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XV de France féminin: "Rien à perdre" contre l'Angleterre, Laure Sansus lance la finale pour le Grand Chelem

A quelques jours du très attendu France-Angleterre, finale du Tournoi des VI Nations féminin ce samedi à Bayonne, la demi de mêlée des Bleues Laure Sansus estime que son équipe n’aura pas la pression contre des Anglaises données favorites. Celle qui a été élue meilleure joueuse du match lors de la victoire contre le pays de Galles, en inscrivant ses cinquième et sixième essais depuis le début de la compétition, se confie pour RMC Sport. Avec la Coupe du monde dans un coin de la tête.

Laure Sansus, dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours de la finale du Tournoi qui pourrait vous offrir un Grand Chelem?  

Je suis très impatiente. Ça fait quelques semaines qu’on est ici (à Marcoussis) et qu’on met tout en œuvre pour arriver à ce match. Ça y est, on y arrive et on a hâte d’y être.  

Comment se déroule la préparation?  

On a eu deux jours de récupération après le pays de Galles. On a réattaqué doucement avec beaucoup de vidéo. Finalement, on n’a pas changé grand-chose par rapport aux autres matchs, on est dans notre routine. On reste sur nos plannings de d’habitude, on est dans la même démarche. On ne change pas parce que c’est une finale contre les Anglaises. On reste dans ce qu’on maîtrise. 

Comment on bat l’Angleterre qui, elle aussi, a remporté ses quatre premiers matchs? 

Je pense qu’il y aura une grosse part qui se jouera dans la tête. On le sait, c’est une finale, tout se joue sur un match. Il faudra que l’on soit stratégiquement au point parce qu'elles, physiquement, c’est un rouleau compresseur, elles jouent le même jeu depuis des années et elles le maîtrisent à la perfection. Il va falloir qu’on soit plus malignes sur certains secteurs face à elles.

"On sent cet engouement"

Vous partez outsiders: est-ce une pression en moins?

Oui, parce qu’on n’a rien à perdre. Elles sont tenantes du titre, nous on est sur une série de défaites face à elles (ndlr: huit défaites et un nul depuis la dernière victoire). Le pire qui puisse nous arriver, c’est de gagner. Sinon on fera comme les années précédentes. Nous, on n’a absolument rien à perdre, on est à six mois de la Coupe du monde. On est dans la démarche de jouer le Tournoi mais en regardant un peu plus loin donc on n’a pas grand-chose à perdre. 

Sentez-vous un nouvel engouement autour du rugby féminin?

Oui, encore plus en équipe de France. On voit les stades se remplir, on est sollicitées. Aujourd’hui il y a des médias de partout, on est sortis des médias traditionnels qui nous suivent d’habitude. On le sent, que ce soit le public, les médias, les téléspectateurs devant leur télévision. Après il faut que ça suive en club, mais en équipe de France, on sent cet engouement et c’est quelque chose qui nous pousse.  

Comment luttez-vous contre ceux qui vous disent que le rugby est un sport masculin?

Ça, on ne l’enlèvera pas tout de suite. Aujourd’hui si vous demandez autour de vous, il y aura toujours quelqu’un qui vous dira ça. Nous on est là pour vivre notre histoire, pour l’écrire, pour aider notre sport. Nous ne serons peut-être pas celles qui en bénéficieront le plus mais on travaille aussi pour celles qui arriveront après. Plus on montrera une bonne image, plus on gagnera des matchs importants et plus le rugby féminin se développera rapidement. 

Avoir un stade à guichets fermés samedi à Jean-Dauger, ça compte?  

Bien sûr que ça compte, en plus à Bayonne. On sait que c’est un public qui va être derrière nous. Forcément que ça compte. C’est ce qu’on aime, ce qu’on veut. On a longtemps joué dans des stades vides. Là d’aller à Bayonne dans un stade plein, pour jouer une finale contre les Anglaises il n’y a pas mieux.  

"Les Bleus? On s'inspire de la stratégie"

L’objectif, c’est de réitérer l’exploit des garçons et de remporter ce Tournoi?

Bien sûr que c’est l’objectif. Après les garçons écrivent leur histoire, nous la nôtre. Mais pour notre histoire à nous c’est important d’avoir ce titre. Quant au rugby en France, avoir les deux titres garçons et filles c’est quelque chose qui peut être énorme. On connait les valeurs de notre sport, du rugby. 

Le XV de France masculin, c’est une inspiration?

On les regarde de loin. On voit comment ils fonctionnent, leur état d’esprit. C’est plus sur la façon de fonctionner en groupe. Le rugby aujourd’hui morphologiquement, physiquement on ne peut pas le jouer de la même façon. Mais on s’inspire de la stratégie, du côté groupe. On essaye de regarder ce qu’ils font et de prendre ce qui peut fonctionner le mieux pour nous.  

Dans six mois aura lieu la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, cet objectif est-il déjà dans les têtes?  

Bien sûr que c’est dans les têtes, c’est une Coupe du monde qui aurait déjà dû être jouée. Elle a été décalée d’un an (en raison du Covid) donc tout le monde l’a en tête et est impatient de la démarrer. Là on va jouer le Tournoi et rentrer en club jouer les phases et après on aura quelques jours de vacances et on repart pour la préparation à la Coupe du Monde. Ça va aller très vite et il va vite falloir se mettre la tête dedans si on ne veut pas sous performer en Nouvelle Zélande.  

Maria Azé