France-Ecosse : pour le spectacle, on repassera

Wesley Fofana - AFP
Pour faire un mauvais match de rugby, il faut au moins être deux. Trois, si l’état de la pelouse est calamiteux. Ce n’était pas le cas de celle du Stade de France samedi. Et pour le reste ? Les Ecossais, pas forcément hyper-séduisants, auront au moins eu, eux, le mérite d’inscrire un essai. Les Bleus, eux, ont balbutié leur rugby. En attaque, où il leur aura fallu attendre 55 minutes pour voir de près l’en-but adverse. Dans le jeu, où les Tricolores n’ont jamais su trouver le bon tempo ni le bon plan pour faire craquer de solides Ecossais. En défense, où les Bleus se sont déchirés à plusieurs reprises tout de même et notamment Wesley Fofana sur l’essai de Douglas Fife (40e). Mais l’essentiel est là : comme d’habitude à domicile dans le Tournoi, les Bleus n’ont pas raté leur match d’ouverture. Et comme d’habitude, le XV de France a eu raison de son homologue au Chardon, pour la neuvième fois consécutive (15-8).
Alors que l’Angleterre a su convaincre dans son choc contre le Pays de Galles (21-16), que l’Irlande, sans étaler un rugby forcément spectaculaire, a su mettre l’Italie au pas (26-3), les Bleus ont eu raison de l’Ecosse en faisant preuve d’opportunisme, Camille Lopez (5/6 au pied) sanctionnant chaque faute d’indiscipline adverse. Dans un Stade de France rempli à ras-bord mais glacé jusqu’aux os, seules les deux percées de Teddy Thomas (45e et 59e) et le contrôle manqué de Maestri juste aux abords de la Terre Promise auront momentanément réchauffé les supporters tricolores, pas avares malgré la pauvreté du spectacle proposé de reprises de la Marseillaise. Des propos guerriers qui n’auront quasiment jamais été retranscrits par les hommes de Philippe Saint-André.
Quand Huget puis Parra s’emmêlent les pinceaux…
On attendait un feu d’artifice de la part des Bleus. Une réaction après la défaite un peu tache contre l’Argentine lors de la tournée de novembre, celle qui avait assombri les superbes victoires acquises contre les Fidji et l’Australie. On attendait au moins un essai tricolore, une habitude pour les Bleus dans le Tournoi face à l’Ecosse. On y a cru, vraiment, quand sur un contre, Yoann Huget filait tout schuss vers l’en-but (72e). Résistait au retour de Hogg… avant de saborder lui-même son action d’une faute de main.
Morgan Parra ? Le Clermontois avait suivi mais il avait les doigts tout aussi glissants que ceux du Toulousain. On croyait moins à l’essai écossais, puisque le XV du Chardon n’avait plus « scoré » de la sorte lors de leurs six derniers matches face aux Français. Mais ça, c’était avant samedi et cette équipe d’Ecosse reboostée par Vern Cotter. L’ancien entraîneur de Clermont rêvait assurément de faire un coup à Saint-Denis. S’il ne l’aura pas emporté, il n’aura pas non plus totalement tout perdu : ses joueurs ont fait une bien meilleure impression que les locaux parisiens. Et demain, ce sont bien les Bleus et non les Ecossais qui se gratteront la tête et devront, déjà, écarter certains doutes.