Saint-André : "En une semaine, les joueurs ont déjà progressé"

Philippe, en ce 14 juillet, avez-vous eu un discours spécifique pour motiver vos joueurs ou décupler leur amour du maillot ?
Pour être honnête, non. Aujourd’hui, c’est une grosse journée de travail. On continue sur le travail, le plaisir et la cohésion. Donc c’était vraiment une grosse journée avant de partir demain à Tignes pour notre stage en altitude. On connait l’attachement de nos joueurs au maillot, aux couleurs, à l’identité de notre pays. Je crois que je n’avais pas besoin de rajouter quelque chose aujourd’hui.
Cela fait neuf jours maintenant que vous êtes à Marcoussis pour préparer cette Coupe du monde. Comment ça se passe ?
Pour l’instant, ça se passe très bien. D’abord l’attitude des joueurs, tant au niveau de leur état d’esprit que de l’investissement qu’ils mettent, le travail tous les jours. Ils sont à la limite de leur maximum et ils progressent, ils s’encouragent. Il y a une bonne osmose entre les joueurs. En plus, on peut vraiment bien travailler tant au niveau physique qu’au niveau technique. En plus, on a eu des conditions climatiques fantastiques. Pour l’instant, c’est un début de stage très positif.
Quand on prépare une Coupe du monde, l’aspect humain est-il au moins aussi important que le côté purement sportif ?
Pour nous, oui. Pour nous, Français, je pense que l’humain, l’équipe, la solidarité doivent être vraiment la base de notre aventure. Une Coupe du monde de rugby, c’est d’abord une grande aventure humaine et donc pour nous, c’est vraiment important. Je suis très attaché à ça. Qu’il y ait d’abord un état d’esprit de travail, un état d’esprit d’osmose. On est un sport de combat collectif donc c’est vraiment important qu’on soit un bloc.
Quel programme attend vos joueurs à Tignes ?
Ce stage est vraiment important car au 26 juillet, les joueurs auront quelques jours de récupération. C’est notre bloc très important au niveau physique. Bien sûr, il y aura du physique, il y aura du rugby, quelques balades en montagne. On veut aussi travailler à 3200-3300 mètres d’altitude. C’est important si on veut que nos joueurs soient dans une forme optimale pour le mois de septembre.
En deux mois, la France peut-elle rattraper les nations du Sud globalement mieux préparées physiquement ?
Bien sûr. Après, c’est un secret de Polichinelle. Les nations du Sud et même européennes ont des intersaisons toutes les années et travaillent énormément physiquement. On peut le voir, on peut l’entendre de la bouche des joueurs. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils font une vraie pré-saison depuis 3 ans ou 4 ans parce que le Top 14 est une compétition difficile et très longue. Nos joueurs jouent pratiquement onze mois sur douze. Je crois que c’est important pour nos joueurs de pouvoir progresser, évoluer, mais ce n’est pas que de la préparation physique. On retravaille aussi sur des petits groupes de 12 la technique individuelle, le détail. Je crois sincèrement qu’on a des grands compétiteurs. On a une très belle jeune génération de joueurs qui arrive et je suis sûr qu’avec une belle préparation, on va être capables de rivaliser avec les meilleures nations du monde.
En l’espace d’une semaine, avez-vous déjà le sentiment que l’équipe a progressé ?
Déjà, sur l’état d’esprit, on s’aperçoit vraiment qu’ils sont en train de devenir une équipe parce qu’ils en bavent ensemble. Après, bien sûr, qu’on a fait des tests physiques. On a déjà répété une même séance deux ou trois fois et on peut s’apercevoir qu’entre la première séance et la troisième, il y a une évolution incroyable sur les temps, la réactivité, la vitesse. On s’aperçoit que nos joueurs progressent déjà. Même au niveau de la musculation, on a beaucoup de séances sur le haut et le bas du corps. On a vraiment des joueurs qui évoluent mais après les autres pays travaillent aussi donc pour nous, il faut travailler énormément et être à la limite tous les jours pour pouvoir arriver à un deuxième bloc qui sera plus rugbystique et d’affûtage.
Si vous deviez nous convaincre là, aujourd’hui, que le XV de France va gagner la Coupe du monde, quels arguments avanceriez-vous ?
D’abord, on n’est pas favoris. Et il faut faire attention à l’équipe de France qui est loin d’être favorite. Deuxièmement, on sait que depuis 3 ans-3 ans et demi, ça a été compliqué. Mais pour nous, ce qui était difficile, c’était surtout les fins de premières mi-temps et les fins de deuxième mi-temps parce qu’on manquait un petit peu de ressources. Là, je peux vous assurer qu’avec l’investissement des joueurs, le travail qu’ils font quotidiennement, on sera très pénibles à jouer durant cette Coupe du monde.
Dans un peu plus d’un moi, vous devrez arrêter votre groupe à 31 éléments : vous y pensez déjà ?
Bien sûr que je suis obligé d’y penser. Mais c’est ce que j’ai dit aux joueurs, l’aventure commence à 36 et ça sera l’investissement et la qualité de ce que mettent les joueurs dans le groupe qui fera la réussite. Après, il faudra faire des choix mais ça, c’est mon métier, c’est mon job. Après, vous savez, la préparation est longue, on a encore 3 matches amicaux. On n’est pas à l’abri de blessures mais bon, je ne suis pas le seul sélectionneur dans ce cas. Les Anglais sont 45 actuellement, les Néo-Zélandais sont aussi très nombreux. Toutes les nations se préparent avec 36 à 50 joueurs.
Regrettez-vous ce mode de fonctionnement avec une base aussi large ?
On ne peut pas prendre le risque dans une préparation. Si jamais on a un joueur clé qui se blesse au dernier moment, c’est important qu’un autre joueur connaisse les systèmes, l’organisation et puis surtout l’état d’esprit, qu’il ait travaillé avec les joueurs depuis le début. Donc bien sûr que ça sera des choix difficiles à faire mais bon, je suis là pour les faire. Mais j’ai surtout besoin que les joueurs ne se posent pas de questions, qu’ils donnent le maximum. Et puis, après le deuxième match contre les Anglais (le 21 août, ndlr), on donnera la liste des 31 joueurs ».
Dernière question : en tant que leader de ce XV de France, avez-vous un texte, des mots-clés, des choses que vous répétez à vos joueurs avant cette Coupe du monde ?
Oui, bien sûr. On a des thèmes qui sont importants pour nous. Sur la première semaine, c’était plaisir, travail et osmose. Après, on a d’autres thèmes sur l’aspect sportif, sur les règles de vie et puis surtout sur où on veut aller et comment on veut y aller. Après, vous comprenez que ce message-là, je préfère le garder à l’intérieur du groupe. Ce qui est aussi important, c’est que les joueurs ne subissent pas cette préparation, mais qu’ils soient des acteurs de celle-ci. On dit souvent que si on travaille beaucoup, la chance viendra de notre côté. Donc on va tout faire pour que la chance soit de notre côté durant cette Coupe du monde.