Perrine Laffont: "Déjà une petite victoire d’être là"

Ce sont vos 3e Jeux olympiques mais les premiers dans cette situation de favorite et de tête d’affiche de la délégation tricolore, comment est-ce que vous gérez ce nouveau statut?
Je me sens plutôt bien. Avant le départ en France il y a eu pas mal de demandes, mais là je me suis mis dans une petite bulle, j’ai coupé mon téléphone et les réseaux sociaux. Je me sens tranquille et sans avoir l’impression d’avoir tous les regards braqués sur moi ce qui fait que je suis plutôt bien je me concentre sur ce que j’ai à faire sur la piste et le reste c’est secondaire.
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Avec quels objectifs en tête vous aller attaquer ces JO?
Ouh là… On en est loin avant de parler de médaille il faut passer les qualifications et les finales. Je ne me concentre pas trop sur le résultat parce que je ne le maîtrise pas. Il y a d’autres filles, des juges qui vont noter ma performance aussi. Moi je vais faire le job que j’ai à faire sur la piste et on verra bien où ça nous emmène. C’est sûr que mon statut a changé , mais je reste la même skieuse. Et moi je suis là pour faire du ski, pour la performance technique. Tout ce qu’il y a autour, ça ne me concerne pas. Je ne sais pas (elle rigole), oui c’est sur que si je repars avec une médaille ce serait forcément mieux et je serai forcément plus contente que si je n’en ai pas, mais ça reste une course d’un jour et je vais tout donner en tout cas pour faire une très très belle course.
Quel regard vous posez sur le chemin parcouru depuis Pyeongchang?
J’y repense souvent parce que c’est passé vite. Franchement, Pyeongchang j’ai l’impression que c’était la semaine dernière. Quand on arrive aux Jeux là on se dit que c’est 4 ans de travail acharné qui sont passés. De se retrouver 4 ans plus tard sur le devant de la scène et potentiellement pouvoir prétendre à un bon résultat c’est satisfaisant aussi. Ça fait 4 ans que je joue sur le top de mon sport et réussir à tenir sur la longueur c’est déjà une belle satisfaction.
4 ans de remise en cause et de doutes aussi tout de même…
Oui il y a eu une année où j’avais envie d’arrêter ma carrière donc de se retrouver là deux ans plus tard avec le sourire et toujours motivée de faire des belles choses sur la piste et en ayant progressé c’est une petite victoire aussi.
Quand on a presque tout gagné, comment garde-t-on la motivation?
Par l’amour du sport et en essayant de se construire un quotidien et un cocon autour de moi qui fait que je me sens bien. Que je ne ressens pas la pression des résultats, l’attente qu’il peut y avoir autour de moi parce que ce sont des choses qui inhibent mon plaisir à skier. J’ai plus l’impression de skier parce qu’il y a des gens derrière moi et pas par choix personnel. Je suis là parce que j’ai envie d’être là, et j’essaye justement de couper avec tout ce qu’il y a autour parce que je ne fais pas du ski pour les médias et ce qu’il y a autour, je fais du ski parce que j’aime skier, parce que je suis contente de voyager et de faire des Jeux olympiques.
Comment vous voyez l’atmosphère, assez curieuse de ces JO en raison des mesures anti-covid?
C’est vrai que ça fait assez bizarre par rapport à ce que j’ai connu sur mes précédents jeux. (des agents en combinaison intégrale passent à ce moment-là) Quand on voit des gens comme ça tout masqués, avec du scotch carrément autour des masques ça fait un peu bizarre ! Mais je dirais que c’est rassurant aussi parce que vu le contexte et le covid qui circule beaucoup on se sent en sécurité. La Chine a mis les moyens pour bien protéger les athlètes et c’est vrai que c’est différent. Mais ça fait deux ans que ça dure donc on était un peu préparé!
Vous allez évoluer sur un site où il fait très froid et avec du vent, est-ce que ce sont des éléments qui peuvent perturber?
Pour le froid on écourte un peu les séances et ça a un impact sur le corps mais ça va, le froid on a l’habitude, ce qui est un peu plus gênant c’est le vent en haut de la piste sur le premier saut. Quand il souffle très fort, sur le saut ça nous décale carrément! Ca décale la trajectoire et c’est ça qui est le plus pénible à gérer. La neige artificielle, c’est différent de ce que l’on peut avoir habituellement. C’est une neige qui est très très abrasive, et elle réagit différemment sous le ski. Ca nécessite un peu d’adaptation mais on depuis 2017 on a des coupes du monde en Chine pas très loin d’ici et on savait que ce serait comme ça. C’est bizarre mais on s’adapte.