Natation: casino, gros sous et show à l'américaine pour la finale de l'ISL

La finale de la première édition de l’International Swimming League se déroule ce vendredi et samedi à Las Vegas (21h45 heure française). Une piscine a été installée dans la salle de spectacle du Mandalay Bay Resort et Casino. Les deux meilleures équipes européennes - l’Energy Standard de Florent Manaudou, les London Roars d’Adam Peaty - et les deux meilleures équipes Américaines - L.A Current de Béryl Gastaldello et les Cali Condors de Caeleb Dressel - s’affrontent pour déterminer l’équipe victorieuse de la première édition. L’ISL espère un final en apothéose, avec déjà la suite en tête.
On y assiste normalement aux vocalises de Katy Perry et autres artistes de renommée mondiale, aux combats dans l'octogone de l’UFC ou sur les rings de boxe. Mais c’est bien une piscine qui a pris place au centre du Mandalay Bay Events Center de Las Vegas. Un bassin de 25m dans lequel les meilleurs nageurs de la planète vont donc faire le show vendredi et samedi. Et Vegas oblige, ce ne sera pas n’importe quel bassin puisque une des parois sur la longueur sera transparente. Les 3.500 places n’ont pour le moment pas toutes trouvé preneurs, mais les organisateurs espèrent remplir les gradins sur les dernières 24 heures.
De gros prize-money
Florent Manaudou affrontera de nouveau celui qui sera certainement son principal rival l’été prochain à Tokyo, l’Américain Caeleb Dressel. Des retrouvailles qu’il attend avec impatience, après avoir été dominé à Naples par la nouvelle star US de la natation. Et Manaudou ne s’en cachait pas au moment d’aborder les championnats d’Europe en petit bassin de Glasgow au début du mois: il a fait de cette finale ISL la priorité de son hiver. "L’ISL c'est ce qui nous fait kiffer en ce moment, même si un championnat d’Europe reste un championnat d’Europe, résume-t-il. Mais l’ISL, c’est cool, on se régale, il y aura encore plus d’adversité à Vegas. En plus je n'y suis jamais allé, si je peux mettre tout mon prize-money sur le rouge ou sur le noir…"
Le jackpot, les nageurs espèrent le toucher dans l’eau avant les salles des casinos. Le prize-money est doublé pour cette finale: 10 000 dollars pour le et la MVP à Vegas, et 50 000 dollars pour celui et celle qui seront désignés MVP de l’ensemble de la saison. Chaque nageur de l’équipe qui s’imposera ce week-end recevra 10 000 dollars (5000 pour l’équipe deuxième, 3000 pour le troisième et 1000 pour l’équipe quatrième).
Gastaldello vise le trophée de MVP
Un titre de MVP que brigue la révélation française de ce début de saison, Béryl Gastaldello. La nageuse vit aux Etats-Unis, nage sous bannière US avec l’équipe des L.A Current. Quintuple médaillée aux derniers championnats d’Europe, elle a battu trois records de France sur les étapes ISL et signé des victoires de prestige face aux meilleures sprinteuses de la planète.

"Je pense que l’ISL m’a apporté - je vais le dire en anglais - 'open my eyes' ça m’a ouvert les yeux, explique la nageuse de 24 ans. Ça m’a apporté le fait de voyager et de gagner un peu d’argent, parce que clairement c’est compliqué! Ça m’apporte un confort dans la vie, je vais pouvoir avoir des massages, un peu plus de sérénité. C’est compliqué de ne pas avoir beaucoup de moyens financiers. Je ne dis pas que maintenant je suis riche, très loin de là, mais ça m’apporte cette sérénité, du fait que j’aime bien être indépendante. Au lieu d’avoir mon mari qui m’aide à payer le loyer etc… J’aime beaucoup et ça m’aide beaucoup niveau confiance."
L’autre Française en forme de ce début de saison, Marie Wattel, nagera à Vegas avec le bonnet des London Roars. "J’ai vraiment envie d’aller chercher une grosse perf' sur le 100m papillon, d’aller titiller ou même battre les meilleures mondiales", assure Wattel. L’ISL, une chance pour la nageuse qui s’entraîne à Loughborough en Angleterre: "C’est important, surtout sur une année olympique, de pouvoir se confronter aux meilleures. Des confrontations, on n’en a pas beaucoup dans l’année, ce sera peut-être la seule et il faut en profiter. J’ai envie d’apprendre à me mesurer aux meilleures et essayer de leur montrer aussi que je suis là. C’est pour ça que j’ai voulu privilégier l’ISL, pour l’expérience, et aussi mettre un petit coup de pression aux autres. Enfin j’espère."
Un système d'équipes qui plaît
Si de l’extérieur, ce concept d’équipes aux compositions cosmopolites avec des noms parfois un peu baroques (Energy Standard, Iron, Aqua Centurions) peut paraître un peu abstrait, les nageurs ont adoré.
"Je ne fais pas partie des têtes d’affiches, des meilleures mondiales, mais ils s’en foutaient, raconte Fantine Lesaffre, qui appréhendait son entrée dans l’équipe de Florent Manaudou l’Energy Standard. Mais il m’ont accueillie, moi la petite Française. Ils m’ont introduite dans l’équipe, ils m’ont parlé et maintenant on se 'check', on se fait des câlins, on s’encourage pour chaque course, on est une vraie petite famille. Se battre pour un équipe avec plein de nations, de gens qui ne se connaissent pas à la base et qui maintenant s’entraînent et se battent ensemble pour le même but, je trouve ça exceptionnel. Cet esprit d’équipe, même si pour nous les temps c’est important, là on s’en fout, ce qui compte c’est la place que l’on fait, les points que l’on rapporte et dès qu’on plonge, on a envie de se battre pour les autres. C’est une grosse expérience."
Et après Vegas?
L’ISL entend monter en puissance pour sa deuxième saison et annonce même 27 dates, contre sept pour la première édition. Deux nouvelles équipes vont voir le jour, basées à Tokyo et Toronto. La compétition se déroulera toujours et entièrement en bassin de 25m, avec une phase régulière de deux poules de cinq équipes. Chaque équipe organisera deux matchs à domicile. En plus de ces 20 matchs de poule, cinq matchs supplémentaires se dérouleront dans des lieux neutres et que l’ISL veut spectaculaires, comme sur une plage au Brésil. Les premiers de chaque poule seront directement qualifiés pour la finale. Les deuxièmes et troisièmes de poule s’affronteront en play-off pour gagner leur place.
L’Energy Standard, équipe de Florent Manaudou, Charlotte Bonnet et Fantine Lesaffre, aura désormais une identité française et s’appellera l’Energy Standard Paris. Les dirigeants de l’équipe vont donc devoir organiser deux rencontre sur le sol français. Quatre sites sont envisagés: le Vélodrome, Paris-La Défense-Arena à Nanterre, le bassin de la Villette ou encore le stade Pierre-Mauroy de Lille. Conçu sur le modèle du sport US, l’ISL va ouvrir une période de "draft" de mi-février à mi-mai, où les équipes pourront recruter, et se piquer les nageurs. A l'américaine.