Coupe du monde: Le "jour du jugement dernier" pour l’Angleterre

L’imagination fertile des journaux britanniques s’est montrée digne de l’évènement dans les kiosques du royaume ce samedi matin. Dans les pages sport des quotidiens, l’heure est à l’appel aux armes. Quinze hommes (plus quelques remplaçants) tiennent le destin de la patrie entre leur main. Et par l’intermédiaire de ses plumes, le peuple s’adresse directement à eux, à l’image de l’ancien centre sacré champion du monde en 2003, Will Greenwood, dans les colonnes du Telegraph dont la manchette est explicite : « Faites-le pour votre pays, faites-le pour vous-mêmes ».
« Vous représentez votre pays, votre nation. Vous portez un maillot avec une histoire, que vous allez continuer d'écrire aujourd'hui, lance Greenwood. Etes-vous des vainqueurs ? Voulez-vous que votre famille soit fière de vous ? ». Pour Greenwood, les joueurs de Stuart Lancaster doivent se servir de la peur pour sortir « le match de leur vie ». Tout aussi emphatique, le Guardian titre « Le monde sur leurs épaules » avec le capitaine Chris Robshaw en couverture du supplément sport. Dans sa double page centrale, le quotidien met la pression sur le sélectionneur avec ce titre « Maintenant ou jamais pour Stuart Lancaster ». Une rédaction du Guardian qui se montre néanmoins confiante. Aucun des sept journalistes du quotidien ne voit l'Angleterre perdre ce soir. On prédit ainsi un succès étriqué avec 3 ou 6 points d'écart. Eternel optimisme anglais…
« Lancaster face à son Everest »
Deux hommes focalisent l’attention des medias : le capitaine Chris Robshaw, ciblé par les critiques après la défaite face au pays de Galles (28-25) et le sélectionneur Stuart Lancaster. Le Daily Mail titre ainsi « La dernière chance d'un capitaine ». Pour le Times, il ne s’agit ni plus ni moins que du « Jour du jugement dernier ». Pour le journaliste Owen Slot, il s'agit d'éviter « la plus grosse catastrophe de l'histoire de la Coupe du monde ». Les joueurs anglais sont exhortés à penser à la dette d'honneur qu'ils ont envers leur sélectionneur et envers le pays tout entier. Et pour se donner un peu de baume au cœur, le Times rappelle les victoires anglaises sur l'Australie tous sports confondus depuis trois ans (cricket, athlétisme, tennis). Les Anglais l'emportent 10 à 2.
Le Sun verse quant à lui dans la métaphore cinématographique, surfant sur la sortie du film « Everest »… que Lancaster est allé voir. Le tabloïd titre ainsi « Lancaster face à son Everest ». S’il est en panne d’idées, le sélectionneur pourra s’inspirer des clefs données par l’un des prédécesseurs, l’illustre Clive Woodward, sacré en 2003. « Pas de pénalité, pas de carton jaune, pas de coup de pied facile, prévient Woodward dans le Daily Mail. Ne pas leur laisser un centimètre ». Le journal pousse même le conseil jusqu’à proposer un schéma sur comment marquer un essai face aux Australiens (un essai marqué ici par Ben Morgan). Si avec tout ça, l’Angleterre ne passe pas…