
France - Nouvelle-Zélande : pourquoi on a besoin de Parra
Morgan Parra n’a que 26 ans et pourtant, niveau expérience, on a l’impression qu’il en a le double. Sa première titularisation en équipe de France date de 2008. Une éternité. Il avait 19 ans, trois mois et six jours. Un record pour un demi de mêlée. 65 sélections plus tard, le chemin parcouru est colossal. Dès la prise de fonction de Saint-André, Parra, finaliste du Mondial, n’a jamais été un premier choix. Pour le Tournoi 2012, Yachvili lui est préféré. Puis c’est au tour de Maxime Machenaud de lui passer devant. PSA avait d’ailleurs en tête d’installer une charnière Machenaud-Michalak jusqu’au Mondial. C’est enfin Sébastien Tillous-Borde qui lui grille la politesse.
Le sélectionneur en place lui aura finalement offert 29 sélections, mais seulement 14 titularisations. Et le Clermontois revient d’autant plus loin que Philippe Saint-André avait même pensé à faire de Rory Kockott son numéro 1 durant la Coupe du monde. Mais Morgan Parra a réalisé de très bonnes entrées en jeu et donc gagné sa place de numéro 1 pour ce quart de finale de prestige face aux champions du monde en titre, les All Blacks, ce samedi (21h) au Millennium Stadium de Cardiff.
Sa rage, sa détermination, son sale caractère
Alors pourquoi Saint-André a-t-il décidé de titulariser Parra ? « Morgan on le connait, c’est un gros compétiteur, répond le sélectionneur des Bleus. Il fait une belle Coupe du monde depuis le début, il a été titulaire contre la Roumanie. Sinon, il a plus été utilisé sur des fins de matches. Mais là, j’ai décidé de le faire commencer. On connait le leadership qu’il est capable d’avoir avec les avants. » Le sélectionneur ne le cache pas. Il a besoin de leadership. Et le demi de mêlée semble être celui par lequel la révolte peut démarrer. On connait sa rage, sa détermination, son sale caractère, qui font de lui un joueur unique.
Un joueur capable de faire gagner à lui seul l’équipe de France ? Non. Mais un joueur susceptible de la guider vers un nouvel exploit et de poser, déjà, une option sur le n°9 pour le mandat de Guy Novès. Car finalement, c’est peut-être le plus regrettable. Alors qu’il avait été quasiment intouchable sous Marc Lièvremont, il aurait pu former avec Trinh-Duc une charnière rodée et expérimentée. Et ce Mondial 2015 aurait été l’occasion de solder les comptes du passé. C’est raté. Trinh-Duc n’est pas là et Parra est de nouveau appeler en sauveur de la patrie.
McCaw : « Un joueur expérimenté »
Même si Michalak sera le buteur n’°1, Parra pourra dépanner. Mais c’est par son rôle de leader qu’il est attendu. Richie McCaw l’a d’ailleurs souligné, « Parra est un joueur très expérimenté ». En revanche, ne comptez pas sur le capitaine des Blacks pour lancer le match avec la moindre polémique. A l’évocation de la sortie de Parra après seulement 20 minutes de jeu lors de la finale 2011, il a simplement répondu : « Je n’y ai pas pensé ». Pas sûr que ce soit pareil du côté de Parra, qui aura à cœur d’effacer ce mauvais souvenir.
« Son karma, c’est ça, résume Serge Simon. On le fout de côté tant que ça va très bien et au moment où on est un petit peu sur les rotules, qu’on a un pneu crevé ou que le bateau prend l’eau, on va le chercher en disant tu nous remets ça...On sait que c’est un meneur d’hommes, qui peut être le ferment mobilisateur de Bleus un peu en déroute, perdus, sonner la révolte...On sait qu’il en est capable. Il a un gros ascendant sur les gros, c’est un buteur aussi mais je crois qu’il est surtout là pour ça, dans ces moments de désespoir, de nuit... Une espèce de lumière... Alors c’est beaucoup de pression sur lui, mais je pense que c’est ce côté-là du personnage qui fait qu’aujourd’hui Morgan est titulaire. »