une référence dans le monde des nageurs gloutons, la hongroise Katinka Hosszu, quadruple médaillée à Rio en 2016 dont trois titres sur 400m 4n, 200m 4n et 100m dos et de passage à Paris pour son équipementier Arena en mai dernier. "Il a déjà le 400m 4n avant qui sera passé donc il pourra jouer un peu... Enchainer ces deux courses, essayer de faire quelque chose d'énorme, je suis sûre qu'il va le faire. Je pense qu'une heure entre deux courses, c'est parfait. Il est tellement en forme qu'il peut facilement récupérer sur ce laps de temps."
Le faire à Paris, encore quelque chose de différent
En attendant de se projeter sur Paris, Léon Marchand attend quelques réponses de cette journée de mercredi. "Le 200m papillon, il n'y aura pas de soucis. C'est le 200 brasse où on va voir comment je me sens physiquement et mentalement. Je pense qu'une heure c'est suffisant, j'ai fait des répétitions bien plus dures en NCAA (championnat universitaire américain). Je pense que ça devrait aller, mais je vais pouvoir m'évaluer en fait. Je vais plonger au 200m brasse et on verra bien." Le tout contrôlé depuis les Etats-Unis par l'entraîneur américain de Marchand, Bob Bowman, qui a mené la carrière de Michael Phelps, autre illustre stakhanoviste des bassins de compétition.
Un test donc, mais pas décisif. "Même si c'est un bon entraînement ici aux championnats de France", avoue Marchand, "le faire à Paris ce sera encore quelque chose de différent. Donc ce sera un indicatif et je pourrai m'en servir. Mais la décision de doubler ou pas sera toujours prise au dernier moment."
Pour se laisser toutes les possibilités de rêver à l'irréel d'un double podium olympique le 31 juillet.
Le programme de la journée de Léon Marchand ce mercredi à Chartres
- 10h11 : série du 200m papillon
- 11h08 : série du 200m brasse
- 18h11 : finale du 200m papillon
- 18h58 : finale du 200m brasse