RMC Sport

Nouvelles épreuves de natation aux JO 2028: "L'impression qu'on recommence une nouvelle carrière", salue Mélanie Henique

placeholder video
Trois nouvelles courses de natation feront leur apparition aux Jeux olympiques d'été de Los Angeles 2028: les 50 mètres de spécialité (papillon, dos, brasse). Ce qui est presque inespéré pour la nageuse française Mélanie Henique, grande spécialiste du 50m papillon.

"Ça relance tout!" Mélanie Henique a appris la nouvelle depuis Stockholm où elle s'apprête à disputer la première compétition depuis les Jeux de Paris. Le comité international olympique a officialisé le programme de la natation aux Jeux olympiques de Los Angeles. Et trois nouvelles courses font leur apparition: les 50 mètres papillon, dos et brasse.

Ces trois 50m de spécialité sont disputés aux championnats du monde depuis 2001, mais étaient jusque-là absent du programme des JO. Une aubaine pour les sprinteurs spécialistes de ces épreuves. À l'image de la Française, triple médaillée mondiale sur le 50m papillon (argent en 2022 et 2024, bronze en 2011).

Douze fois championne de France sur cette course, Mélanie Henique confie avoir "l'impression qu'on recommence une nouvelle carrière." Elle aura 35 ans à Los Angeles en 2028 où elle aura enfin, après près de vingt ans de carrière internationale et pour ses quatrièmes JO, l'occasion de tenter de briller sur sa distance fétiche.

RMC SPORT. Quelle a été votre première réaction quand vous avez appris la nouvelle?

MÉLANIE HENIQUE. J'étais en séance de Pilates et j'ai vu un message de Sarah (Sjöström, nageuse suédoise 14 fois championne du monde, triple championne olympique, détentrice des records du monde sur 50m et 100m nage libre ainsi que sur 50m papillon), puis que j'avais beaucoup de notifications et beaucoup de messages d'un coup. Je me suis demandé ce qu'il se passait! Et j'ai lu le message de Sarah qui me disait que les trois 50 mètres de spécialité étaient ajoutés au programme des JO. J'étais tellement contente, tellement heureuse, parce que ça fait des années qu'on attend ça. C'est trop bien parce que ça permet aussi à plein de sprinteurs qui voulaient peut-être arrêter après Paris parce que leur 50m de spécialité n'était pas au programme. Ça relance vraiment la compétition, c'est trop chouette.

Est-ce que vous aviez abandonné l'idée que ça arrive un jour?

En vrai je n'y pensais plus du tout! C'est pour ça que quand cette nouvelle est tombée je me suis dit: "Oh! Vraiment?" Parce que je me souviens qu'on avait déjà fait la demande après les Jeux de Rio. Donc ça date de 2016! Et on sera en 2028, vous imaginez... Du coup je me dis, on éloigne la retraite!

Concrètement ça va changer quoi pour vous ? En termes de motivation notamment et d'envie.

Ça change beaucoup de choses. J'ai toujours fait ma carrière sur le 50m papillon. J'ai commencé sur ça, mes médailles sont sur cette épreuve. Et de pouvoir la nager aux Jeux olympiques... On peut commencer à vraiment penser à une médaille et travailler pour. Il reste trois ans et demi, ça relance tout en fait. C'est génial! Je savais que j'allais continuer jusqu'à Los Angeles, mais là c'est un gros bonus. J'ai l'impression qu'on recommence une nouvelle carrière.

De vos premiers Mondiaux en 2009 à Rome à Los Angeles 2028, ça fera presque 20 ans de carrière en équipe de France, il aura fallu être patiente!

De la patience et beaucoup de persévérance. Je trouve que cette décision vient aussi récompenser toutes ces années de travail où ça a été dur. Parce que les Jeux olympiques ne m'ont pas forcément réussi, ni à Rio (32e sur 50m nage libre), ni à Tokyo (demi-finaliste 50m nage libre), ni à Paris (22e sur 50m nage libre). Du coup, ça relance quelque chose. Ça ajoute une épreuve aux Jeux olympiques où je pourrai nager deux fois! (rires) Et pour la natation en général, pour le sprint en général, je trouve que c'est très important.

C'est une relation particulière que vous avez avec ce 50m papillon...

Mon 50 pap, c'est une grande histoire. Depuis toute petite, depuis que j'ai onze-douze ans, j'affectionne vraiment cette épreuve. Elle me tient à cœur. Le 50 pap c'est ce que j'ai quasiment tout le temps gagné aux championnats de France. C'est aussi quelques médailles au niveau international. Quand je nage ce 50 pap, c'est presque naturel, presque quelque chose qui m'appartient. C'est trouver le bon ratio entre la puissance et le relâchement. Il y a toujours quelque chose à modifier, toujours des tas de choses à penser. J'ai plus l'impression que c'est cette épreuve qui m'a choisie plus que moi qui l'ait choisie. J'y ai mes souvenirs à Budapest en 2010, ma première médaille européenne. Et puis Shanghai 2011 (bronze mondial), c'était incroyable. Je sortais de mon bac. Je me suis surpris à oser penser à une médaille mondiale et ça l'a fait, avec le record de France à l'époque. C'est fou je m'en souviens comme si c'était hier.

À quel point ça a été un casse-tête, une frustration, pour vous de chaque fois devoir se dire qu'il fallait travailler une course, le 50m nage libre, qui n'est pas votre spécialité pour espérer disputer les JO?

Le défi de passer sur 50 mètres nage libre a été hyper joyeux. C'était pour moi un gros défi, mais c'était toujours joyeux parce que parce qu'on ne fait pas ces sports-là pour avoir peur. Mais c'est vrai qu'il y avait une certaine frustration en me disant que mon épreuve de prédilection c'est quand même le 50m papillon, pas le 50m nage libre. Et à très haut niveau, pour le moment, il est quand même clairement inférieur. Il suffit de tomber sur un jour un peu moins bien comme aux Jeux à Paris l'été dernier où ça s'arrête là, on ne sait pas trop l'expliquer. Et ça balaye quatre ans de travail. Donc le 50m pap va ouvrir tout ça, mettre un peu moins de pression et permettre d'envisager deux épreuves aux JO. Pour moi, c'est quand même énorme.

Ça peut changer quoi cette arrivée des 50m de spécialité au programme des Jeux pour la natation mondiale?

Ça donne une réelle place aux sprinteurs et je trouve que ça met tous les nageurs dans l'égalité. Par exemple, j'ai dû changer d'épreuve pour participer aux Jeux olympiques. Là, on peut vraiment viser quelque chose. Je pense que c'est pareil pour tous les autres nageurs. Je pense à Adam Peaty (britannique double champion olympique du 100m brasse et recordman du monde du 50m brasse) qui a réagi et dit qu'il serait là sur le 50m brasse. Farida Osman également, la nageuse égyptienne sur 50m papillon qui je pense va reprendre sa carrière. Elle avait arrêté à cause de ça parce qu'elle est ultra spécialiste du 50m papillon. Et c'est compliqué de changer d'épreuve ou de monter sur 100m. C'est vraiment une belle opportunité de mettre tout le monde au même niveau.

Propos recueillis par Julien Richard