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"C’était un autre espace temps": Grousset savoure après ses deux médailles d'or aux Mondiaux de natation

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Après avoir brillé dans les bassins la semaine dernière, récoltant quatre médailles lors des championnats du monde de natation, dont deux en or, Maxime Grousset était l'invité exceptionnel de l'émission Intégrale Sport sur RMC. Il est notamment revenu sur son record d'Europe sur le 100m papillon, en brisant la barrière des 50 secondes.

Maxime Grousset, est-ce que vous réalisez la folle semaine que vous venez de vivre?

A vrai dire, pas vraiment. J’ai vécu le moment à 100%, j’ai pris un maximum de plaisir.

Quelle est l'image de ces Mondiaux que vous garderez en tête?

L’image la plus dingue? Quand je casse la barrière des 50 secondes sur le 100m papillon et que je monte sur la ligne en hurlant de joie. J’ai senti ma gorge vibrer mais je ne me suis pas entendu, c’était un autre espace temps.

Est-ce que vous sentez que vous avez changé de statut?

Oui, je sens que je suis considéré différemment, depuis Fukuoka déjà. Dans l’équipe j’ai senti que je représentais autre chose. On compte vraiment sur moi sur tout, sur les relais etc. Grâce aux médailles d’or, on est troisième nation, première européenne et on peut être fier de cette équipe.

Justement, cette équipe, comment jugez-vous cette évolution?

Je pense qu’on récolte les fruits de ce qui s’est passé l’année dernière avec les JO, que moi à titre personnel je n'ai pas forcément réussi à mettre en place mais je sens que cette équipe a changé, il y a plus de jeunes et c'est vrai qu'on sent qu'il y a une énergie différente. Je m'entends vraiment très bien avec les jeunes et j'essaye de passer au maximum le témoin et de donner envie à ces jeunes de faire des médailles et des podiums.

C’est quoi le problème sur le 100m libre (7e en finale), est-ce que c’est technique? La crispation de vouloir trop bien faire?

Je pense que c'est la crispation. Dans la finale, j'ai été crispé comparé à la demi-finale où je fais quasiment mon meilleur temps et je le fais assez facilement. Je pense qu'il y a des choses que j'ai réussi à mettre en place en crawl toute l'année que je n'arrive pas encore à mettre en place en compétition sur 100 mètres en entier. Donc voilà, il me reste du travail et je continue à progresser et ça c'est chouette.

Le 100m nage libre, vous le disiez à l'issue du relais, vous avez encore envie de l'explorer?

Ouais, malgré que les chronos descendent encore et encore. On a eu beaucoup de 46 secondes pendant ces championnats du monde. Il y a eu déjà beaucoup, beaucoup de grosses performances sur ce 100m nage libre. Mais je n'ai pas envie d'abandonner, c'est toujours une course qui me fait vibrer et qui me donne envie en fait.

Après votre déception des Jeux olympiques, vous n'avez jamais remis en question votre structure et votre entraîneur, Michel Chrétien. Qu'est-ce qui fait aujourd'hui que vous êtes si forts ensemble?

Je pense honnêtement qu'il est indispensable à ma réussite, qu'il fait partie de mon parcours, qu'on apprend encore des choses ensemble, aussi bien lui que moi. Lui, il a ses idées et j'ai aussi les miennes, donc on est un duo qui fonctionne très très bien. Maintenant ma structure, c'est vrai que ça fait un moment qu'elle n'a pas changé, mais les gens qui gravitent un peu autour de moi ont un petit peu changé. J'ai évolué sur pas mal de choses en prépa physique, j'ai fait un peu plus de préparation mentale cette année donc il y a des choses que je mets en place et qui me font progresser mais c'est vrai que le noyau c'est quand même je pense le nageur et entraîneur.

Grousset pas amer malgré son raté à Paris 2024

Quelles étaient les causes que vous aviez identifiées après les Jeux de Paris et qu'avez-vous mis en place pour changer cela?

Ce que j'ai vraiment identifié à Paris, c'est que je ne ressentais plus les choses. J'étais un peu vide alors que j'étais plein d'énergie. C'est vraiment spécial à décrire mais voilà je ne me sentais pas vivre le moment alors que là j'ai décidé de vivre chaque instant pleinement à 100% et je pense que c'est juste ça qui fait la différence. Bien sûr avec le physique je pense que j'ai évolué sur certaines choses dont mes coulées, mais ça en fait beaucoup de vivre les moments et de prendre un maximum de plaisir.

On est un an après et c'est vrai que cet événement, les JO, on vous en avait parlé depuis des années. À un moment, il y avait de la saturation?

Oui, je pense que de toute façon pour moi c'était un rêve de gosse de faire champion olympique. Quand on voit ce que je suis capable de faire sur des championnats du monde très relevés, c'était je pense à ma portée, mais ce n'est pas évident. C'est comme ça, ça fait partie de mon histoire maintenant et je l'assume complètement. Et c'est sûr que je pense qu'on en a un peu trop parlé, on me l'a un peu trop rabâché pendant les deux dernières années et vraiment la dernière année c'était le pire. Même les gens que je connais pas vraiment et qui me reconnaissaient c'était "allez pour les Jeux, allez !" tout le temps. Cette année c'était un petit peu plus cool, on a beaucoup moins parlé juste avec mes proches et franchement c'était plus facile à vivre.

Avec votre chrono de 49 secondes 62 (sur le 100m papillon), vous êtes le deuxième performeur de l'histoire, à 17 centièmes de Caleb Dressel. C'est une énorme performance et quelque chose qui change beaucoup de choses?

Ouais ça change tout, en plus j'avais vu des interviews de lui qui expliquait qu'il ne pouvait pas faire mieux en termes de respiration, de coups de bras, enfin en tout cas qu'il avait fait vraiment une course parfaite. Moi j'estime que je peux encore faire mieux, mais c'est sûr que ça va pas être facile du tout. Franchement je n'y croyais pas du tout, quand j'ai vu le chrono, j'ai explosé en fait, déjà quand j'ai vu la lumière en 1, j'ai explosé, mais après quand j'ai vu le chrono, je me suis dit : 'c'est irréel'. À ce moment-là, 49.6, je pensais être capable de briser cette barrière mais pas à ce point.

Vous faites aujourd'hui du papillon, du crawl, du 50m et du 100 mètres. Est-ce que vous croyez qu'on peut être champion olympique en papillon et en crawl ? Ou est-ce qu'à un moment donné, il ne faut pas se spécialiser davantage pour être sûr de mieux réussir son combat?

Je ne sais pas, je pense que ce qui m'a fait progresser c'est de beaucoup travailler en crawl. Je n'ai pas fait beaucoup de papillon encore cette année. Je n'en ai quasiment pas fait, que sur des petits exercices ou des séries dont j'étais entre guillemets sûr de réussir. C'est un gros mot sûr de réussir, mais je veux dire que je me sentais de faire la série en papillon. Je n'ai vraiment pas fait beaucoup de papillons cette année mais je ne sais pas, c'est une nage que j'ai en moi qui est, je veux dire, pas innée mais voilà, c'est assez naturel, ouais.

On vous a rabâché les oreilles avec Paris 2024, maintenant on va faire la même chose avec Los Angeles 2028. Est-ce que la route est tracée maintenant et ce qui s'est passé cette semaine modifie votre perception des années à venir?

Non, la route n'est pas tracée. Je pense que j'ai encore du chemin à faire, j'ai des concurrents sérieux qui ont très faim. Mon but ça va être d'écraser, enfin pas d'écraser mais de survoler ces trois années. En fait, j'espère gagner tout le temps. Mon but c'est de gagner chaque année mais ce n'est pas quelque chose qui va être facile.

Vous êtes deux doubles champions du monde dans ces Mondiaux en équipe de France avec Léon Marchand. Comment avez-vous vécu et traversé cette semaine ensemble?

Il y a toujours un petit sourire, un petit tape sur l'épaule même quand on fait les séries, même quand je le vois ce matin sur le 400m quatre nages qui était un peu un peu difficile pour lui. On se comprend tout de suite en fait, et on a la même énergie et l'envie de réussite donc ça matche bien.

Est-ce que vous vous projetez déjà sur la prochaine saison?

Oui, j'y pense un peu trop et il faut que je coupe, je pense qu'il va falloir que je coupe mon mental sur tout ça, que j'intègre tout ce qui vient de se passer mais que je prenne du repos et que je parte en vacances.

CMP