Paris 2024: sportifs atteints de trisomie 21, les oubliés des Jeux Paralympiques

Athlétisme, natation, tennis de table. Ce sont les trois disciplines auxquelles pourront participer les athlètes atteints de déficience mentale aux Jeux paralympiques de Paris en 2024. Un chiffre bien loin des attentes de la Fédération française de sport adapté (FFSA), qui aimerait que ses athlètes soient représentés dans plus de disciplines. Autre désillusion de la fédération, la non-inclusion des sportifs trisomiques.
"Sur le papier, les athlètes atteints de trisomie 21 peuvent participer aux épreuves réservées aux porteurs de handicap mental. Mais en réalité, leur handicap physique et leur manque d’autonomie créent une trop grande différence de niveau avec les autres sportifs", déclare Marie-Paule Fernez, directrice technique nationale à la FFSA.
Une classification qui dépend du CIP
Si les Jeux de Londres en 2012 avaient marqué la réintégration des athlètes porteurs de handicap intellectuel, absents de toute épreuve depuis 2000, ceux de Paris auraient pu signer celle des personnes atteintes de trisomie. Du moins, c’est ce qu’espérait la fédération. Mais il n’en est rien.
"Ce n’est pas de la discrimination, c’est de l’ignorance", ajoute la DNT avant de poursuivre: "Quand les gens découvrent les performances de nos athlètes, à l’image de Cléo Renou (natation, ndlr), ils se disent 'mais pourquoi ces gens-là ne sont-ils pas plus représentés ?' En réalité, ils ne savent pas que les sportifs trisomiques n’ont pas la possibilité de concourir dans les catégories qui leur sont réservées."
La gestion du nombre d’athlètes et d’épreuves paralympiques relève de la compétence du Comité international paralympique (CIP). Problème : "Pour le moment, la classification des athlètes sur les épreuves paralympiques ne dépend pas du syndrome, mais de la limitation de l’activité liée à ce syndrome", explique Philip Dorward, chargé de communication au CIP.
Plus de 100.000 signatures sur une pétition espagnole
La FFSA prône donc la création d’une nouvelle classe qui correspondrait aux sportifs trisomiques. Mais le chemin est encore long car le comité commence tout juste à évoquer le sujet. Autre difficulté, le nombre de participants aux Jeux paralympiques est défini et strict. "Quand vous rajoutez une catégorie, il faut en supprimer une autre. Comment vous faites le choix entre les disciplines?", s’interroge Marie-Paule Fernez.
Pour mettre en œuvre ce projet, le CIP pourrait donc envisager une augmentation du nombre de participants. Tous les quatre ans, ils sont près de 4 400 à concourir aux Jeux paralympiques. C’est plus de deux fois moins de participants qu’aux Jeux olympiques.
Paris 2024 approchant à grands pas, la Fédération française de sport adapté vise désormais les Jeux de Los Angeles en 2028. En attendant les décisions du CIP, les fédérations et les familles poursuivent leurs actions pour sensibiliser le public mondial à l’intégration des athlètes trisomiques. Il y a quelques mois, une pétition en ce sens, lancée en Espagne, avait récolté plus de 100 000 signatures.