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Petite révolution dans les cours d'école: le rugby autorisé à la récréation

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Grâce à la signature d'une convention entre les représentants du rugby dans la région, ceux des élus municipaux et des services académiques, le rugby va faire son apparition dans les cours de récréation des écoles primaires des Pyrénées-Orientales. Une initiative qui donne des idées à la Direction technique nationale, désireuse de redoper la pratique du ballon ovale chez les enfants. En assurant qu'il n'y a aucun risque pour la santé des pratiquants.

Le plaisir avant tout, sans risque ni violence. Le rugby à toucher fait de plus en plus d'adeptes... et c'est sans doute un début. Car il va faire son apparition dans les cours de récréation des écoles primaires des Pyrénées-Orientales, où une convention vient d'être signée entre les instances du rugby, les représentants des élus municipaux et les services académiques. 

Une information révélée ce mardi par l'Indépendant et qui réjouit Didier Retière, directeur technique national. "C'est une très bonne initiative, qui propose un retour à la pratique spontanée du rugby, résume-t-il auprès de RMC Sport. Cela donne des idées, c'est très inspirant."

Remettre le rugby au rang du handball ou du basket

Le projet "Rugby à l'école", porté par Francis Sabardeil, atterrit donc dans les cours de récréations de la région, après une expérience pilote menée avec succès. Le ballon ovale était prohibé, là où le basket, le handball ou le football pouvaient aisément se pratiquer dans les cours, qu'elles soient ou non goudronnées. Il s'agit donc de rétablir l'équilibre. 

"Je suis grand-père et je suis donc en contact avec l'école de mes petits-enfants. Fin 2016, en les emmenant à l'école, je me suis aperçu qu'ils jouaient au basket, au handball, au foot... mais pas au rugby!, raconte Francis Sabardeil. Ils m'ont répondu que c'était interdit!" Le responsable de l'école de rugby de l'AS Del Bercol prend les choses en main. Et fait installer, avec l'accord de l'établissement, un petit terrain syntéthique. "On a montré aux gamins le rugby à toucher, poursuit-il. A la fin du printemps 2017, on a fait un bilan et tout se passait bien. Me servant de cette expérience, j'ai essaimé dans plusieurs écoles du coin."

La suite? Des contacts peu concluants avec la Fédération française de rugby mais un projet qui avance avec les municipalités. Jusqu'à la signature de cette convention. "Je voulais que notre projet soit pilote, que notre département le soit ensuite pour essaimer à l'échelle nationale." Ce n'est pas encore le cas, la machine administrative ayant sa réalité... et sa lourdeur.

Aucun problème de sécurité

Et la sécurité alors? Aucune crainte à avoir concernant ce rugby à toucher, très différent du rugby pratiqué par les équipes professionnelles. "Il n'y a ni plaquage, ni contact. C'est un peu comme jouer au chat avec un ballon de rugby, précise Didier Retière. Les sensations sont les mêmes qu'au rugby, mais il n'y a pas de contact." D'où la possibilité de pratiquer ce rugby à toucher partout. Même si la convention signée dans les Pyrénées-Orientales prévoit des investissements des communes pour installer des petits terrains synthétiques dans les établissements primaires.

Une idée à développer sur le plan national, même si "c'est plus simple de le faire dans cette région, où le rugby fait partie du paysage", reconnaît le directeur technique national. La Fédération française de rugby travaille également en lien avec l'Education nationale pour le projet Ecol'Ovale, qui vise à développer la pratique du rugby en milieu scolaire. Et pas uniquement à la récréation. Une façon de hisser le ballon ovale au même niveau que le ballon rond, le ballon orange ou de handball.

Promouvoir le rugby avant 2023

"L'idée, c'est de le déployer un peu partout, confirme Didier Retière. Et de prouver que le rugby est accessible à tous." Un véritable enjeu, surtout en cette période troublée pour le XV de France, alors que se profile la Coupe du monde 2023 organisée en France. Le rugby à l'école, un "outil de promotion" de l'aveu même du DTN, qui confirme qu'il n'est actuellement pas "facile de mobiliser un grand nombre d'enfants". 

"J’ai vu Bernard Laporte plusieurs fois en tête-à-tête, Christian Dullin, Didier Retière et Alain Doucet également. Ils m’ont plusieurs fois dit que nous devions être les agents commerciaux de la Fédération dans les écoles, et je suis ravi que ce projet arrive à terme!", confirme Francis Sabardeil. Essaimer pour conquérir de nouveaux pratiquants, un "vrai enjeu" pour la direction technique nationale. Même si la machine est longue à bouger.

Un rugby plus simple et spontané

Pour cela, rien de tel que de l'introduire dans les cours de récréation donc, mais aussi travailler sur des pratiques moins stéréotypées comme le rugby à toucher. Le projet Ecol'Ovale présente par exemple un ballon spécifique, en mousse, recouvert de plaques donnant l'illusion d'un vrai ballon de rugby. "On peut aussi jouer au pied avec, assure Didier Retière. Mais aucun risque de se faire mal, ni de casser une vitre."

Pas de plaquages, pas de contacts, un ballon en mousse et des parents rassurés: la clé d'une hausse de la pratique du rugby à moyen terme? "On montre qu'il n'y a pas que le rugby qui se pratique comme ce que l'on voit à la télévision, mais beaucoup d'autres formes, qui se pratiquent partout", conclut Didier Retière. Reste à convaincre partout sur le territoire, notamment dans les régions encore assez peu adeptes du ballon ovale.

A.Bo