Mondiaux : pourquoi la Russie veut faire tomber Riner

- - AFP
Six titres mondiaux, quatre titres européens, un titre olympique : que dire sinon que Teddy Riner arrive en patron à Tcheliabinsk, pour les championnats du monde. On ne voit pas bien qui pourrait stopper ce samedi le judoka de 25 ans, qui domine la catégorie des plus de 100 kg depuis déjà sept ans. Sauf que ces Mondiaux se déroulent en Russie, un pays où l’on rêve de faire tomber le géant français.
« Il faut toujours garder la tête froide et ne sous-estimer personne, insiste Riner, prudent. Je sais à peu près qui je vais prendre, mais je ne me focalise pas sur eux. Et je pense que ce championnat du monde va être le plus important de ma carrière parce qu’il y a encore plus de monde que d’habitude. C’est important de montrer, avant 2016, qui est le leader de la catégorie. » Plus que décrocher un septième titre mondial, Riner veut donc surtout marquer les esprits et rester invaincu jusqu’à son échéance suprême : les Jeux Olympiques de Rio.
Riner, bourreau des Russes
Acclamé au Japon ou au Brésil, Teddy Riner devrait découvrir un accueil beaucoup moins chaleureux en Russie. C’est la première fois que le Français y combattra, lui qui n’avait pu tenir sa place lors des championnats d’Europe de 2012, déjà à Tcheliabinsk. Entre la Russie et lui, c’est pourtant une longue histoire. Son premier titre mondial à Rio en 2007, décroché à l’âge de 18 ans, c’est face au Russe Tmenov, sextuple champion continental, qu’il l’a conquis, poussant son rival à la retraite un an plus tard sans titre mondial. Même chose en 2008, face à Mikhaylin, ancien triple champion du monde.

Furieux après sa finale perdue, ce dernier lui prédit alors une courte carrière et aucun titre olympique à Londres. Raté. En quatre combats, Riner le battra… quatre fois, notamment en 2012, en finale des JO. Humilié, le Russe refuse ce jour-là de saluer son pire ennemi, qui le force pourtant à une étreinte. La rupture entre le Français et la Russie est définitivement consommée. Cette année, c’est Renat Saidov, 25 ans, qui compte bien lui mettre des bâtons dans les roues : trois centimètres de plus au compteur (2,07m contre 2,04m pour Riner) mais aucun titre majeur en poche pour le Russe, que Riner pourrait retrouver en quart de finale.
Riner : « Je me demande si on n’ira pas jusqu’en 2024 ! »
Mais ce serait oublier que l’adversité, Riner adore ça : « Ça va être le championnat le plus dur, j’en suis persuadé. J’ai envie de relever des défis. J’ai une détermination en ce moment, je ne sais pas d’où elle vient ! Mais je pense que je ne suis pas prêt d’arrêter. Je me disais ‘‘on verra après 2016’’, mais quand je me sens dans ces états-là, je me demande si on n’ira pas jusqu’en 2024 ! »
Les Russes sont prévenus, Riner compte bien poursuivre son règne pendant un long moment. Même Vladimir Poutine ne s’y est pas trompé. Le président russe, présent en 2012 pour la finale olympique de Mikhaylin face à Riner, devrait faire l’impasse cette année. Et ne faire le déplacement que dimanche, pour un éventuel sacre de la Russie par équipes.