
Doussain: "Pas de titre tant qu’on n’aura pas réglé ça"

Jean-Marc Doussain - AFP
Samedi dernier face aux Wasps, vous loupez deux pénalités (aux 12e et 26e minutes, alors que le score est de 0 à 0). Six points potentiels qui auraient pu permettre à votre équipe de s’imposer. Comment le vivez-vous pendant le match ?
J’essaye de ne pas douter car j’avais déjà vécu ce genre de mésaventures. Mais ça me fait râler car forcément ce n’est pas le même match si on mène six à zéro. Ça me tourne dans la tête, même si j’essaye de passer outre. Et c’est vrai que la première pénalité me pèse tout le match et c’est surtout pour ça que je rate la seconde. Parce que si j’avais mis la première, ça m’aurait libéré.
Le premier raté influence donc directement le deuxième ?
Oui c’est sûr. C’est ce qui me met un peu plus de pression. Après voilà, il faut que je gagne en expérience par rapport à tout ça pour devenir un buteur infaillible.
Ces échecs laissent-ils des traces à la fin de la rencontre ?
Si on avait gagné le match et qu’on n’avait pas pris cet essai, ça m’aurait tout de même embêté parce que c’est important pour l’équipe. Mais ça aurait été moins grave. Là, forcément, ça prend un peu plus d’ampleur. J’essaye tout de même de passer à autre chose, parce que le week-end prochain c’est encore plus important (NDLR : Toulouse peut se qualifier pour les quarts de finale en battant le Connacht, sans que les Irlandais ne prennent un point de bonus) et que même si on avait gagné aux Wasps, il aurait fallu s’imposer ce week-end. Mais il faut que je continue de travailler, et surtout mentalement, par rapport à ce genre de situation.
Votre manager, Ugo Mola, disait justement que le problème était plus d’ordre mental que technique. Quelle est la part entre ces deux paramètres ?
Je pense qu’il y a un peu de technique, mais il y a beaucoup de mental. Parce que ça fait un petit moment que je bute « pas trop mal », que je m’entraîne et que j’essaie de buter régulièrement. Donc comme je l’ai dit, c’est surtout le fait de manquer la première qui me fait déjouer lors des autres pénalités.
On est seul quand on bute ?
Seul oui et non. On essaie de se raccrocher à des moments où on a pu vivre ça. Il faut arriver à l’évacuer. Donc j’espère qu’on va se qualifier pour que je l’évacue plus facilement.
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Sauf qu’il n’y a pas de note technique quand on est buteur. Juste des statistiques « pures »…
C’est ça. Après, c’est sûr que tout le monde rapporte ça. Et surtout, ça a eu une influence sur le résultat du match. C’est vrai que si on avait gagné, ce serait passé plus « à l’as ». Mais c’est comme ça, c’est le rôle des buteurs. Je sais ce qu’il en est et, en tout cas, je m’entraîne pour être plus performant dans ce secteur.
Depuis quelques mois les buteurs toulousains sont montrés du doigt. En parlez-vous avec Sébastien Bézy ?
Forcément, on essaye de trouver des solutions entre nous, même si c’est plus personnel. Je pense qu’on travaille. Mais il y a une part mentale qui nous fait défaut depuis environ deux ans. Il faut arriver à gommer ça parce que quand on voit l’effort que l’équipe a fait face aux Wasps, et notamment nos avants, il faut récompenser le travail. Je pense qu’il n’y aura pas de titre ou de choses « grandes » tant qu’on aura pas réglé ce côté-là.
On essaye de ne pas lire ce qui s’écrit ? Les critiques peuvent faire mal ?
Je pense que j’ai passé cette phase-là. C’est vrai que quand on est un peu plus jeune, on regarde tout. Maintenant, j’essaye de passer à autre chose et j’espère que c’est ça qui me fera grandir pour ce rôle de buteur. De ne pas écouter tout ce qui se dit. Parce que quand on enquille, personne n’en parle, mais quand on manque des points importants, forcément on en parle plus. Mais c’est vrai pour tous les joueurs ! On peut critiquer Thierry Dusautoir et quand on voit le match qu’il a fait ce week-end dire : « Dusautoir, c’est quand même un super joueur ». C’est donc vrai à tous les postes. Mais peut-être encore plus sur les buteurs, car nous sommes plus visés.
Les coéquipiers sont importants dans ces moments ?
Bien sûr. Personne ne m’a dit : « c’est de ta faute ». Même si au fond de moi, je sais qu’on aurait pu gagner ce match grâce à ces deux pénalités. Mais tout le monde sait que je vais me remettre en question et continuer de travailler.
Justement, comment travaillez-vous à l’entraînement ? Comment gérez-vous ce côté mental ?
Il faut qu’on arrive à basculer sur quelque chose de positif. Et ça, chacun y travaille de son côté, avec ses outils personnels. Ou travailler mentalement avec quelqu’un en dehors du club. Mais ça, je pense que c’est du travail personnel. Il faut qu’on arrive à « basculer » pour être de grands buteurs.
Un esprit de revanche peut-il vous animer et vous servir pour la venue du Connacht dimanche ?
Je ne sais pas s’il faut tomber là-dedans mais dimanche il nous faut gagner le match. J’espère que ça ne se jouera pas à trois points (NDRL : cela voudrait dire que le Stade Toulousain est éliminé), mais il nous faut en tous cas la victoire. Et c’est sûr que les points vont compter et qu’il faudra tout mettre. Cependant, collectivement, si on réitère la même performance qu’aux Wasps, on gagnera ce match.
Pour valider une progression de l’équipe ? Ce match ressemble à un tournant…
Je pense. C’est important de se qualifier en quart de finale cette année, pour valider la progression de toute l’équipe. Parce qu’il y a un changement d’ère, de génération au Stade Toulousain et que pour les jeunes joueurs qu’il y a, dont je fais partie parce que malgré tout je suis encore jeune, c’est bien de relancer cette machine européenne. Parce que c’est l’identité du club, c’est ce qui a fait son histoire. Donc ce serait bien de se qualifier pour montrer le renouveau. Montrer que finalement, on n’est pas si mauvais au Stade Toulousain.