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Mondiaux de natation: "C'est une revanche pour mon frère", l'interview très forte d'Henique après sa médaille

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Sacrée vice-championne du monde sur le 50m papillon, Mélanie Henique a dédié cette broloque à son frère récemment décédé, tout en gardant la motivation pour aller encore plus loin.

Où allez-vous chercher votre force?

Je vais la chercher dans mes proches mais j'ai toujours l'habitude de voir la vie du bon côté. Ces choses qui m'arrivent au quotidien font partie de ma vie, de mon histoire et je veux me servir de ça pour aller chercher le meilleur de moi-même. On mérite tous d'être heureux et de réussir ce qu'on met en place, tous les jours. On travaille, avec Julien mon entraîneur, et cette médaille vient couvrir quelque chose de précieux. En 2019 aux championnats du monde où je n'ai pas eu de qualification, je me suis remise en question pour réussir les championnats d'Europe. Ça a été le point de départ et là, c'est encore autre chose et ça viendra combler autre chose pour l'année prochaine, et pour les JO. Ça fait 13 ans que je suis en équipe de France et j'apprends encore. C'est ça qui me rend forte.

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Comment est cette médaille?

Cette médaille est belle et lourde, c'est une médaille 11 ans après, c'est incroyable. Quand on ne lâche rien, on peut être encore là. Peut-être que l'année prochaine, il y aura une marche en plus, mais je vais kiffer celle-là.

Que représente la natation pour vous?

J'allais à la piscine avec mon frère quand j'étais jeune. On allait à la piscine parce que la vie n'était pas facile. C'est presque lui qui m'a appris à nager. je me suis rendue compte qu'il était très lié à ma natation. Le plus dur, c'est de se dire qu'il n'est plus là pour partager ça avec toi (son frère est décédé en début d'année, ndlr). De toute façon, il sera toujours là. Il m'a beaucoup appris. A travers sa confiance, j'avais confiance. Je dois me faire confiance différemment.

Où était-il ce soir?

Je l'ai placé derrière le plot, à l'arrivée. Je suis super heureuse. Ma première réaction est que je n'ai pas gagné, donc c'est bon signe. Mais je suis derrière Sarah (Sjoestroem). Tous les jours, ce n'est pas facile. Mon frère n'est plus là depuis cinq mois mais j'ai eu d'autres épreuves difficiles. Ce qui me rend fière, c'est de réussir des choses comme là, ce soir. Je me dis: 'ils ne m'auront pas, il ne m'aura pas.' Il n'y a pas de revanche, je ne suis plus en colère. C'est une revanche pour mon frère car on en a beaucoup chié. Ma mère doit être aux anges. Ça aussi, c'est pour elle. Je ne le fais pas pour donner une leçon, mais si ça peut servir d'exemple aux jeunes qui sont dans la galère.

Propos recueillis par Julien Richard, à Budapest