Novès : "On ne se cachera pas derrière l’excuse des jeunes"

A deux jours de l’entrée en lice des Bleus dans le Tournoi des Six Nations samedi face à l’Italie (15h25), Guy Novès a expliqué ses choix concernant la composition du XV de départ et notamment la titularisation de Virimi Vakatawa. L’ancien manager du Stade Toulousain s’est aussi confié sur ses grands débuts à la tête de la sélection.

Guy Novès, avez-vous la pression, à deux jours de diriger votre premier match dans la peau du sélectionneur ?

J’essaie de ne pas trop y penser… même si j’y pense toutes les minutes. C’est un peu compliqué. Plus sérieusement, j’ai moi-même un rôle à jouer. Un rôle simple car les acteurs, ce sont les joueurs. Durant mes interventions, j’essaie de ne rien oublier, je suis concentré sur ma tâche. Je ne pense pas à me dire que je vais être au Stade de France en tant que sélectionneur de l’équipe de France. J’aurai l’attitude que j’aurai, qui sera j’imagine la plus naturelle possible. Et je serai surtout très concentré sur ce que je dois faire avec mes joueurs.

Vous avez choisi de titulariser Virimi Vakatawa, qui vient du rugby à 7. N’est-ce pas un gros risque ?

Virimi était ici puisqu’il est salarié de la fédération. On a eu le loisir de le voir deux lundis puis durant le stage. Je rappelle aussi que c’est un joueur qui a déjà joué à 15 malgré tout. Effectivement, si jamais il fait quelques erreurs, est-ce qu’il faut être indulgent avec Virimi ? En ce qui me concerne, oui. Est-ce qu’il a des qualités ? C’est certain. Est-ce que le boulot, c’est de faire en sorte qu’un jour, il puisse exprimer ses qualités et son potentiel ? C’est mon job. On est effectivement plus attentif parce qu’il a plus besoin de nous. On espère que petit à petit, il sera de mieux en mieux si on lui donne la possibilité de continuer à jouer avec nous.

Craignez-vous des débuts ratés pour les jeunes ?

Sincèrement, aujourd’hui, je n’ai aucune crainte. On démarre tous un jour. Le plus important, c’est d’être bien accompagné. Lorsqu’on rentre dans une équipe, on doit s’intégrer par le comportement, par sa capacité à exprimer toutes ses qualités. Ils sont quatre, c’est le début d’un nouveau mandat. On ne va pas attendre trois ans pour en faire démarrer deux. Et deux autres plus tard. On ne se cachera pas derrière cette excuse. Si ces quatre joueurs sont là, c’est qu’ils ont un potentiel. Et quand un jeune a la capacité de jouer, il faut l’aligner.

Quelle est selon vous la priorité, après une Coupe du monde ratée ?

Ce qui est important, c’est de créer l’espoir, partir sur des bases nouvelles. C’est une façon d’évacuer complètement tout ce qu’il s’est passé. Positif ou négatif. Créer une atmosphère propre à un début de tournoi, à un début d’aventure, d’un cycle nouveau. Quand on parle de cycle nouveau, on est bien obligé d’avoir des joueurs nouveaux. On a essayé de s’entourer des plus jeunes et de ceux qui représentent l’avenir. Qu’ils sentent que l’avenir leur appartient sur les quatre années qui arrivent.

Comment vivez-vous la détérioration de l’image du XV de France dans les médias ?

Je crois que l’image du XV de France ne peut passer que par le terrain. Les spectateurs passionnés regarderont le XV de France sur le terrain. Quand on va voir une pièce de théâtre, on va voir un acteur sur les planches. Je crois que c’est ça la performance du joueur de rugby. C’est un petit peu comme les médias. Le boulot des médias, c’est de faire de bons papiers ou avoir de bonnes interviews. On ne peut pas perturber quelqu’un en train de travailler. Quand la performance sera au rendez-vous, vous verrez que les choses s’arrangeront vis-à-vis de leurs capacités à donner leur sentiment et s’exprimer notamment au niveau de la presse.

Comment allez-vous vivre le fait d’être en tribune ?

Je me suis retrouvé en tribune avec le Stade Toulousain à deux reprises parce que j’étais suspendu. Les joueurs ont joué quand même, il n’y a pas eu de problème par rapport à ça. Encore une fois, ce n’est pas ma personne qui est importante mais les joueurs. En tribune ou pas, tout est calé avec l’ensemble du staff. Si on ne me voit pas debout ou accroupi, ce n’est pas très grave. Les gens vont surtout regarder les joueurs.

L.D et W.T