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Championnats de France: Stravius, comme un malaise avec Chrétien, son coach depuis dix ans

Stravius

Stravius - AFP

La fin de l’histoire entre Jérémy Stravius, qui a mis un terme à ses championnats de France ce vendredi à Saint-Raphaël, et Michel Chrétien, son entraîneur depuis dix ans, semble inéluctable. Les deux hommes ne sont visiblement plus sur la même longueur d’onde.

Jérémy Stravius a mis fin à ses championnats de France ce vendredi à Saint-Raphaël. Qualifié en début de semaine sur 50m dos et 100m nage libre pour les championnats d’Europe de Glasgow (3 au 9 août), il a renoncé aux trois dernières épreuves sur lesquelles il était encore inscrit: le 50m papillon, le 200m nage libre et le 100m papillon. "Mon objectif est déjà rempli, j’étais venu pour les billets du 50m dos et du 100m nage libre. Je voulais m’amuser sur le 200m nage libre, mais je pouvais prendre la place de quelqu’un d’autre, donc il s’agissait de ne pas tout chambouler pour ceux qui veulent une place en équipe de France", nous a-t-il expliqué brièvement ce matin.

Une semaine de championnat tronquée qui a laissé éclater au grand jour le malaise avec son entraîneur de toujours, Michel Chrétien. La fin de l’histoire semble inéluctable. C’était à chaud, mercredi, après sa finale du 100m nage libre, battu par Mehdy Metella dans un chrono loin de ses espérances (48"90). C’était un peu décousu et l’on sentait toute sa frustration s’échapper. "Clairement, je suis dégoûté du travail que je fais par rapport à mes résultats. Je pense que je n’ai pas l’impression d’être écouté à mon entraînement", a-t-il lancé. Dans le viseur, Michel Chrétien, son entraîneur depuis 10 ans. Une sortie qui a surpris. Jeudi, Stravius est venu arrondir les angles.

Plus sur la même longueur d’onde

"Sous le coup de la déception, j’ai dit des choses à chaud parce que je n’étais pas du tout satisfait de mon temps. Ça n’était pas forcément le moment de tenir des propos comme ça. Il sera temps après la compétition de débriefer tout ça. C’est un excellent entraîneur, on a fait énormément de belles choses ensemble et je ne peux pas lui dire que ce qu’il fait, c’est mauvais", s'est-il justifié. Mais le fond du problème reste le même. Stravius et Chrétien ne sont visiblement plus sur la même longueur d’onde. A bientôt 30 ans, le quadruple champion du monde évolue désormais à Amiens au milieu d’un groupe d’entraînement rajeuni.

Des jeunes qui brillent à Saint-Raphaël, présentés comme la relève de la natation française. Stravius réclame plus d’attention et une façon différente de s’entraîner. "Cette saison, il y a eu des hauts et des bas avec Michel. On s’est fritté un peu plus souvent que d’habitude. C’était compliqué, il y a beaucoup de jeunes, moi j’espère toujours un programme plus adapté. J’attends autre chose sur la méthode d’entraînement. J’étais persuadé qu’on allait changer des choses, qu’on s’engueule moins et j’ai été énormément déçu. Avec Michel on se connaît par cœur, je prends de la maturité et lui arrive peut-être moins à gérer cette tranche d’âge", a reconnu l'Amiénois.

Chrétien assure que le lien n’est pas cassé

Chrétien ne veut pas parler de "situation de crise" et assure que le lien n’est pas cassé, mais il place son nageur devant ses responsabilités. "On sent qu’il est à la recherche d’autre chose. Il s’interroge et il a le droit comme tout athlète. C’est à lui de prendre les décisions qui s’imposent à lui. Je n’ai rien à lui imposer, j’ai juste à appliquer ce que je sais faire de mieux. Maintenant c’est à lui de prendre des décisions qui correspondraient le plus à ses aspirations. Je ne vais pas dire que je lui renvoie la balle, mais ce n’est pas à moi de m’interroger c’est plutôt à lui de s’interroger, de bien réfléchir et de prendre la meilleure décision possible", a-t-il avancé.

"Et là à la limite je veux bien en discuter avec lui si il faut l’aider dans cette démarche", a-t-il complété. Après les JO de Rio où il avait décroché l’argent avec le relais 4x100, mais déçu en individuel (éliminé en séries du 100m et forfait sur 200m alors qu’il s’était qualifié pour les demi-finales mais avait voulu se préserver pour le relais), la rupture semblait déjà inéluctable. Il avait étudié plusieurs pistes pour quitter Amiens, comme Marseille, et même plus ou moins annoncé son départ en décembre 2016. Avant finalement quelques jours plus tard, contre toute attente, de revenir auprès de celui avec qui avait tracé son chemin depuis ses débuts.

Chrétien vers l'INSEP

Un chemin qui semble se transformer en impasse. "C’est à lui d’imaginer ce que va être son futur. Il faut qu’il imagine, qu’il prenne une décision ferme sur comment il veut aller à Tokyo, sur quelles épreuves et pour y faire quoi", a relancé Chrétien. Et avec qui, et où? Chrétien devrait très vraisemblablement prendre la direction de Paris pour prendre en main le pôle d’entraînement de l’INSEP. Stravius est viscéralement attaché à sa Picardie natale, ce qui avait déjà été un frein à toute mobilité après Rio. Il y développe en ce moment son après carrière de nageur avec l’ouverture prévue en janvier prochain d’un complexe ludique comprenant notamment un circuit de karting électrique.

Mais pour la première fois, jeudi, il laissait la porte entrouverte. "L’INSEP, j’attends que ça soit officiel et on parlera. Je ne sais pas s’il souhaite me prendre dans son groupe et ce qu’il proposerait ensuite. Ça risque d’être compliqué dans ma situation, mais pourquoi pas? A deux ans des JO, je serais prêt à faire des choix autres qu’à Amiens. Je ne suis pas fermé là-dessus même si mon projet est sur Amiens. J’en ai parlé à mes proches qui m’ont dit que ça n’était pas grave, que le projet se ferait même si je ne suis pas là, que c’était juste deux ans. Tu vises les Jeux donc vas jusqu’au bout! Après, il y aura des conditions et les miennes aussi", a-t-il expliqué.

"Il faut que je trouve un endroit où je suis stable et où je me sens bien et où je sens que je peux progresser", a-t-il souligné. En attendant, Stravius va préparer les championnats d’Europe de Glasgow à Amiens avec Chrétien. "On va rester comme on est. Avec sa méthode et si c’est la bonne normalement ça paiera", a-t-il assuré. Avant que leur route ne se sépare pour de bon?

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Julien Richard, à Saint-Raphaël