France-Ecosse : ce Chardon est-il plus fort que les Bleus ?

Elles sont tellement prégnantes du choc à venir entre la France et l’Ecosse, ce dimanche, lors de la 2e journée du Tournoi des VI Nations, qu’on ne saurait les ignorer. Qui ? Les statistiques autour du match, of course. Les chiffres et les dates également, comme l’année 1999 et la dernière victoire des Ecossais en France (36-22 au Stade de France). Mais aussi ce 2 qui correspond au nombre de succès du XV du Chardon depuis l’année 2000 face aux Bleus (2006 et l’année dernière à Murrayfield) .
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« Ces statistiques-là, ça me fait peur aussi un peu, parce que l’année dernière, ça faisait longtemps que la France n’avait pas perdu en Ecosse. Et on a perdu en Ecosse l’année dernière, rappelle l’entraîneur des trois-quarts Jeff Dubois. Donc si ça fait 18 ans ou 20 ans ou 5 ans, peu importe, les statistiques, on peut leur faire dire ce qu’on veut. Ce qu’on sait, c’est qu’on va avoir un match très difficile à jouer. Tout le monde attend une victoire convaincante contre l’Ecosse, mais tout le monde ne se rend pas compte de la qualité de cette équipe. » En clair, le camp français se méfie de l’Ecosse. A juste titre ?
En grande partie… oui. Le classement actuel de l’IRB suffit à donner du poids à ce comportement prudent, avec des Ecossais classés un rang au-dessus (septièmes) que les Bleus (huitièmes). Et l’année écoulée, aussi, donne raison aux propos de Jeff Dubois. Qui avait fini devant le XV de France lors du dernier Tournoi des VI Nations ? L’Ecosse. Qui a montré des progrès palpables ces derniers mois ? Qui a échoué d’un tout petit point face à l’Australie mi-novembre ? Et qui s’est offert l’Irlande pour son entrée dans le Tournoi ? Encore les protégés de Vern Cotter.
« Les conséquences d’une défaite seraient désastreuses »
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« Il faut s’attendre à un match débridé parce que les Ecossais ont l’habitude de jouer, martèle notre consultant rugby, Denis Charvet. Là où cette équipe est impressionnante, c’est qu’elle a mis beaucoup de vitesse dans son jeu. On va s’attendre à un défi à relever, notamment défensivement en début de match. » Avec des éléments évoluant ou ayant évolué en France et un guide, Vern Cotter, qui connaît très, très bien le rugby hexagonal, la thèse du piège a son poids.
« On connaît l’adversaire, on connaît la personne qui manage et pour ma part, je connais aussi Nathan Hines du staff, confie Guilhem Guirado. Donc on sait qu’ils vont venir très motivés. Il y a quelques joueurs qui jouent en France aussi. » « Dès le départ, on sent que Vern Cotter a amené une structure et que les Ecossais jouent un rugby bien précis, basé sur la vitesse, les qualités et le tempérament de ses joueurs, explique Franck Azéma, l'entraîneur de Clermont, ex-adjoint du Néo-Zélandais. Il a bien su prendre le pouls de cette équipe et a amené sa patte là-dedans, sa rigueur, sa façon de jouer, on le voit, ça a été très vite… A la Coupe du monde, c’était propre. Et là, c’était une belle entame. »
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Eux aussi en progrès, les Bleus ne pourront pas néanmoins dimanche se contenter d’une belle copie. La série actuelle de trois défaites consécutives ne doit pas s’enrichir d’une quatrième fournée, sous peine de grosse pression sur l’ensemble de l’équipe. « Les conséquences seraient désastreuses parce que ça amènerait beaucoup d’impact négatif sur le groupe alors qu’il est en train d’évoluer, insiste Charvet. Il ne faudra pas forcément s’attendre à voir les Tricolores foncer dans le tas. On a mis l’accent sur le fait de rentrer dans la zone de marque et d’essayer d’être beaucoup plus patients, tout en mettant de la vitesse, sans confondre vitesse et précipitation, donc de rester dans la patience pour pouvoir concrétiser ou amener au moins une pénalité. » Un plan judicieux… tant qu’il fonctionne dimanche.