La Cour des Comptes s’oppose au projet de Grand Stade de la FFR

- - AFP
La Cour des Comptes a exprimé ses réserves quant au projet de Grand Stade voulu par la Fédération française de rugby, qui souhaitait construire une enceinte dédiée aux rencontres du XV tricolore d’ici 2021, dans le département de l’Essonne. L’organisme de contrôle des comptes publics, a ainsi émis un avis défavorable dans un courrier adressé au ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et publié lundi. Dans cette lettre, la juridiction financière a précisé que ce projet de construction d’un nouveau stade présentait deux risques pour l’Etat, « l’un budgétaire, l’autre patrimonial ». Par ailleurs, l’institution a invité la FFR à étudier d’autres pistes, et trouver ainsi d’autres alternatives à cette construction, évaluée à 600 millions d’euros.
Une concurrence pour le Stade de France
Dans le détail, la Cour des Comptes explique qu’il y a un vrai risque pour le budget du département de l’Essonne, qui prendrait en charge le projet à hauteur de 450 millions d’euros. Elle met également en avant la probable « dégradation du soutien » au rugby par la FFR, dont les finances seraient touchées, étant donné qu’elle prévoit d’emprunter 400 millions d’euros. Mais au-delà de ce risque financier, l’institution rappelle que l’Etat assure au consortium Stade de France l’organisation de quatre à cinq rencontres de rugby par an jusqu’en 2025, dans l’enceinte de Saint-Denis. Le retrait de cet accord pourrait ainsi avoir de « lourdes conséquences financières pour l’Etat », poursuit la Cour des Comptes.
Entre 161 et 186 millions de pénalités
La charge supplémentaire, compte-tenu du contrat passé avec le Consortium du Stade de France, en cas de rupture de ce dernier, serait évaluée par l’organisme de contrôle à 23 millions d’euros par an, au minimum. Cette somme, divisée entre le coût de « la non tenue des manifestations réservées et du non renouvellement des accords avec la Fédération (l’accord présent avec la FFR expire en Avril 2017) », estimé à 6,3 millions d’euros par an, et l’indemnité d’absence de club résident qui monte elle à 17 millions, serait jugée trop importante dans le contexte actuel. En effet, suivant la date d’entrée en fonctionnement du stade de rugby, le coût total des pénalités pourrait aller de 161 et 186 millions d’euros selon les estimations de la Cour des Comptes. Par ailleurs, l’institution présidée par le socialiste Didier Migaux, ajoute que « l’addition pourrait grimper, selon les revendications du concessionnaire, déjà très actif au plan contentieux à l’encontre de l’Etat ».
Un coup dur pour Pierre Camou
Enfin, concernant le risque patrimonial, la valeur du stade serait de facto amoindrie par la concurrence du Stade de France. Cet avis défavorable de la Cour des Comptes met donc à mal le projet initié en 2010 par Pierre Camou, actuel président de la Fédération française de rugby et candidat à sa réélection cet été, et Serge Blanco, membre du comité directeur de la FFR. Pour rappel, Pierre Camou truste un troisième mandat à la tête de l’institution, mais à la différence de ses deux précédentes élections, il ne se présente pas seul, puisque Bernard Laporte et Pierre Salviac notamment, ont fait acte de candidature.