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Riner : "Actuellement, je suis entre 142 et 143 kilos"

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Avant d’attaquer sa saison olympique ce dimanche aux championnats de France, à Rouen, Teddy Riner se livre pour RMC Sport sur son poids, ses blessures, sa préparation et ses remises en questions.

Pendant une heure, Teddy Riner en fait voir de toutes les couleurs à son sparring-partner Nico Kanning sur le tatami bleu et jaune de Levallois. Sous l’œil laser de Christian Chaumont, son coach dans le club des Hauts-de-Seine, l’octuple champion du monde travaille ses préparations d’attaque, ses confusions d’attaque mais aussi un uchi-mata (mouvement de jambe) sur lequel il avoue galérer.

La vitesse d’exécution est impressionnante chez le mastodonte de 143 kilos. Dimanche, il entamera sa saison olympique aux championnats de France 1ere division, à Rouen. A 271 jours des JO, il se livre à RMC Sport, notamment sur son corps qui ne l’a pas laissé en paix la saison dernière et ses remises en question, qui le font avancer.

Teddy Riner, vous lancez votre saison ce dimanche à Rouen à l’occasion des championnats de France 1ere division. Pourquoi ?

Je trouvais que c’était bien de reprendre sur le championnat de France car je prends beaucoup de ces adversaires, au quotidien, à l’entraînement. Savoir qu’ils me connaissent, qu’il y a un petit enjeu de préparation en année olympique... Ils donneront tout ce qu’ils ont pour essayer de me battre, m’empêcher de m’exprimer. C’est bien aussi de recommencer sur de la difficulté.

Quel est votre but dans cette compétition ?

Depuis que les Mondiaux sont passés, j’ai pris du repos et j’ai repris les chantiers de l’entraînement. Ça se passe bien, j’essaye de nouvelles choses. Je vais essayer d’en mettre quelques-unes en place sur ce championnat. Je veux surtout faire ce que je sais bien faire, m’exprimer, trouver des solutions et mettre en place mon schéma technico-tactique. Je veux aller chercher les meilleurs, enchaîner les combats. Il n’y a pas de : « Sur ce combat, je vais faire ci ou ça ». Je veux m’installer et mettre en place mes techniques.

Vous n’avez pas participé au Tournoi de Paris. C’est l’occasion de combattre devant le public français ?

C’est toujours un peu particulier les France, car il y a beaucoup de clubs ou de supporters des clubs qui se déplacent. Ça sera un plaisir de m’exprimer à Rouen, où j’ai effectué mes premiers pas dans le haut-niveau (il était au pôle espoir de Petit-Couronne) et devant un public français.

Comme nous sommes en année olympique, allez-vous prendre moins de vacances ?

Oui ! (Ferme) C’est sûr. Je vais prendre beaucoup moins de vacances. Mais si à un moment, j’ai besoin de prendre un peu plus de repos, je le prendrai. Il ne faut pas arriver fatigué sur les JO. Il faut être prêt et avec assez de fraîcheur pour s’exprimer. Il y aura beaucoup moins de vacances car j’ai envie de préparer, de travailler, de mettre toutes les chances de mon côté.

L’an dernier, ce sont les blessures qui vous ont embêté. Comment allez-vous gérer ce paramètre ?

Pour l’instant, tout va bien (rires). Il faut continuer à avoir cette hygiène de vie que j’ai acquise sur cette saison. Je m’accorde plus de temps de récupération. Je fais attention à plein de facteurs. La blessure fait partie du haut-niveau. Tout peut arriver. Mais moins on y pense, mieux ça se passe.

Est-ce qu’il arrive que votre corps vous envoie des signaux d’alerte, à 26 ans ?

Oui. C’est une petite douleur parfois, un truc qui se déclenche. Il faut être à l’écoute de son corps, ce que je ne fais pas toujours. Je me dis que ça va passer. En fin de compte, il faut arrêter avant que le point zéro soit là. Très souvent, débile que je suis, je vais trop loin.

Mais le propre du sportif, c’est de repousser ses limites...

C’est ce qui est très difficile à comprendre. On doit se mettre dans le rouge, dépasser ses limites. Mais parfois, le corps nous donne des informations dont il faut tenir compte. Ce n’est pas toujours évident à comprendre.

Concrètement, est-ce que vous faites des efforts sur la nourriture ?

Bien sûr. Mais ce n’est pas évident parce que lorsqu’on est blessé, on ne s’entraine pas de la même manière et on prend du poids. Mes problèmes de poids viennent de là. Je fais attention et comme je m’entraîne correctement, ça va. Je me fais des petits plats, mais je suis aussi suivi par une nutritionniste. Elle me donne les bases pour faire descendre le poids. Actuellement, je suis entre 142 et 143 kilos mais d’ici les Jeux, ça descendra.

Allez-vous vous cacher de vos adversaires ?

Non. Il y aura beaucoup de stages à l’étranger, mais je ne vais pas montrer toutes mes cartes à mes adversaires. Il faut être un minimum intelligent et ne pas tout montrer.

Après les championnats du monde, vous aviez déclaré qu’en équipe de France, certains devaient mettre leurs actes en accord avec leurs paroles. Pouvez-vous expliciter ?

Il faut travailler. Lorsque je dis ça, c’est simple : "Tu veux devenir champion, lève-toi, va t’entraîner, aie une bonne hygiène de vie et donne tout sur le tapis". C’est tout. Pour arriver fin prêt sur un championnat, il faut juste se préparer, s’entraîner. Je ne dis pas que c’est donné à tout le monde, mais il y a un minimum quand on prétend être le meilleur de son pays, d’un continent ou du monde.

Que représente pour vous Levallois, votre club ? Qu’est-ce que vous y travaillez ?

Ici, c’est le laboratoire. C’est là où on travaille ce qu’on sait faire. C’est aussi là où on essaye d’avancer, de trouver de nouvelles solutions, un nouveau schéma pour créer une surprise face à un adversaire qui me connait un peu trop.

C’est comme la Batcave de Batman ?

(Rires). C’est là où Superman est né. Là où Hulk casse tout. Quelle est l’importance de cet endroit dans votre réussite ? Il y a Christian Chaumont le coach, Nico le sparring. C’est 40-50% de ma réussite. Dans le reste, il y a de l’entraînement, la préparation physique, la psychologie, Franck Chambily (entraîneur) à l’Insep.

Pour quelle raison serez-vous champion olympique à Rio ?

La technique (il le répète). C’est ce qui me permet d’avancer. Je peux dire que j’ai trouvé une solution en faisant ça. C’est un peu comme si je me mettais à une table et que je discutais à trouver un problème et les solutions. Avec mon entraîneur et mon sparring, se dire : "Ça, ça va. Ça, ça ne va pas. Si je fais ça, que se passe-t-il ?". Je réfléchis. Quand je ne comprends pas certaines choses, ça m’arrive de me mettre dans mon coin et de réfléchir. Je m’assois, je ferme les yeux, je réfléchis. Ce sont des choses qui me prennent la tête, des remises en question. Mais c’est aussi ce qui me fait avancer, trouver des nouvelles orientations techniques.

Morgan Maury