"Un point de passage très important": Euro 2025, JO 2028... les ambitions de l'équipe de France de baseball

Stephen Lesfargues, que représente un Euro pour une équipe de France masculine?
Pour nous c’est la compétition de référence en Europe. C’est un point de passage très important pour se qualifier vers d’autres tournois comme la Coupe du monde, la World Baseball Clasic organisée par la Major League Baseball. C’est le plus gros tournoi sur le continent européen. C’est très important pour nous.
Où se situe l’équipe de France dans la hiérarchie européenne?
Au dernier championnat d’Europe, on termine 7e avec une défaite d’un point en quart de finale (6-5 contre l’Allemagne). On n’était pas si loin d’être dans le dernier carré. Nos ambitions sont là. On est confiant sur ce que l’on peut faire et qui on est. On sait qu’en Europe, le niveau des équipes augmente à chaque édition. On va essayer d’être les meilleurs possibles sur le terrain pour contrer chacune des équipes.
La France évolue dans la poule B avec Israël, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Où se situent-elles par rapport aux Français?
Ce sont des équipes très fortes et actuellement au-dessus de nous. Ce sont des équipes qui ont beaucoup de naturalisés. Ce n’est pas une excuse. On est par rapport à une concurrence qui d’année en année peut creuser un fossé. En France, nous travaillons dur sur la formation de nos athlètes, la filière de formation à la française. Les meilleurs quand ils sortent du pole France de Toulouse peuvent aller en junior collège, en université, aux Etats-Unis, dans le système pro japonais, australien. Il y a un autre modèle qui s’est installé depuis 6-8 ans. C’est le modèle de nos adversaires de poule. Israël est composé principalement d’Américains avec un passeport israélien. La Grande-Bretagne c’est pareil. Ce sont des joueurs nés sur le sol américain mais avec un parent ou un grand-parent de Grande-Bretagne. Les Pays-Bas c’est comme nous. Ils ont un avantage. Les îles du royaume des Pays-Bas aux Caraïbes, Aruba et Curaçao jouent beaucoup au baseball. C’est l’ossature de leur équipe.
Cela veut dire que le travail entamé en France avec l’exode de ses bons jeunes va payer dans quelques années? Mathis Meurant joue en université et Mathias LaCombe au 2e niveau des ligues rookies pour les Chicago White Sox...
Ca commence. Mathis Meurant et Mathias LaCombe ne sont pas disponibles pour ce championnat. On sait que c’est un investissement. Ces joueurs sont partis. Ils sont dans un cursus pro. On a déjà l’espoir qu’ils aillent le plus loin possible. Et peut-être qu’un jour ils nous redonneront une partie de ça, car ils le font en U23. Le système est comme ça. On essaye de travailler pour que ces joueurs, quand leur parcours s’arrêtent aux Etats-Unis, on les voit avec le maillot France, qu’on voie les bénéfices.
Il y a l’objectif olympique à Los Angeles en 2028...
L’important c’est d’être prêt en 2027. Le parcours pour Los Angeles 2028 va passer par l’Euro 2027 avec l’objectif d’être dans les six premiers pour obtenir une participation à un TQO, qui qualifiera pour Los Angeles. En ce moment on travaille dur dans notre programmation pour être prêt pour ces échéances. Cet Euro 2025 est une étape en vue de ces échéances.
Est-ce que la France ferme la porte aux naturalisés ?
Si demain on a un mec qui est Franco-Américain et qui pousse la porte on ne va pas le refuser si les conditions pour l’intégrer sont réunies. Il y a des pays en Europe où la concurrence n’est pas la même, où ils peuvent naturaliser à tour de bras et sans contrainte. C’est pour ça que la concurrence est inégale. On va probablement rencontrer les Croates. Ils ne sont pas très bons en baseball mais ils ont entre 10 et 12 joueurs sur les 24 du roster qui ne sont pas Croates mais naturalisés. Ca fausse un peu la donne.
Que serait un Euro réussi?
Un championnat réussi c’est qu’on soit au même niveau qu’il y a deux ans. Faire mieux ce serait vraiment bien. Pour qu’il soit réussi il faut être en quart de finale, ça nous permettrait d’être positif pour appréhender 2027.
Vous pouvez compter sur Ernesto Martinez Jr, fils de l’ancien international français. Il évolue en Ligue triple AAA. C’est l’un des prospects des Milwaukee Brewers. Que vous apporte-t-il?
Il nous apporte beaucoup d’expérience , un niveau de jeu conséquent et aussi beaucoup de confiance dans le collectif. En ayant un joueur comme ça dans le roster, nos joueurs s’identifient à lui et ça donne beaucoup de confiance à tout le groupe.
Quelle est la force de l’équipe de France ?
A travers l’ensemble des collectifs jeunes et U23, on travaille sur cette notion de collectif, d’appartenance au groupe France. On travaille sur des qualités intrinsèques mais aussi sur des qualités comme la vitesse, l’explosivité, pour contenir nos adversaires qui ont d’autres qualités. On essaye de de se nourrir de toutes les cultures baseball. C’est la force de la France. On est connecté avec le continent nord-américain, mais aussi avec l’Asie, le Japon. On essaye de se nourrir de toutes ces compétences d’autres pays pour se construire nous en tant que joueurs.
On sent dans vos propos l’importance du jeu collectif...
On met beaucoup l’accent là-dessus. Pour que tous les joueurs qui arrivent en senior travaillent de façon collective. On a des bonnes individualités mais la force de l’équipe de France c’est de jouer en équipe. En attaque on construit nos points pour faire le tour du carré. On a parlé d’Ernesto Martinez. Il peut frapper des home runs parce qu’il en a les qualités physiques mais ce n’est pas comme ça qu’on gagnera des matches. On travaillera en équipe pour faire avancer tout le monde. En défense, on travaillera pour avoir nos trois retraits et sortir l’adversaire de la manche.
Quelles sont les marches à franchir?
Il faut qu’on continue à prendre de l’expérience, qu’on continue à être dans la régularité de choses. On peut avoir un peu trop de hauts et de bas. Les meilleures équipes jouent toujours au même niveau quoi qu’il se passe. C’est peut-être sur ça qu’on doit bosser. On est une équipe qui est capable de jouer très bien mais en même temps on peut faire une contre-performance. C’est là-dessus qu’il faut travailler.