JO de Paris 2024: transports, surf, sécurité... A sept mois du coup d'envoi, des polémiques et des problèmes à résoudre

Plus que 231 jours pour être prêt. Le 26 juillet prochain, sera donné le coup d’envoi des Jeux olympiques à Paris avec, en point d’orgue inaugural, une cérémonie d'ouverture programmée en plein air sur la Seine, entre le pont d'Austerlitz et le pont d'Iéna. Elle lancera plus de deux semaines d’épreuves jusqu’au 11 août. Suivront les Jeux paralympiques, du 28 août au 8 septembre, un autre défi d’envergure en termes de logistique et de sécurité.
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Les transports seront-ils à la hauteur ?
Avant que la planète ne braque ses yeux sur Paris dans sept mois, il reste plusieurs problèmes à résoudre pour l’organisation, à commencer par le dossier des transports. Avec cette question: y aura-t-il un appel aux Franciliens à rester chez eux durant les Jeux? L'hypothèse ne serait pas totalement à exclure, si l'on en croit les informations du Canard Enchaîné, qui a eu accès à une lettre envoyée par le préfet de la région Île-de-France Marc Guillaume au ministre des Transports Clément Beaune le 28 novembre. Une lettre dans laquelle le préfet affirme que les transports en commun parisien ne seront pas en mesure d'absorber la masse de spectateurs pour les JO si les utilisateurs franciliens habituels utilisent également le réseau.
Contacté par BFM Paris et RMC Sport, l'entourage du préfet, très remonté, a formellement démenti l'idée d'un confinement: "Il n’a jamais été question de confinement olympique, au contraire! Cela va à l’encontre de ce que souhaite le préfet qui veut une mobilisation populaire. Il faut au contraire que les Jeux vivent." Il n'empêche. Les projections de saturation du réseau de transports francilien semblent pour le moins alarmistes.
"À certains endroits, le plan transport ne permet d'acheminer les spectateurs que si tous les autres voyageurs étaient dissuadés ou presque", soutient le préfet auprès de Clément Beaune dans ce courrier. Lequel a pourtant assuré dans les médias: "Nous serons prêts". D’après Le Canard Enchaîné, Marc Guillaume évoque dans ce courrier un dépassement régulier des "seuils de saturation" sur 11 lignes de métro sur 16 et sur cinq lignes de RER... sur cinq, alors qu’on attend entre 500.000 et un million de spectateurs par jour pour ces Jeux de Paris. La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse, elle, "incite au télétravail ceux qui peuvent télétravailler parce qu'il y aura du monde dans les transports".
Des prix qui posent question
Autre sujet sensible: la hausse du prix des transports pendant la compétition. Le prix du ticket de métro à l'unité sera de 4 euros contre 2,10 euros actuellement. Pour un pass semaine, ce sera 70 euros contre 26,10 aujourd'hui. Les usagers verront aussi le prix doubler pour le pass quotidien (un passage à 16 euros contre 8,45 euros).
"C'est le juste prix. Je me suis engagée à ce que les Franciliens ne paient pas le prix de ces renforcements des transports. Ce sont les visiteurs qui les paieront”, a fait savoir Valérie Pécresse au micro de BFM Paris. Lors de sa campagne pour obtenir les JO, le Comité d’organisation avait promis la gratuité pour les détenteurs de billets en la prenant en charge, mais avec le dépassement des travaux cette promesse ne pourra pas être tenue. Pour sa ligne de défense, Paris 2024 assure avoir été contraint de réajuster ses équilibres financiers afin de dégager des marges de manœuvre permettant de "faire face aux surcoûts imprévus de l'inflation et de se concentrer vers les dépenses clés".
Polémique sur la réquisition des logements étudiants
Une autre annonce faite ces derniers mois a surpris. Pour loger les pompiers, soignants, forces de l’ordre et de la sécurité civile pendant les Jeux, l'État va réquisitionner les logements Crous de plus de 2.000 étudiants. Cette mesure, qui suscite la polémique, est assortie d'une compensation: 100 euros et deux places offertes pour assister à des épreuves olympiques. "On a aujourd'hui 7% des résidences en Ile-de-France où les étudiants vont être concernés par le fait de laisser leur logement en juillet et août, pour tous les agents du service public qui sont indispensables à l'organisation des Jeux. Je pense à des secouristes, des forces de sécurité intérieure, des soignants. Les étudiants ont été prévenus depuis le printemps. Ils ont l'assurance, dès le 1er septembre, de pouvoir retrouver leur logement", a justifié Amélie Oudéa-Castéra.
La ministre des Sports a ajouté que les étudiants concernés bénéficieront "d'un logement à proximité, sans surcoût et en étant accompagnés s'il y a d'éventuels frais de déménagement à cette occasion". En parallèle, certains tirent la sonnette d’alarme sur les prix de l’hébergement qui devraient exploser durant les Jeux. Reste à savoir dans quelle mesure alors que la plateforme Airbnb aime rappeler que ce sont les hôtes qui fixent librement leurs prix, mais que les offres aux tarifs les plus abordables seront mises en avant.
La sécurité de la cérémonie d'ouverture au cœur des préoccupations
Les organisateurs de Paris 2024 font également face à un important défi de sécurité pour la cérémonie d'ouverture, où les délégations devront défiler sur la Seine au cœur de Paris. Face à la menace terroriste, des voix s’élèvent depuis plusieurs semaines pour réclamer un plan B, comme l’a fait l’ancien ministre des Sports et double champion olympique de judo David Douillet. "La cérémonie d'ouverture se fera sur la Seine", a toutefois rappelé Amélie Oudéa-Castéra le 26 octobre sur BFMTV. Et de préciser: "Il est important de préserver l'ambition, mais ça n'empêche pas, dans la manière dont les choses sont faites, d'ajuster un certain nombre de variables. Tout est fait pour analyser, périmètre par périmètre, les mesures que nous devons prendre avec l'ensemble des forces de sécurité intérieures, y compris les forces armées qui contribueront à la sécurisation de la cérémonie. De manière régulière, le concept de sécurité est évalué, analysé, ajusté par Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur) et Laurent Nuñez (préfet de police de Paris) qui investissent un temps très important sur ce dispositif."
Interrogée à propos de la jauge de spectateurs autorisés sur les quais hauts de la Seine pendant la cérémonie, la ministre des Sports a affirmé ne pas être en mesure de trancher: "Je ne peux pas aujourd'hui apporter de réponses. (…) Pas de politique de l'autruche, pas de catastrophique non plus. Il ne faut pas que les terroristes nous empêchent de vivre, de célébrer notre civilisation."
Quel avenir pour l'épreuve de surf à Tahiti ?
Dans un registre bien différent, Paris 2024 doit gérer actuellement une vague de polémiques concernant l’organisation des épreuves de surf prévues à Tahiti, sur le site de Teahupoo. Sur place, il faut installer au large une tour pour accueillir les juges. Le week-end dernier, lors de premiers essais techniques, une barge a brisé des coraux. Des opposants à cette construction ont filmé la scène et diffusé les images, pour prouver que l’on ne peut construire ces installations sans endommager la barrière de corail.
Questionné à ce sujet jeudi, Tony Estanguet, patron de Paris 2024, s’est voulu rassurant: "Le point de départ de toute cette histoire, c’est la fameuse tour des juges. Elle est non conforme pour des raisons de sécurité. Le gouvernement polynésien a donc souhaité trouver une solution pour remplacer cette tour. On ne veut pas transiger sur la sécurité. On ne mettra personne en danger. C’est le point de départ de toute cette histoire. Une solution doit être trouvée. (…) Ce n’est pas simple, le dossier est compliqué mais je suis serein. Collectivement, on va trouver une solution pour organiser ces compétitions de surf à Teahupoo." En attendant, plusieurs villes (Lacanau, La Torche) qui s'étaient portées candidates face au site polynésien se sont déjà déclarées prêtes à reprendre le flambeau en cas de défection de Tahiti.