La grande réforme de la natation française attendra

- - AFP
La fin d’une époque. Côté bassin, la natation tricolore se souviendra de Rio davantage pour ses mélodrames que ses médailles, au nombre de deux. Des grands noms s’en sont allés (Yannick Agnel). D’autres ont choisi le retrait (Florent Manaudou). Au retour des Jeux, a émergé la nécessité d’un nouveau chemin à l’aube d’une olympienne qui nous entraînera très vite vers les Jeux de Tokyo en 2020.
Le plan proposé par le DTN, Jacques Favre, était simple. Trancher avec les habitudes en déplaçant les dates des championnats de France, qui outre les breloques nationales distribuent les qualifications pour les grands championnats européens et mondiaux. En clair, selon l’ancien modèle, les saisons se divisaient en deux grandes campagnes de préparation. L’une pour les championnats de France. Puis une autre pour les grandes compétitions estivales. La réforme portée par Jacques Favre propose de rapprocher la date des qualifications de celle des grands championnats. Et ainsi passer à une préparation au lieu de deux actuellement. Un modèle qui se pratique notamment aux Etats-Unis où les fameux « trials » sont très rapprochés des grands championnats.
Barnier : « Déçu qu’il ne sorte pas »
« Il faut faire évoluer nos mentalités mais aussi sortir d’une certaine routine, il y a cette rupture à faire et à proposer, explique ainsi Jacques Favre. Tout cela mérite encore d’être mis à plat. Il faut que derrière ça, on ait un maximum d’adhésion autour de nous. » Car faute de consensus, le plan attendra. Il n’y aura pas de chamboulement pour cette saison. Rien ne change vraiment. Favre souhaite en effet l’adhésion de tous les entraîneurs. Et si ces derniers n’ont pas de difficulté à se parler, les désaccords restent nombreux.
Il y a les pro-Favre, Romain Barnier en tête, entraîneur de l’équipe de France et manager du cercle des Nageurs de Marseille. « Le plan était là. Il était prêt. Il ne sortira pas parce que la Fédé souhaite une entente complète entre tous les entraîneurs. Moi il me convenait très bien, commente Barnier dans Direct Laporte. Ce n’est pas à la Fédé de lancer un plan de relance. C’est à nous les entraîneurs dans les structures. Ça se passe dans les clubs. La Fédé a un rôle d’accompagnateur. C’est un sport de quotidien. Je suis un peu déçu qu’il ne sorte pas. Les deux mots clefs pour moi sont liberté et du temps. Mais je ne suis pas pressé. »
Pellerin : « On gère la vitrine »
Les opposants sont cependant nombreux, à l’image de Fabrice Pellerin, entraîneur à Nice qui a notamment accompagné Yannick Agnel et Camille Muffat au titre olympique. « J’ai l’impression qu’on gère l’urgence, la vitrine et pas l’arrière-boutique. Je pense qu’une natation forte se construit dans l’arrière-boutique, lance Pellerin. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il y a une grosse divergence de stratégie portée sur la chose. Il n’y a pas accord. On entame une nouvelle olympiade. Si ça prend un an ou deux, ça sera trop. » Pour l’instant, la natation tricolore doit donc se contenter du « plan gavroche 2024 » lancé il y a un an pour mieux détecter les futurs talents, l’un des gros points faibles identifiés de la natation tricolore. C’est déjà ça.
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