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XV de France - Papé: "Si j’avais su, j’aurais ouvert ma gueule plus tôt"

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Tout frais retraité international, Pascal Papé (35 ans, 65 sélections) appelle au changement après le fiasco du XV de France à la Coupe du monde. Le deuxième ligne souhaite surtout que la parole des joueurs soit plus écoutée, comme il le confie à RMC Sport.

Son alerte, dans la lignée de Michalak

« Il faut du changement, quoi qu’il arrive. C’est une alerte que je fais, pour mes jeunes coéquipiers. En ce qui me concerne, l’équipe de France, c’est terminé. Si j’avais su, j’aurais ouvert ma gueule plus tôt. C’est peut-être le tort qu’on a eu, nous les anciens. De croire en ce que l’on nous proposait. C’est tellement dommage de gaspiller le rugby français. Que ça soit l’organisation de notre championnat, les mises à disposition des internationaux, aujourd’hui, il faut que ça change. Il faut que les joueurs soient consultés. Ce qui m’importe c’est qu’on nous écoute. Comme le dit Fred (Michalak), pourquoi ne pas créer une cellule ? C’est plutôt une bonne idée. Mais on ne peut pas non plus s’imposer à la table si on n’est pas convié. J’espère que les gens de la fédération sont assez intelligents pour ouvrir le débat. Autrement je serais encore plus inquiet. S’ils ne nous écoutent pas, j’ai envie de dire démerdez-vous ! S’ils continuent à décider seuls, que le rugby poursuit sa chute comme c’est le cas depuis cinq ans, qu’ils le fassent. Mais qu’on ne vienne pas pleurer après. »

La peur de parler des joueurs en place

« Ça m’emmerde. Ça veut dire que les valeurs que tout le monde vend dans le rugby n’existent pas. Ça veut dire que c’est une dictature finalement. On va encore décider pour nous ? Nous dire de faire 40 matches dans l’année ? Et qu’avec ça, il faut gagner le Tournoi des VI Nations et être champion du monde dans quatre ans ? C’est une énorme connerie. Je l’ai compris un peu tard mais les joueurs ne se rendent pas compte de l’importance de leur voix. Aujourd’hui on subit trop. On a tous envie que l’équipe de France soit championne du monde un jour. Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités. Arrêtons d’être des agneaux. Arrêtons d’être des moutons. Ce n’est pas parce qu’il y en a un qui nous conduit dans le ravin que tout le monde doit suivre. Il faut donner notre opinion. Le jour où on rassemblera nos voix, on pourra vraiment se faire entendre. Ce n’est pas parce qu’on dit ce qu’on pense qu’on ne se fera plus sélectionner. Si c’est le cas, il faut arrêter de vendre les valeurs du rugby parce que ce serait mentir aux gens. »

La fracture supposée entre le staff et les joueurs

« Nous, joueurs, sommes les premiers fautifs. Pas le staff, ni Pierre Camou (le président de la FFR), ni Serge Blanco (vice-président de la FFR). Nous sommes sur le terrain. Pas dans les meilleures dispositions certes, mais nous y étions. Il n’y a pas eu de fracture entre le staff et l’équipe de France. Il n’y a pas eu de mise à l’écart du staff. Simplement la dernière semaine, on a été encore trop français. On a voulu prendre plus de responsabilités en donnant davantage notre avis sur la gestion tactique du match qui arrivait (face à la Nouvelle-Zélande en quart de finale). C’est la seule chose qu’il y a eu. Le staff était là. C’était main dans la main. A aucun moment il n’y a eu de fracture. Il faut que les médias dans l’entourage du rugby soient pros aussi. Balancer des rumeurs, ça va deux minutes. »

M.R