Judo (Ouzbékistan): Buchard se rassure, Valadier-Picard se montre

Un petit pas de danse et un geste avec les mains, après avoir cloué au sol l’Ouzbek Juraeva, Amandine Buchard se laisse aller sur le tapis de la Humo Arena de Tashkent. Une fin heureuse après un début de journée qui aurait pu être une mauvaise blague. L’Italienne Perna, 72e mondiale des moins de 52 kilos, a longtemps mené contre la judoka du PSG Judo en lui faisant toucher un tout petit bout d’épaule sur le tatami grâce à un sumi-gaeshi (renversement). Buchard dégagera l’impétrante in extremis grâce à sa maîtrise physique et tactique. Ce fut la seule alerte dans la journée de la Française où elle a brillé par sa variété technique. Même la finale, où elle se retrouve encore menée, n’a pas semblé lui inspirer le moindre trac. Un eri seoi-nage (mouvement d’épaule) et un de ashi barai (balayage) ont renvoyé Juraeva sur la deuxième marche du podium. La double championne d’Europe des moins de 52 kilos s’est encore écartée de son kata-guruma (roue autour des épaules) même si celui-ci fait encore des merveilles. Son panel technique grandit de compétition en compétition.
Une bonne évaluation à l'approche des Jeux
Ce 14e succès sur le circuit mondial la propulse au deuxième rang du classement olympique. Après le tournoi de Paris auquel elle n’avait pas participé, elle n’avait pas hésité à parler de sa fatigue mentale, de la pression grimpante à l’approche des Jeux. Ce tournoi devait lui permettre de savoir où elle se trouve. Niveau judo rien à dire. Niveau mental, elle a avoué s’être fait quelques nœuds au cerveau avant de les démêler au fur et à mesure de la journée. La priorité des prochaines semaines reste sa santé mentale, comme elle l’a avoué à L’Equipe. A voir où elle s’alignera.
A Paris début février, le public avait été ébloui par la jeune Faïza Mokdar. Elle avait décroché, au total, cinq titres mondiaux et un titre olympique. Une victoire qui a lui a offert sa première sélection en grand championnat, pour l’Euro. Priscilla Gneto a répondu à sa coéquipière du Paris Saint-Germain Judo en s’adjugeant la victoire en moins de 57 kilos, disposant de la Japonaise Funakubo, double vice-championne du monde et sélectionnée pour les JO. C’est un mouvement d’épaule qui lui offre une Marseillaise à 30 secondes du terme. Tout aurait pu s’écrouler pour un orteil en dehors du tatami à la dernière seconde: "Je vois le chrono entre 1 et 0 seconde. Quand l’arbitre appelle la vidéo je me suis dit ‘merde, qu’est que tu as foutu’. A un moment ça s’est mis à cogiter dans ma tête." Une journée ponctuée par cinq combats remportés sur des techniques différentes, debout et au sol, une rareté à ce niveau. Passée de numéro 2 à numéro 3 nationale sans aucune sélection pour le moment, la Corse de 32 ans a avoué passer un mauvais moment: "Il y a eu beaucoup de remises en question. C’était un vrai soulagement en fin de journée. En arrivant en Ouzbékistan j’apprends que je ne figure sur aucune sélection. Ce n’étaient pas les meilleures conditions pour ce tournoi. Il a fallu se remobiliser pour prouver que j’avais ma place", a-t-elle raconté. Ce succès intervient un peu plus d’un an après son dernier sur le circuit. De quoi lui insuffler le plein d’énergie. Ira-t-elle sur l’Euro, où Mokdar est déjà sélectionnée? Sur les Mondiaux?
On l’avait quitté frustré à Paris, éliminé sur une pénalité inexistante. On a retrouvé Romain Valadier-Picard virevoltant pour placer des techniques létales tout au long de la journée. La mue du garçon de 21 ans chez les seniors est peut-être en voie d’achèvement. Un maître seoi-nage (mouvement d’épaule) sur le Belge Verstraeten et un superbe tai-otoshi (barrage avec la jambe), son spécial, dans le combat pour le bronze face au Russe Bliev ont illuminé cette journée. "J’ai fait une bonne compétition. J’ai réussi à être confiant, posé, serein et à mettre en place ce que je faisais à l’entraînement. Il reste des choses à améliorer mais je suis sur la bonne voie", a commenté le judoka de l’ACBB. Ce résultat va le faire entrer dans le top 10 mondial de la catégorie, un peu derrière Luka Mkheidze, futur représentant français aux JO. "RVP" pourrait obtenir une sélection pour les championnats d’Europe fin avril à Zagreb voire pour les Mondiaux en mai aux Emirats arabes unis.
Samedi, les Bleus envoient Clarisse Agbégnénou (-63kg) au feu, un mois après sa septième victoire au tournoi de Paris pour confirmer sa belle remontée au puissance. Margaux Pinot (-70kg) sera aussi à surveiller.