Australie-France, les ambitions de Carbonel: "Montrer au staff qu’il peut avoir confiance en moi"

Louis Carbonel, vous serez titulaire mercredi pour ce premier match entre l’Australie et la France. Comment l’abordez-vous ?
C’est toujours un honneur de jouer pour l’équipe de France, surtout comme titulaire. C’est vrai que je suis très content de pouvoir débuter. Pour moi, cela représente beaucoup d’entraînements et de sacrifices aussi. Toute l’année, on se remotive sur les échéances en Top 14 et on essaie de faire les meilleures performances possibles pour se donner la chance de jouer au niveau international.
Vous n’avez encore jamais connu ça avec les Bleus…
Ce sera effectivement ma première titularisation. Lorsque les coachs me l’ont annoncée, j’ai ressenti beaucoup de fierté. Chaque joueur aura son opportunité sur cette tournée. Pour moi, je veux montrer aux entraîneurs les qualités que j’ai avec Toulon tout au long de la saison. Je veux leur montrer qu’ils peuvent avoir confiance en moi.
Avez-vous le sentiment de ne pas l’avoir fait suffisamment en équipe de France ?
Des choix ont été faits et il faut les respecter. Nous avons la chance d’avoir de très bons joueurs à ce poste-là (demi d'ouverture). J’ai eu des opportunités mais celle-ci est un peu plus grande que les autres. Je vais essayer de faire un bon match, avec l’équipe puisque sur les tournées précédentes c’était compliqué.
Comment avez-vous vécu la concurrence avec Romain Ntamack et Matthieu Jalibert ces derniers mois ? Avez-vous ressenti de la frustration ?
Quand tu es compétiteur, tu es forcément frustré de les regarder jouer des tribunes. Mais c’est le jeu. Il faut essayer de ne pas perdre confiance et de continuer à jouer comme je sais le faire d’habitude. C’est plus facile à dire qu’à faire.
Vous n’avez plus porté le maillot du XV de France depuis cette fin de match compliquée à Rome (le 6 février), durant le Tournoi des VI Nations. Pensez-vous avoir perdu des points sur ce match ?
Oui, j’étais un peu entre deux... Je me suis posé un peu trop de questions alors que j’ai plutôt un profil à l’instinct. C’est peut-être ce qui m’a fait défaut ce jour-là. Mais d’un autre côté, c’est super car j’ai beaucoup appris et ça m’a permis de gagner du temps.
"Comprendre pourquoi j’avais fait des choses qui ne me ressemblent pas trop"
Vous vous étiez mis trop de stress ?
Quand tu as moins de temps de jeu et que tu veux trop bien faire, parfois ça te fait déjouer. J’ai voulu faire plein de choses en même temps alors qu’au niveau international, il faut les faire bien, vite et simplement. J’ai appris. Quand on fait des erreurs, on essaie de comprendre pourquoi on les a faites et pourquoi j’avais fait des choses qui ne me ressemblent pas trop. J’en ai parlé avec mon entourage.
Quel avait été alors le discours du staff ?
Ils ne m’ont pas trop parlé à ce sujet. Mais je n’avais pas besoin d’entendre de discours, je sais très bien moi-même ce que je fais de bien ou de mal. J’espérais avoir ma chance un peu plus tard (dans le Tournoi), je ne l’ai pas eue, ce n’est pas grave. Je l’ai maintenant sur cette tournée.
Vous sentez-vous plus libéré et plus zen aujourd’hui ?
Oui, je suis Louis Carbonel et on va voir. (Sourire)
Et comment est le vrai Louis Carbonel ?
Il est souriant. Il va bien et il aime jouer au rugby. Cette tournée à l’autre bout du monde est excitante. Nous sommes dans un pays très sympa même si nous n’avons pas vu grand-chose après quatorze jours passés à l’hôtel. L’Australie m’a toujours attiré, surtout pour y jouer avec l’équipe de France. Nous avons une équipe jeune, avec peu d’expérience, et nous avons tous envie de ne pas prendre un gros score et de se louper, même si beaucoup de gens pensent qu’on va prendre une raclée. Nous, on se dit de ne pas lâcher et on veut tout donner pour l’équipe et le pays. Il faut voir cette tournée comme une opportunité. C’est mieux de créer la surprise quand personne ne t’attend que de faire des malheureux, comme l’équipe de France de foot à l’Euro. (Rires)
Avec la Coupe du monde 2023 dans un coin de votre tête ?
Non, je n’y pense pas trop. Je veux me concentrer sur cette tournée.
Après la fin de saison ratée du RCT, cette tournée est-elle aussi une bouffée d’oxygène ?
C’est vrai que j’étais très déçu après la non-qualification de mon club pour les phases finales. Cette tournée me donne un peu de baume au cœur après cette fin de saison très dure. On y a cru jusqu’à cette terrible désillusion. Cette tournée égaye un peu mon été.
Avec cette déception en club et votre frustration du Tournoi, peut-on dire que vous avez les crocs ?
J’ai tout le temps les crocs, que ce soit à Toulon ou en équipe de France. J’ai toujours envie de gagner.
Echangez-vous beaucoup avec Baptiste Couilloud, votre partenaire pour la charnière ?
Oui, on discute pas mal sur le terrain pour avoir des repères et on a affiné deux ou trois petites choses. On parle aussi beaucoup à la coinche, car ça chambre pas mal. (Rires) On y a beaucoup joué car il fallait s’occuper durant cette quatorzaine.
Quel regard portez-vous sur votre homologue australien, Noah Lolesio ?
Je le connais et j’ai joué une fois contre lui en finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans (en 2019). D’après mes souvenirs, il jouait 12. C’est vraiment un bon joueur qui aime attaquer la ligne. Nous avons un peu le même profil.