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Romain Barnier allume la natation française : "Notre niveau d’ensemble est faible"

Romain Barnier

Romain Barnier - -

Sous le feu des critiques pendant les très décevants Jeux olympiques 2016 de la délégation française de natation, Romain Barnier sort de son silence. L’ancien entraîneur en chef de l’équipe de France dresse un constat alarmant de l’état de la natation tricolore.

Deux médailles d’argent seulement (Florent Manaudou sur 50m nage libre et le 4x100m nage libre messieurs), des psychodrames entre nageurs, des règlements de comptes… A Rio, pendant les Jeux olympiques 2016, la natation française s’est montrée sous son plus mauvais jour, loin des exploits de Londres 2012 (sept médailles dont quatre en or). Entraîneur en chef de l’équipe de France jusqu’au 31 août, Romain Barnier a pris la parole pour la première fois depuis le cauchemar brésilien.

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« J’étais le fusible »

Ces JO 2016 ont été difficiles à vivre pour l’ancien nageur : « J'ai pris énormément de balles pour tout le monde, et volontiers, car quelque part j'étais le fusible. J'ai porté le bilan de l'ensemble de l'équipe de France alors que j'aurais pu ne porter que mon propre bilan, parce que je suis entraîneur au quotidien, que j'habite Marseille, que je ne suis pas décisionnaire de tout et que je n'ai pas des leviers pour agir sur l'ensemble de l'équipe de France ».

La maigre récolte de Rio « n’est pas un si mauvais résultat que ça », estime Romain Barnier, qui prend aussi la défense de Florent Manaudou, en or en 2012 et seulement en argent cette année sur 50m nage libre : « Il a fait tellement de choses dans sa carrière que c’est presque un très mauvais résultat alors qu’on oublie la complexité d’être champion olympique. »

« En termes de piscine, de pratique de la natation, on est pauvre. Et ça fait un moment »

Selon Romain Barnier, la déroute vécue cet été était pressentie, mais ces craintes ne pouvaient être révélées avant le grand rendez-vous. « Il faut bien comprendre une chose : tu ne peux pas te dénigrer de manière publique, tu ne peux pas dire (avant les Jeux) que ça va mal se passer. Quand tu parles aux journalistes, tu parles aussi à tes athlètes qui lisent, qui écoutent. (…) Dans les conférences de presse, on est obligé de faire de la langue de bois parce qu’on parle aussi aux athlètes », explique-t-il.

L’entraîneur n’y va pas par quatre chemins : non, la natation française n’est pas si forte. « On a sorti quelques grands champions mais notre niveau d’ensemble est faible. Notre niveau, c’est 99,9% de nageurs qui ne peuvent pas avoir de médailles. En termes de piscine, de pratique de la natation, on est pauvre. Et ça fait un moment que ça dure. Il faudrait avoir un plan piscine, une vraie formation des entraîneurs ».

« Florent (Manaudou) a ce talent pour être dans les meilleurs du monde pendant quatre ans s’il le décide »

Le manager du Cercle des nageurs de Marseille se focalise désormais sur les Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Les championnats du monde 2017 à Budapest constituent la première étape : l’idée est de rapporter « une, deux ou trois médailles » l’année prochaine pour espérer des jours radieux au Japon.

Et quid de Florent Manaudou, qui fait une pause avec la natation et s’interroge sur la suite à donner à sa carrière ? Romain Barnier ne répond pas directement, mais il est persuadé que le nageur en a encore sous le pied. « Avec Florent, il y a la possibilité de faire de la performance, et pendant quatre ans. Même si ça veut dire que pendant quatre ans, il s’entraîne de janvier à juillet. Mais s’il revient, ce ne sera pas pour le faire à moitié. Ce serait une très grosse erreur. Il a pris des longues vacances et quand on se parlera, ce sera pour parler de choses vraies. » L’entraîneur n’a aucun doute sur ses capacités à retrouver le très haut niveau : « En 2014, Florent a repris le 15 octobre et huit semaines après, il est champion du monde en battant deux records du monde. Il est souvent fort dans les reprises, l’arrêt n’a pas le même impact sur lui. Florent a ce talent pour être dans les meilleurs du monde pendant quatre ans s’il le décide, même en s’arrêtant six mois. »

N.B avec AFP