
Coupe du monde: les Anglais sont lancés
Un match d’ouverture décevant
Certains amateurs de football y verront l’argument suprême pour refuser la mise en place de la vidéo. Quatre interruptions pour visionner des actions litigieuses lors de la seule première période, c’est beaucoup. Et cela engendre forcément une rencontre très hachée. « C’est un match dans lequel il n’y a pas beaucoup de rythme, estime Thomas Lombard, membre de la Dream Team RMC Sport. C’est un match d’ouverture de Coupe du monde, on sait que ce ne sont jamais des matches très aboutis. Et en plus il flotte. »
La pluie, la pression, voilà qui peut expliquer ces étonnantes imprécisions, particulièrement du côté anglais. Mais ce qui explique les nombreuses interruptions de match, ce sont les consignes données avant le début de ce Mondial. « Il faut remettre ça dans le contexte des consignes données aux arbitres sur une extrême vigilance sur la santé des joueurs, ajoute Lombard. Et il faut savoir qu’il n’y a pas que l’arbitre de champ et qu’à tout moment, l’arbitre vidéo peut appuyer sur le bouton et signaler à l’arbitre de champ qu’il y a eu brutalité. » Les joueurs sont prévenu, le moindre geste un tantinet dangereux sera signalé. Et le spectacle n’en sera que plus limité.
Des Anglais pas sereins
« Je suis formellement inquiet », lâchait Richard Pool-Jones en voyant la mêlée anglaise (pourtant censée être largement supérieure) sanctionnée. Pression ou pas, le XV de la Rose n’a pas montré le rugby qu’on lui connait. Le talent individuel c’est bien, mais encore faut-il être appliqué et ne pas commettre de fautes inutiles. « Ils ont fait le job à la mi-temps, mais là ils ne font pas le job. Ils passent à travers, ils sont sanctionnés sur une mêlée, ce qui est significatif…, ajoute Denis Charvet. Ça ne vous rappelle pas ce France-Argentine en 2007 avec cette fébrilité des Français ? »

Une allusion à la défaite des Bleus en match d’ouverture de leur Coupe du monde il y a huit ans. La fin de match a rassuré les supporters, heureux de cette victoire bonifiée grâce aux quatre essais inscrits (un de pénalité à la 13e, doublé de Brown aux 22e et 72e, et Vunipola 81e). Mais voilà les hommes de Stuart Lancaster prévenus, eux qui ont hérité de la poule de la mort avec le pays de Galles et l’Australie.
Brown un ton au-dessus
Deux essais, une pointe de vitesse impressionnante, une aisance technique assez incroyable : Mike Brown fut l’un des rares Anglais à jouer à son niveau dans ce match… par intermittences. « Ce n’est pas le meilleur match qu’on l’a vu faire, mais il se reprend en fin de match et fait une belle fin de partie », estime Denis Charvet. Son deuxième essai, bien lancé par Farrell, lui a valu une standing-ovation de tout le stade. Le précieux banc anglais Leur fébrilité, les Anglais sont parvenus à la dompter grâce aux entrants. Notamment Farrell, dont l’entrée à l’heure de jeu a fait du bien. « Il y a du lourd sur le banc anglais, ce que n’ont pas les Fidjiens », admet Denis Charvet. C’est ce qui a redonné de l’élan à un XV de la Rose pas au mieux. Autre entrant précieux, Vunipola, auteur du quatrième essai synonyme d’un bonus offensif qui pourrait s’avérer précieux dans un groupe A aussi difficile.
Nadolo, le Fidjien qui a entretenu l’espoir
On le savait, l’atout majeur des Fidji se nomme Nemani Nadolo. Le colosse des Crusaders (1,96m pour 125 kg) a sonné la révolte après 20 minutes clairement anglaises en inscrivant un essai juste après celui refusé à Matawalu. « C’est le joueur le plus dangereux qui reprend un ballon qui sort de façon un peu inattendue de la mêlée fermée, explique Richard Pool-Jones, membre de la Dream Team RMC Sport. Il était parti avec une vitesse incroyable et des appuis pour marquer l’essai. » Impressionnant dans l’impact physique, gros gabarit oblige. « Ce qu’il fait, c’est impressionnant. Il passe six Anglais ! », s’enthousiasme Denis Charvet. S’il n’y avait eu cette petite pénalité manquée à la 62e, puis deux autres, l’ailier frôlait le match parfait. Pas volé ce surnom de nouveau Jonah Lomu !

Le premier God Save The Queen du Mondial
Un tempo lent pour un hymne repris par les 82 000 spectateurs de Twickenham. Frissons garantis. Comme lors des Swing Low, Sweet Chariot repris à tue-tête… entre deux Marseillaises entamés par ses supporters français présents dans les tribunes, pour chambrer des Anglais pas au mieux de leur forme. « Vous avez vu avec les Jeux Olympiques à quel point on se passionne pour le sport. La Coupe du monde de rugby, c’est l’évènement sportif de l’année, prévenait Richard Pool-Jones. On ne parle que de ça dans les pubs, dans les restaurants, dans les rues. Même ceux qui ne suivent pas le rugby d’habitude s’y mettent et c’est partout dans les médias.» En tout cas, ça promet !