JO 2024 (tir): avec une seule médaille, l'équipe de France de tir a déçu mais n'a pas tout perdu

Les images sont belles. Camille Jedrzejewski sur la scène du club France, médaille d'argent en main, larmes de joie sur les joues, enchaînant les selfies, tapant la main de supporters tricolores déchaînés, dans une grande liesse populaire. Un instant suspendu que la pistolière aurait sans doute aimé pouvoir partager avec d'autres camarades de l'équipe de France de tir. Mais la jeune Picarde de 22 ans a finalement été la seule de la délégation tricolore à profiter de ce moment de partage unique, dans l'effervescence parisienne, à plus de 300 kilomètres au nord du petit cocon que l'équipe de France s'était façonné dans son camp de base d'Eguzon.
Car pour ces Jeux à domicile, l'encadrement fédéral visait au moins trois médailles. Cible non-atteinte. "Evidemment, c'est une déception", reconnaît Gilles Muller. Sur le papier, la France avait clairement les moyens de faire mieux, au regard des derniers résultats mondiaux. Même à chaud, le directeur technique national n'a donc pas fait l'économie de l'analyse. Avec un mot pour résumer les maux: "Subir. Là où il fallait être matador, on s'est retrouvé dans l'autre position", image le chef d'équipe.
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Cela a été particulièrement vrai en début de Jeux. La jeune génération a sans doute, au moins sur les toutes premières compétitions, subi l'événement. Ces JO à domicile, ce public plus proche, plus bruyant aussi qu'à l'habitude... Dans certaines disciplines, cela peut transcender. En tir où la maîtrise des émotions est un prérequis indispensable, cela a sans doute eu l'effet inverse. Au moins dans un premier temps.
"Cela va être un gros chantier pour nous"
Mais cette explication tient moins pour ceux qui sont entrés en lice plus tard. Les expérimentés Clément Bessaguet, Jean Quiquampoix, Eric Delaunay, l'équipe de skeet mixte: tous ont, à un moment ou à un autre, fait l'erreur (ou les erreurs) de trop. Alors qu'ils étaient totalement dans la course pour, a minima, rentrer en finales et rêver de podiums. "A un moment, il y a eu un décrochage mental", poursuit Muller. "La tension aidant, la pression montant, le rythme cardiaque s'accélérant, on sait que l'endurance de concentration devient compliquée. Il faut arriver à faire la bascule. Nous, on est restés dans la tranche inhibante. Et dans ce sport, la moindre erreur est sanctionnée immédiatement. Cela va être un gros chantier pour nous".
Pour s'atteler aux travaux, la DTN pourra quand même compter sur quelques fondations solides. Déjà parce que, même éloignée de Paris, la discipline a séduit. A Châteauroux, les initiés se sont mélangés à ceux qui n'avaient jamais assisté à une épreuve de tir. Ce qui a donné une ambiance totalement inédite pour la discipline. "On n'avait jamais connu ça. On a senti ce soutien derrière l'ensemble de l'équipe", se félicite Gilles Muller. De quoi faire naître des vocations, peut-être.
La jeune génération a aussi prouvé qu'elle avait matière à briller. Lucas Kryzs (23 ans), 6e à la carabine 50 mètres 3 positions, Océanne Muller (21 ans), 5e à la carabine 10 mètres, voire Manon Herbulot (17 ans), qui n'a pas fait de complexe malgré son jeune âge, ont de belles années devant eux. Et puis il y a l'éclaircie Jedrzejewski, 22 ans seulement. "La médaillée est une ambassadrice exceptionnelle. Elle porte la bonne parole, en défendant nos valeurs ", sourit Muller. Le tir n'a peut-être pas tout perdu.