
Coupe du monde 2023: "World Rugby nous a broyés", l'international espagnol Lucas Guillaume confie sa détresse
"La machine World Rugby nous a brisés". Lucas Guillaume ne mâche pas ses mots après l'officialisation de l'expulsion de l'Espagne de la prochaine Coupe du monde de rugby, organisée en France en 2023.
World Rugby enterre le rêve de Mondial de l'Espagne
Homme de base de la sélection espagnole, le deuxième ou troisième ligne d'Albi s'est énormément investi ces deux derniers mois pour sauver son pays, malheureusement en vain. L'Espagne est sanctionnée pour avoir aligné pendant les qualifications un joueur non éligible. Le pilier sud-africain Gavin van den Berg avait été aligné à deux reprises face aux Pays-Bas (victoires 43-0 en 2020 et 52-7 en 2021) lors du Tournoi des six nations B, qualificatif pour le Mondial. Mais il n'avait pas résidé en Espagne pendant trois ans sans interruption de plus de 60 jours, condition nécessaire pour être éligible pour le pays, selon le règlement de World Rugby.
Ce lundi, la sélection espagnole a donc vu son appel rejeté par une commission indépendante et ne participera pas au tournoi l'an prochain en France. Une décision qui profite à la Roumanie, directement qualifiée pour le tournoi. Le Portugal pourra quant à lui prendre part, à la place de la Roumanie, au tournoi qualificatif final organisé en novembre 2022.
"En tant que petite fédération, on se fait broyer (...) Au final cela se joue dans les bureaux, pas sur le terrain"
S'il s'attendait à cette mauvaise nouvelle après la première décision en 2018, pour le même motif (utilisation de joueurs inéligibles), Lucas Guillaume accuse le coup au micro de RMC Sport. "Dans l'histoire des jugements de World Rugby, rarement une décision a été inversée. On n'est pas surpris de cette décision finale mais on voulait se bagarrer. Ma première réaction ça a davantage été il y a un mois quand ils nous ont sorti du Mondial. Je me suis dit que ce n'était pas possible d'être sortis comme ça. La machine administrative qu'est World Rugby nous a broyés. C'est compliqué, ce sont des années de sacrifices... Et ça fait deux fois qu'on nous enlève ça. On a plus que touché du doigt notre rêve de participer à un Mondial puisqu'on était qualifiés, on a vécu cette situation pendant quelques semaines et là on nous l'enlève. Se relever après ça, ça va être très compliqué."
Pour Guillaume, la décision relève davantage de la sphère politique. "On se rend compte qu'on se fait broyer en tant que petite fédération, qu'on ne devrait peut-être pas être là où on doit être, ça nous dépasse. C'est un sentiment d'impuissance, on n'existe pas dans les bureaux, sur le plan économique et c'est ce qui joue contre nous. C'est de l'administratif, nous on s'est fait endormir."
Le joueur d'Albi ne manque pas, non plus, d'égratigner sa fédération. "J'en veux à tout le monde au fond de moi. J'ai un sentiment de haine envers ces personnes dans les bureaux alors qu'à la fin on parle d'un jeu qui se joue sur le terrain. On a manqué d'accompagnement. J'en veux à ma fédération car elle a des responsabilités là-dedans, la façon dont ça a été géré, dont on a été défendus en première instance... La page est tournée mais cela va laisser des cicatrices indélébiles. Sur ma carrière de rugbyman professionnel aussi, cela a eu un impact, on m'a parfois reproché de jouer pour la sélection espagnole car c'est compliqué de se rendre disponible pour une équipe qui n'est même pas dans le top 10. On fait des sacrifices, des compromis avec des clubs... Et au final cela n'aboutit pas. J'en veux énormément à certaines personnes, oui."