
Judo (championnats d'Europe): Joseph Terhec, le Normand qui veut concurrencer Teddy Riner
On n’a plus vu Teddy Riner sur un championnat d’Europe depuis 2016. Et sur les championnats du monde, le Guadeloupéen n’a plus déplacé ses 2m03 depuis son dixième titre planétaire à Marrakech en 2017. Sur les championnats officiels, trois mondiaux et cinq Europe, il n’y a eu qu’une seule fois un Tricolore dans la case +100kg : Hamza Ouchani (non classé) à Tel-Aviv en 2018. Pas de lourd de niveau international à proposer.
Cette fois avec Joseph Terhec chez les mastodontes, l’équipe de France tient du solide pour les championnats d'Europe à Sofia. Ce fan de pêche est le garçon tricolore le mieux classé des 9 engagés avec une 23e place, 8 rangs derrière Riner: "Si je n’avais pas fait partie de cette sélection je l’aurais mal vécu explique le sociétaire de Saint-Raphaël. Je l’attendais chez les moins de 100 kilos. Ce n’est pas venu ce n’est pas grave."
Epaulé par l’ancien sparring partner de Riner
Terhec a glané deux titres nationaux en -100 kilos et quelques résultats en tournois avant de monter chez les lourds courant 2019. Bien lui en a pris avec une troisième place à Paris l’automne dernier et une belle cinquième place à Antalya au début du mois. En octobre 2020, un succès malin sur Riner (pénalités) lors des championnats de France par équipes avec son club de Sucy-en-Brie l’a projeté sur le devant de la scène: "Ça m’a beaucoup servi de le battre d’un point de vue psychologique et notamment face aux autres leaders de la catégorie. Ça m’a permis de prendre conscience de mes capacités. J’ai compris que j’avais les capacités pour tenir et ensuite le battre. Je n’ai plus d’appréhension. Ça m’a libéré énormément."
Le futur kiné, qui a passé l’année 2020-2021 à en terminer avec ses examens, a pu remettre le curseur à 100% sur le judo. Christophe Gagliano, le patron des masculins: "Joseph a une progression depuis qu’il s’est mis pleinement dans l’entrainement. Il est plus disponible sur le tapis, notamment mentalement. C’est comme ça qu’on construit une confiance." Terhec s’est construit un physique pour sa nouvelle catégorie. Beaucoup de musculation pour devenir un vrai poids lourd avec 125 kilos sur la balance. A Saint-Raphaël, il est épaulé par Nico Kanning, l’ancien sparring partner de Riner pendant plus de dix ans. Le nom du Guadeloupéen arrive toujours vite dans la conversation lorsqu’on parle plus de 100 kilos. Terhec rêve de Paris 2024. Il sait qu’il faudra dépasser le double champion olympique individuel.
Objectif podium, au minimum
L’encadrement français "aimerait bien" emmener une concurrence à Riner. "Ça voudrait dire qu’on a deux athlètes susceptibles de s’aligner aux JO. Ca fera une émulation pour élever le niveau de chacun. On va faire progresser les gens parallèlement, hors de question de laisser cette catégorie vacante", a clamé Gagliano. Quand Riner était à l’herbage, on a l’impression qu’elle était en friche. On ne voyait pas vraiment arriver de junior. Maintenant pour que Terhec aille grignoter le pré de son coéquipier en bleu, il y a encore du chemin. Cette sélection aux Europe est une porte à ne pas manquer. Riner reprendra la compétition le 11 juillet à Budapest dans un tournoi estampillé Grand Chelem. Terhec le sait: "Si je veux prendre la relève il faut que j’ai le niveau pour y prétendre. C’est mon premier grand rendez-vous chez les seniors, un petit peu de pression et d’appréhension surtout que je suis dans une caté où il y a un sacré leader."
Terhec explique qu’un Euro réussi ce sera "podium minimum". Le tirage l’a mis face à l’Allemand Frey d’entrée puis vraisemblablement l’Azerbaidjanais Kokauri, tête de série numéro 2, dur mais pas infranchissable. Dans le documentaire de France Télévision, "Riner la quête", on voyait le géant tancer Terhec et le projeter au sol dans un randori à l’Insep, quelques jours après la victoire du Normand aux France par équipes. "C’est ça le niveau international", envoyait Riner. Terhec a appris la leçon. "C’est un objectif pour moi de le dépasser. Il m’oblige à me surpasser sur chaque séance. Il faudra être mieux classé, peut-être le rebattre. Le peu d’occasions que j’aurai il faudra que je les saisisse."