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Paris Grand Slam: qui représentera la France en moins de 73 kilos aux JO? Lutte indécise et passionnante

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Quatre catégories n’ont pas encore dégagé de représentant français pour les JO cet été. Les moins de 73 kilos sont encore quatre à prétendre au strapontin olympique. Présentation des quatre rescapés dans ce Koh-Lanta sur tatami qui ne se terminera peut-être pas ce samedi soir à Bercy.

Benjamin Axus, 29e mondial, le revanchard
C’est le mieux classé mais le judoka de l’AJA Paris XXe a peu à peu reculé dans la hiérarchie. Il n’a plus été appelé sur un grand championnat depuis les Mondiaux 2022 en Ouzbékistan (défaite au 1er tour). Cet hiver, il a même été laissé de côté pour les stages de préparation. Une pique peut-être salvatrice au moment du dénouement.

"Je me suis mis un peu dans ma bulle. Je suis resté de mon côté. Le fait de ne pas avoir été pris sur les stages m’a permis de rester concentré sur moi, de faire un travail précis sur moi." Le judoka aux longs segments a eu plusieurs fois l’occasion de s’affirmer comme le numéro 1. Non sélectionné pour les Europe à Montpellier, il avait râlé sur les réseaux sociaux. A Paris, il part en terrain connu. En 2022, il avait livré une journée remarquable terminée par du bronze. Il avoue qu’il est un peu "égoïste" pendant cette période âpre, notamment avec ses proches. "Bien sûr on a peur de ne pas être sélectionné mais j’ai surtout envie que ça ne fasse pas sur un choix un peu au hasard. Je que ce soit les performances qui parlent."

Orlando Cazorla, 63e mondial, le nouveau-venu
Il est tout frais en moins de 73 kilos. Monté il y a un an, le judoka de l’Etoile Sportive Blanc-Mesnil s’est presque immédiatement mis dans une spirale très positive, porté par le travail avec Jean-Pierre Gibert, notamment au sol. A Caen, en novembre, il semblait le plus fort sur les championnats de France. Guillaume Chaine lui barrera la route (3e). Cazorla a enchaîné avec une septième place au tournoi de Tokyo. A 23 ans, c’est le plus jeune du quatuor.

"J’arrive à être détaché de l’enjeu assure-t-il. La montée en 73 kilos m’a aidé. Je suis beaucoup plus libéré, j’arrive à attaquer sur une plus longue durée. Le sol est devenu une de mes armes. Si j’arrive à assembler le tout il y a quelque chose à faire." En 2021, il avait pris une médaille de bronze à Paris lors d’une édition "Covid" sans les meilleurs. Il a retenu une leçon de ce qui reste son meilleur résultat en carrière. "Sur cette compétition j’ai été moi-même, j’étais à la cool, c’est peut-être ce qui m’a manqué un peu derrière." Avec l’enjeu, sa décontraction sera-t-elle encore là ?

Guillaume Chaine, 134e mondial, le rescapé
C’est "le dinosaure" de l’équipe de France avec ses 37 balais. A Tokyo, il avait été impeccable dans la quête de l’or par équipe avec deux succès. Derrière, ce fan de pêche s’est abîmé les ligaments croisés du genou. Mais pas question de partir à la retraite.

"C’est une fierté pour moi d’avoir traversé ces générations et d’être l’aîné, de m’éclater sur le tapis d’être performant et pourquoi pas d’aller chercher quelque chose." Pour croire à Paris 2024, Chaine a été obligé de se sortir du piège des championnats de France. En novembre, il a frôlé l’élimination dès son premier tour avant de rallier la finale où il a été battu par Joan-Benjamin Gaba. Le Grenoblois va disputer son dernier Tournoi de Paris, une sorte de finale pour continuer à rêver avant de ranger le judogi. "Ce n’est pas une bataille contre les petites jeunes. Ça me tient à cœur de prouver que passé 30 ans on n’est pas à foutre au placard. Souvent on vous pousse vers la sortie alors que c’est à ce moment qu’on est le plus expérimenté." Chaîne connait son judo comme sa poche. Peut-être un avantage au moment où il faut garder son calme.

Joan-Benjamin Gaba, 45e mondial, le leader
En novembre à Montpellier, Joan-Benjamin Gaba était à repêcher à la petite cuillère après sa défaite dès le premier tour des championnats d’Europe. Le Francilien avouait une passe difficile. Il a tenté et réussi le pari d’aller se jeter dans le piège des championnats de France 1ere division deux semaines plus tard. La médaille d’or a consolidé son leadership sur la catégorie.

"Les France ne sont pas une compétition au niveau de ce à quoi j’aspire, pour moi c’était normal de gagner les France", relativise-t-il. Gaba se fait accompagner par un préparateur mental depuis plusieurs semaines. Un bienfait pour ce garçon, fan de rap, qui aimait garder ses douleurs pour lui. Travailleur, dur à faire tomber, il a travaillé ses offensives pour davantage aller chercher des ippons, son point faible récurrent. La catégorie des moins de 73 kilos est représentée lors de l’épreuve par équipe. Si aucun judoka ne se détache en individuel, Gaba part avec cet atout dans sa manche. Aux derniers Mondiaux, il a remporté trois combats dont celui de la finale où il a satellisé le Japonais Hashimoto.

Morgan Maury