Présidentielle 2022: "Voter pour l’extrême droite est extrêmement dangereux", l'avertissement de Jeremiasz

Ils sont 52 sportifs à avoir poser leurs noms sur l’appel à voter pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril prochain, pour faire barrage à Marine Le Pen. Michaël Jeremiasz, champion paralympique de tennis en fauteuil roulant en double à Pékin en 2008 et porte-drapeau de la France à Rio en 2016, en fait partie. Invité d’Apolline Matin sur RMC ce mercredi, il justifie son implication en confiant sa crainte de voir l’extrême droite au pouvoir.
"Ce sont des gens avec qui on ne peut pas s’exprimer librement"
"Ce n’est pas un soutien, c’est un barrage à l’extrême-droite, explique-t-il. Beaucoup de candidats perdants au premier tour ont appelé à voter contre Marine Le Pen. C’est bien mais ce n’est pas suffisant. Il faut lutter contre Marine Le Pen en votant pour Emmanuel Macron. On sait très bien que l’abstention et le vote blanc au second tour risquent de poser problème. Je ne pense pas que ce soit la peste et le choléra comme je l’ai entendu. Aujourd’hui, il y a un timing important, c’est de se positionner sur le second tour, sur une situation d’urgence. L’extrême droite au pouvoir - on l’a vu dans les collectivités locales - ce n’est pas la même chose qu’Emmanuel Macron, que le Parti Socialiste ou Les Républicains. Ce sont des gens avec qui on ne peut pas s’exprimer librement. Ce sont des gens qui divisent, qui défendent la préférence nationale. Ce n’est pas ma vision de la société."
Il ne craint pas de diviser l’opinion publique par cet engagement. Pour lui, c’est déjà le cas mais il invite les déçus du précédent mandat à ne pas se tromper de combat au moment de glisser leur bulletin dans l’urne. "Le pays n’a jamais été autant divisé et ça fait des années que le climat s’installe en France, regrette-t-il. Je sais bien qu’une personne sur trois vote pour l’extrême droite mais pas par conviction ou adhésion mais par opposition au bilan d’Emmanuel Macron pour plein de raisons, dont certaines que je peux comprendre. Mais voter pour l’extrême droite c’est extrêmement dangereux. Seul le prénom a changé. Il y a 20 ans, on était dans la rue."
Il fait ainsi référence à la qualification de Jean-Marie Le Pen - père de Marine et fondateur du Front National, ancien nom du parti Rassemblement National – pour le second tour de l’élection présidentielle en 2002. Face au séisme, des manifestations monstres avaient eu lieu dans les rues. Vingt ans plus tard, le climat est beaucoup moins à la contestation. "C’est ce qui est terrifiant, la jeune génération ne le sait pas (que le RN et le FN sont le même parti, ndlr), s’inquiète-t-il. Elle (Le Pen) s’est donnée une image beaucoup plus douce, elle a appris de ses erreurs, a bénéficié de la radicalité d’Eric Zemmour."
"L’ouverture des jeux olympiques et paralympiques par l’extrême droite..."
Il conclut enfin sur l’image dégradée que dégagerait la tenue des Jeux olympiques 2024 à Paris sous le régime de l’extrême droite. "Des accords ont été signés, peu importe qui sera président, les Jeux auront lieu, ce n’est pas la question, explique-t-il. L’ouverture des jeux olympiques et paralympiques par l’extrême droite qui divise les Français, considère les êtres humains différemment en fonction de leurs origines, de leur provenance… Quand vous accueillez le monde entier, tout cela n’a pas de sens et c’est ce symbole qu’on voulait montrer dans cette tribune. N’importe quel collectif aurait pu se mobiliser. Je veux juste qu’on n’oublie pas qu’avant le Rassemblement National, c’était le Front National. Que les grands cadres du Front National existent encore et que dans l’ombre, il y a des gens dangereux qui œuvrent. On le voit avec la liberté de la presse (Le Pen assume notamment de choisir les journalistes qui participent à ses sorties). On va la découvrir avec la gueule de bois le lendemain pour ceux qui ont voté contre Emmanuel Macron en se disant que ça ne peut pas être pire. Mais en fait si."