Angleterre-France: ce qu'il faut retenir de la "magnifique" défaite des Bleus à Twickenham

La très belle première mi-temps des Bleus
Avec 68 sélections au total dans le XV de départ français, contre 762 pour les Anglais, on promettait ce dimanche l’enfer aux jeunes Bleus, et une fessée peut-être pire que celle de février 2019 à Twickenham (44-8). Mais cette équipe-là avait visiblement à cœur de faire déjouer les pronostics. Mordants dès le coup d’envoi, solidaires, adroits au pied, et plutôt joueurs, les hommes de Fabien Galthié ont surpris un XV de la Rose qui se voyait sans doute un peu trop beau.
Malgré une pénalité précoce de Farrell, la France a inscrit le premier essai de la rencontre sur un petit exploit personnel de Jalibert, conclu par Dulin (7-3, 15e), et a continué sa course en tête grâce à un 100% de l’ouvreur bleu face aux perches (13-6, 36e). Et que dire de la séquence défensive juste avant la pause? Alors que les Anglais pilonnaient la ligne, encore et encore, les avants français ont réussi à tenir pendant deux minutes, jusqu’à un en-avant adverse, pour garder le score inchangé en regagnant les vestiaires.
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…et la deuxième gérée au courage
Parce qu'ils ont commencé à légèrement accuser le coup physiquement, parce que les Anglais ont dû se faire remonter les bretelles à la pause, les Bleus ont été moins entreprenants en seconde période. Rarement dans le camp de l'Angleterre, Jelonch, Moefana et leurs camarades ont beaucoup dû défendre. Mais ils l'ont fait avec brio.
Malgré quelques coups de sifflet de M.Brace, les Français sont globalement restés disciplinés, ils n'ont jamais été enfoncés balle en main, et ont gratté quelques ballons extrêmement précieux, à l'image de Couilloud (67e) ou Villière (69e). Ajoutez à cela deux pénalités libératrices de Carbonel (70e, 76e), et voilà comment les Bleus menaient encore 19-12 à la dernière minute de jeu... jusqu'à ce cruel essai - transformé - de Cowan-Dickie dans les ultimes secondes (19-19).
La prolongation avec mort subite
Les têtes pensantes du rugby mondial ayant toujours plein d'idées, c'est donc dans un format inédit que se sont départagés Français et Anglais: une prolongation avec mort subite. Prolongation qui a failli tourner très vite en faveur du XV de la Rose, quand l'arbitre lui a offert une pénalité à 35m plein axe. Mais Farrell s'est encore loupé pour laisser les Bleus en vie. Une première fois. Après 15 minutes de bonheur en plus, le capitaine anglais a de nouveau pris ses responsabilités pour mettre fin au suspense, et offrir un succès étriqué aux siens (22-19).
Le festival Jalibert
Pour sa première titularisation en bleu, on attendait beaucoup Baptiste Couilloud ce dimanche. Et si le demi de mêlée lyonnais a rendu une copie très correcte, c’est surtout son compagnon de charnière, Matthieu Jalibert, qui s’est distingué. L’ouvreur bordelais n’a pas hésité à jouer balle en main, à provoquer les Anglais, et il a réussi à faire des différences individuelles, en témoigne son accélération sur l’essai de Dulin en début de match. Auteur d’un sans-faute au pied, il a également défendu dur quand il le fallait, et s’est montré vigilant sous la pluie de chandelles anglaises. Bref, un match de patron, jusqu'à sa sortie sur blessure (genou) à l'heure de jeu.
L’obsession anglaise pour le jeu au pied (et l'excellente couverture de Dulin)
Avaient-ils un peu trop lu la presse britannique, qui parlait toute la semaine de "farce" à venir, et de match à sens unique? Peut-être. Toujours est-il que les hommes d’Eddie Jones ont bafouillé leur rugby pendant plus d’une heure. Pris à la gorge par les jeunes pousses bleues, les sujets de Sa Majesté ont déjoué, et se sont longtemps obstinés à balancer de grands coups de pied dans les 22m tricolores. Sauf que Brice Dulin – bien épaulé par Jalibert – a été impeccable à la réception, et a plusieurs fois puni le XV de la Rose avec sa patte gauche.
Les étonnants échecs d'Owen Farrell
Même en jouant mal, l'Angleterre a tout de même eu l'opportunité de l'emporter devant ses 2000 supporters avant cette 95e minute de jeu. Problème: son buteur vedette, Owen Farrell, était dans un jour sans. Un vrai de vrai. Le joueur des Saracens a loupé non pas une, ni deux, ni trois, mais quatre pénalités "faciles" face aux poteaux, ou du moins largement à sa portée. Dont la première pour la gagne, après deux minutes en prolongation. Avant de se rattraper sur la suivante. Heureusement pour lui, malheureusement pour les Bleus.