Huget : "On atteint un seuil qu’on ne pensait pas atteindre"

Yoann Huget - AFP
Comment vous sentez-vous depuis le début de la préparation ?
Je ne peux pas vous dire ! (il rigole) On arrive à un seuil de fatigue très important. La récupération est un élément primordial au vu des charges de travail. On essaie d’encaisser les charges jusqu’à la limite. Mais le corps a de telles ressources qu’il peut repousser la fatigue et nous amener à un seuil que, même nous, on ne pensait jamais atteindre. On encaisse, on travaille. On essaye de ne pas subir les séances. C’est le principe du stage de Tignes : des séances à haute intensité et en altitude. Il faut les prendre à bras levés.
Parfois, n’avez-vous pas envie d’étrangler les préparateurs physiques ?
Non, c’est surtout d’être mis en échec qui nous énerve un peu. Le fait de ne pas atteindre nos références, d’être mis en difficulté sur des choses qu’on a l’habitude de bien assimiler. Et là, on est en dessous et on ne comprend pas trop. Voilà pourquoi il vaut mieux penser au jour le jour pour bien assimiler les séances.
Qu’est-ce qui est le plus dur ?
C’est surtout quand les muscles se tétanisent, notamment les quadriceps sur les vélos. Et parfois, on doit se faire aider pour remonter sur les vélos tellement nos quadriceps ne peuvent plus bouger. C’est une sensation très désagréable. Mais après 30 minutes, on récupère et les douleurs disparaissent.
Comment abordez-vous les 48 heures commando ?
Je pense que c’est pour tester notre mental et la force de caractère de l’équipe. On va serrer les dents !
« Il faut laisser le passé derrière » Comment se passe la récupération ?
Nous avons la balnéothérapie à disposition. C’est un endroit où nous aimons nous retrouver (sourire). Nous avons également des kinés pour les massages.
On a beaucoup parlé du physique, mais il y aussi un peu de rugby. Qu’est-ce que vous travaillez ?
On essaye de travailler sur les lancements. On tente de corriger ce qui n’a pas bien marché durant le Tournoi. Mais aussi de peaufiner ce qui a bien marché. Ça permet d’être sûr à 100% de ce qu’on veut mettre en place et d’arriver en pleine confiance au Mondial.
Un petit mot sur le travail du jeu d’attaque, un secteur dans lequel vous aviez eu du mal à concrétiser durant le dernier Tournoi…
Il faut laisser le passé derrière et bosser sur ce qui a marché. Il faudra surtout profiter des matches amicaux pour emmagasiner de la confiance.
Un petit plus personnel. Il y a quatre ans, vous aviez raté la Coupe du monde pour trois « no show ». Cette fois, c’est la bonne ?
Ces quatre ans m’ont permis de savourer chaque instant, même si c’est dur. Aujourd’hui, je ne vis pas avec des regrets. Je vais me donner à 100% et le staff fera son choix pour les 31.
« Il y a une super cohésion »
Est-ce un défi chaque jour ?
En ce moment, c’est dur oui, on ne va pas mentir. Dès qu’on se lève, on sait que ça va être compliqué. Et c’est pareil chaque matin. Et là, avec ces 48 heures en montagne, ça va être encore différent. C’est peut-être quelque chose qu’on n’a jamais vécu dans nos vies.
C’est dur physiquement, mais c’est aussi important pour la cohésion du groupe…
Oui, mais ça fait déjà trois semaines que c’est comme ça. Il y a une super cohésion. On transpire ensemble.
Sentez-vous qu’il se passe quelque chose de positif au sein du groupe ?
Oui, mais c’est obligatoire pour qu’une équipe de rugby avance. Il faut s’entraider tout le temps. C’est la clé pour fonctionner en équipe.
Est-ce que vous pensiez pouvoir souffrir autant ?
De toute façon, on n’a pas le choix !